Profession restauratrice d'oeuvres d'art à Metz: les dessous d'un métier méconnu

A Metz, Aurélie Briot côtoie depuis quinze ans des peintures, sans pour autant être peintre. Dans son atelier, elle restaure chaque jour des toiles dégradées par le temps. 

C’est sans doute lors d’une sortie scolaire qu’Aurélie Briot s’est prise de passion pour la restauration d’œuvres d’art. "Nous sommes allés voir une pièce de théâtre avec le collège, j’ai levé la tête, et j’ai dit à mon professeur: «Un jour, je restaurerai le plafond»", se souvient-elle. 

Dans son atelier, rue Maurice Barrès à Metz, la restauratrice œuvre depuis 2005 pour donner un second souffle à ces tableaux ou peintures murales qui vieillissent mal. Diplômée d’un master restaurateur du patrimoine, spécialité peinture, Aurélie Briot a également en sa possession une habilitation musées de France et monuments historiques, ce qui lui permet de restaurer des œuvres provenant de collections de musées. A trente-six ans, la jeune femme a vu passer des centaines voire des milliers de peintures dans son atelier. 

Lorsqu’on lui demande pourquoi elle aime ce métier, elle réfléchit: "Je ne sais pas trop… Il y a un truc qui nous tient malgré nous." Restaurateur d’œuvres d’art est un métier qui s’est professionnalisé au fil des siècles. "Avant, c’était des peintres qui reprenaient les peintures d’autres artistes. Ils se permettaient des choses avec plus ou moins de respect pour l’œuvre ", explique Aurélie Briot. En fonction des époques, les restaurateurs vont remettre au goût du jour certaines peintures, en changeant la physionomie d’un visage, ou bien la forme de la toile.  
 



Pour obtenir le meilleur résultat sur une œuvre dégradée, la restauratrice ne travaille jamais seule. Elle prend en compte l’avis des conservateurs qui cherchent préalablement dans les archives, pour savoir si des retouches ont déjà été faites auparavant. "Parfois, un tableau a été peint sur trois ou quatre époques différentes", explique-t-elle.

Il en va de même pour les particuliers. Aurélie Briot propose toujours à ses clients plusieurs options. La majeure partie du temps, ils décident de revenir à l’œuvre original.


Un métier réservé aux professionnels

Il n’est pas rare de lire régulièrement des histoires loufoques, concernant des amateurs qui se prennent pour des restaurateurs et qui peignent des œuvres vieilles de plusieurs siècles comme bon leur semble. "Dans le village de mes parents, une dame a repeint la Vierge... Elle lui a mis du vernis à ongle et du rouge à lèvres", s’exclame Aurélie Briot. L’amateurisme est un réel problème pour la restauratrice. Selon elle, le public n’est pas assez informé sur ce métier de l’ombre.

Spécialisée de restauration de peinture sur chevalet, Aurélie Briot vient également au secours des peintures murales qu’on peut retrouver dans les édifices religieux. "Ce qui est le plus fort, c’est que parfois on découvre des peintures, sous les peintures. Au Moyen Age, on recouvrait parfois les peintures de badigeon [un mélange de chaux, d’eau et de pigment, ndlr]" .
 

Restaurer des oeuvres vieilles de plusieurs siècles ne la laisse pas indifférente. "C’est avec beaucoup d’humilité que l’on peint. Il faut tout consolider et on respecte la peinture. Parfois, il s’agit seulement de quelques points qui permettent de donner du relief."

Aurélie Briot a déjà restauré des œuvres de grand peintres, mais ce n’est pas ce qui lui fait aimer son métier. "Ce que je préfère, c’est quand il y a un challenge, c’est très stimulant lorsqu’un tableau est très abimé et que je le restaure", explique-t-elle fièrement.


Un procédé minutieux

Lors de notre visite, deux tableaux, datant du XIXe siècle, représentant le portrait d’un homme et d’une femme, siègent dans son atelier. La restauratrice prend d'abord la toile de la jeune femme, pour l'inspecter. Monsieur attendra. Sous une grosse lumière artificielle, qui est censée représenter la lumière du jour, Aurélie Briot prend place.

Elle procède d’abord à la conservation des tableaux. Elle vérifie l’état sanitaire de l’œuvre, refixe les écailles de peintures, regarde si la toile est bien tendue. Puis, munie d’un bâtonnet, elle enroule du coton autour et trempe celui-ci dans un liquide. "C’est une solution avec un pH. En fonction des peintures, le pH est différent", explique-t-elle.  D’un geste sûr et délicat, elle frotte doucement une petite partie de la toile pour s'assurer que la peinture résiste au nettoyage. Elle effectue un décrassage. Petit à petit, la toile aux couleurs fades, commence à retrouver une certaine forme de vie.
 

Puis, Aurélie Briot enfile son masque à gaz, et trempe son coton dans une autre solution, pour enlever le vernis jauni par le temps. Désormais, la peau de la jeune femme peinte sur le tableau redevient de la couleur qu’elle était supposée l’être. "Je pense que le client va être content", se réjouit Aurélie.

La restauration totale d’une telle œuvre peut prendre entre trois et quatre jours. Restaurateur d’œuvre d’art, un métier de l’ombre qui permet de remettre en lumière les peintures de grands et petits artistes.
 
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