Les techniciens de la Fédération départementale des chasseurs de la Moselle sont au service des animaux. L’association est équipée de drones thermiques. Pendant la période de fauchage des champs, elle repère les faons qui n’ont pas le réflexe de s'enfuir et qui sont souvent tués.
L’opération de sauvetage est en marche. Ce jeudi 6 juin 2024, dans un champ de la commune de Rhodes, trois hommes se préparent à trouver des faons. Gaëtan Bouteiller, technicien supérieur à la Fédération départementale des chasseurs de la Moselle fait décoller son drone à caméra thermique. Objectif : sauver les faons cachés dans les champs avant le fauchage.
Des centaines de morts chaque année en Moselle
“La chevrette va avoir comme instinct naturel de mettre bas dans les hautes herbes et manque de pot, ça tombe sur la période de fauche. Tous les ans il y a des centaines, voire des milliers de faons fauchés dans les prairies, au détriment des exploitants agricoles qui ne les voient pas”, explique-t-il. “Les faons sont très difficiles à détecter pour les agriculteurs puisqu’ils vivent sur le mimétisme et donc ils ne bougent pas lorsqu'une faucheuse arrive sur eux, par exemple”, précise Thierry Jung, administrateur à la FDC57.
Justement, ce matin, le drone thermique de Gaëtan Bouteiller vient de repérer un faon. Ni une ni deux, les trois hommes se munissent d’une épuisette pour maîtriser le petit animal. En quelques minutes, Raphaël Wittische, qui participe à l’action pour la première fois et qui fait lui aussi partie de la FDC57, l’attrape : “Quand on le ramasse, on fait très attention. Nous portons des gants que nous allons frotter au préalable avec des végétaux, que nous trouvons près du petit. Lorsqu’on le porte on prend aussi dans nos mains une bonne touffe de végétation”, explique Gaëtan Bouteiller.
Quand le chasseur joue son rôle correctement, ça lui permet de contribuer à l'amélioration de la biodiversité
Thierry JungAdministrateur à la Fédération de chasse de Moselle
Avant de le placer dans une boîte, les spécialistes lui attachent une boucle d’oreille et définissent son sexe. “C’est une femelle, on va l’appeler Pink. La boucle d’oreille c’est comme sa carte d’identité. L’idée avec cela c’est de pouvoir récupérer des données statistiques et donc de pouvoir cartographier des zones à risque pour l’avenir afin d’essayer de sensibiliser les agriculteurs. Ça va aussi nous permettre de mieux connaître les chevreuils, leurs déplacements, leurs mœurs et leurs reproductions”, explique le technicien supérieur. Une fois pucé, le petit faon est placé dans une boîte et sera libéré quelques mètres plus loin, en lieu sûr. Cette fois, Pink est sauvée.
Cette mise en protection des faons est une nouveauté dans la région. “On fait cela depuis l’année dernière, c’est donc la deuxième année. La nouveauté c’est qu’on met la boucle d’oreille à l’animal. Ça donne une belle place à la chasse, dans le domaine de la biodiversité. Quand le chasseur joue son rôle correctement, ça lui permet de contribuer à l'amélioration de la biodiversité et c’est au bénéfice de tout le monde”, souligne Thierry Jung.
La Fédération des chasseurs de Meurthe-et-Moselle a également commencé les opérations de sauvetage cette année. Pour l'occasion, deux techniciens ont été formés à piloter un drone. Ils restent à disposition des agriculteurs et souhaitent développer cette activité.
Une opération gratuite
Financée par l'Organisme français de la biodiversité, l'opération est gratuite pour les agriculteurs. “Ceux qui sont intéressés nous contactent et nous essayons de coordonner la période de fauche et la période de détection des faons”, ajoute-t-il.
La mission de ce matin a été un succès, un faon a été sauvé. La Fédération départementale de chasseurs de la Moselle n’en a pourtant pas terminé. Les techniciens se préparent pour encore quinze jours de sauvetage, à raison de trois actions par jour.