Les parents d'élèves sont inquiets quant à la reprise de l'école, obligatoire pour tous à partir du 22 juin. Le protocole sanitaire, arrivé tardivement, a été allégé et créé beaucoup d'incompréhensions.
Deux jours avant la réouverture générale des établissements scolaires, et la présence obligatoire de tous les élèves, lundi 22 juin 2020, beaucoup de parents sont inquiets. Le protocole sanitaire a été allégé, si bien que la distanciation physique entre les élèves est abandonnée en maternelle, facultative dans les écoles primaires, et remplacée par le port du masque si elle est impossible en collège et lycée. "C'est comme si rien ne s'était passé ces derniers mois, estime la présidente de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) de Moselle, Christelle Caron. "Le virus circule encore. Dans le Grand Est, on a vécu une situation traumatisante, on ne peut pas tout effacer et recommencer comme si de rien n'était."
Le protocole sanitaire présenté jeudi 18 juin 2020 est très souple par rapport à sa précédente version. C'est ce qui a déclenché l'inquiétude chez les parents. "A part le lavage des mains qui est maintenu, on passe de tout à rien", explique Christelle Caron. "Les parents ont l'impression qu'on les prend pour des idiots, la confiance est rompue."
Le retour théorique de l'ensemble des élèves dans la salle de classe va, selon la FCPE, rendre plus difficile l'application des gestes barrières. "Avec huit élèves dans sa classe, un enseignant pouvait être attentif aux gestes barrières", précise Christelle Caron. Les salles de classe, espaces communs et poignées de porte ne seront plus obligatoirement nettoyés pendant la pause de midi, comme c'était le cas jusqu'alors.
Protocole sanitaire au 22 juin 2020 by Michaël Martin on Scribd
Mauvaise communication
Au delà du fond, c'est aussi la forme qui est critiquée pour cette nouvelle phase. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a pris pour habitude, depuis son arrivée en poste, de réserver ses annonces aux médias, sans prévenir en amont ni les chefs d'établissements, ni les rectorats afin qu'ils puissent s'organiser. Le 31 mai 2020 par exemple, il a récidivé en parlant de la rentrée de septembre 2020 sur Konbini.
Le président de la République Emmanuel Macron a procédé de la même manière lors de son allocution dimanche 14 juin 2020, en annonçant la reprise de l'école pour tous les élèves, laissant à la communauté éducative une semaine pour se réorganiser. "Nous aurions du être prévenus avant, pour pouvoir être prêts et répondre aux parents", s'agace Christelle Caron. "Comment peut-on se dire que ça va marcher alors que la communication est mauvaise?"
Christelle Caron a reçu plus de 50 messages dans le quart d'heure qui a suivi l'annonce présidentielle, preuve du désarroi de certains parents. D'autant que beaucoup se sont déjà organisés en amont, d'après le précédent protocole, en fonction de l'absence de cantine et d'accueil périscolaire. "Beaucoup d'enfants sont encore chez les grands-parents", explique Christelle Caron. "Le protocole est arrivé très tardivement, jeudi 18 juin. Et on nous demande de nous adapter, sans prise en compte des situations de chacun."
Lundi 22 juin 2020, pour cette rentrée atypique, les enseignants ne s'attendent pas à voir beaucoup d'élèves dans leur classe.