L'annonce de la réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold n'est pas passée inaperçue ce dimanche 26 juin 2022. Contrairement à l'arrêt total de la centrale nucléaire de Cattenom. C'est pourtant la première fois de son histoire. Ces deux situations sont liées. Elles sont, pour certains, le signe d'une crise énergétique sans précédent.
Depuis le 25 mai 2022, la centrale nucléaire de Cattenom ne produit plus d’électricité. Ses 4 tranches sont à l’arrêt en raison de travaux programmés et surtout d’opérations inopinées de contrôle et de maintenance. Une situation inédite qui n’affole pas Bernard Zenner, le maire de Cattenom :"Aujourd’hui, 29 tranches sur le réseau fournissent 75% de l’énergie dont les français ont besoin. On est en été et en été, la consommation électrique est deux fois moins importante qu’en hiver. EDF fait donc aujourd’hui la maintenance sur ces réacteurs pour que tous soient opérationnels l’hiver prochain". Car avec la guerre en Ukraine et la baisse des approvisionnements russes, la période s’annonce critique. "Si les températures descendent au-delà de -15 degrés, on aura du mal à produire et on devra forcement importer du courant électrique de l’étranger !"
Un manque d'anticipation
Mais le marché de l'énergie est tendu alors pour pouvoir continuer à alimenter les français et éviter la pénurie, le gouvernement rétropédale et s’assoit sur ces engagements écologiques. Fermée en mars 2022 car jugée trop polluante, la centrale à charbon Emile Huchet de Saint-Avold, devrait reprendre son activité en octobre 2022. "On a la chance d’avoir encore une centrale à charbon qui peut redémarrer. Dans le sud de la France, ce n’est plus possible car on a commencé à démanteler donc on risque de se retrouver dans l’impasse. L’Allemagne va être capable de redémarrer bien plus vite que nous les centrales à charbon qu’elle a fermées il y a 3 ans. Tout a été prévu pour un redémarrage éventuel. Nous, on a fermé il y a seulement 3 mois".
On va vivre une situation inédite et impensable il y a encore quelques mois
Jean-Pierre Damm, délégué syndical FO de la centrale Emile Huchet
Jean-Pierre Damm, le délégué syndical Force Ouvrière de la centrale Emile Huchet, dénonce un manque d’anticipation. "L’Etat n’a pas prévu les outils pour répondre à une demande qui va être de plus en plus forte avec les voitures et les data centers qui vont être très énergivores. On va vivre une situation inédite et impensable il y a encore quelques mois. On risque de se retrouver avec un black-out !"
Une ineptie
"Une situation bizarre, paradoxale mais prévisible" selon François Drapier, membre du réseau Sortons du nucléaire Moselle. "On manque d’électricité, on nous demande de faire des économies et en même temps, on arrête les moteurs diesel et essence au profit des véhicules électriques, c’est complétement aberrant. Il faut repenser entièrement notre modèle énergétique. Sinon, on va dans le mur !"