Témoignage. "J’ai toujours rêvé d’être en colocation" : Augustin, étudiant messin de 23 ans, revendique le partage d'appartement

Publié le Écrit par Emmanuel Bouard

Pour beaucoup d'étudiants lors de la rentrée, la colocation n'est pas forcément un choix mais le seul moyen de se loger pas cher. D’autres en font un mode de vie, faite d’échanges, de partages... et parfois de désillusions. Augustin Hourlier va emménager dans quelques semaines pour sa troisième colocation. L’étudiant messin plébiscite ce type de logement, même s'il aiguise l'appétit des propriétaires.

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À seulement 23 ans, Augustin Hourlier possède déjà une solide expérience de la colocation. Il démarre bientôt à Rennes un Master de journalisme spécialisé dans l’enquête et le reportage. Naturellement il s’est tourné vers ce mode de logement qu’il apprécie depuis tout petit : "j’ai un frère aîné, Simon, qui vit depuis huit ans comme ça. Aujourd’hui il a 32 ans et il n’est plus étudiant mais il continue de partager un appartement à Strasbourg. Du coup j’ai toujours eu une vision cool de ça et j’adorais quand il me parlait de ses colocataires".

Premier déménagement à 500 mètres de chez sa mère

Sa première colocation, Augustin l’a entamée à 19 ans, "avec mon meilleur ami, à Metz, au Sablon. A 500 mètres de chez ma mère ! On avait pris un appartement de trois pièces. On payait chacun 350 euros par mois, c’était une bonne affaire". Partager les coûts, c’est l’objectif des étudiants au budget serré, mais attention "on a moins d’aides au logement qu’en louant un appartement complet… à peine 100 euros par mois ! Donc il faut bien calculer".

A l’issue de sa Licence en sciences de l’environnement, le jeune homme prend la direction d’Angers, pour un service civique d’un an à Radio Campus. Il ne connaît pas la ville, et "comme partout, c’est dur de trouver un appart’". Il passe par une agence, "même si c’est clairement pas dans l’esprit du truc… j’avais pas trop le choix. Résultat, je n’ai jamais vu mon propriétaire. L’appartement n’avait aucun charme, et j’ai découvert mes deux colocataires quand ils sont arrivés, quinze jours après moi. Je me suis rendu compte rapidement que je n’avais pas d’affinités avec eux. Souvent je me suis surpris à m’isoler dans ma chambre, le comble quand on fait ça pour rencontrer des gens !".

La majorité des offres

L’étudiant dénonce là ce qu’il appelle "les colocs de droite : les proprios se rendent compte qu’il est plus intéressant pour eux de diviser l’appartement en louant chaque chambre, du coup les annonces du genre se multiplient. Dans certaines villes, c’est même la majorité des annonces de coloc qui sont gérées par des agences. L’offre a explosé, il y a beaucoup d’argent à se faire. À Angers on m’a clairement dit que le propriétaire avait réduit le salon pour en faire une troisième chambre à louer !". La colocation ne s’improvise pas. Elle est rattachée au code de la location depuis 1989, avec un bail adapté depuis la loi du 24 mars 2014.

Augustin reste attaché au modèle classique, popularisé par le cinéma et les séries américaines : "ceux qui restent choisissent ceux qui vont arriver, en faisant passer des entretiens pour s’assurer que ça colle niveau caractères, goûts, etc." Il revient d’Angers un peu amer, mais il replonge aussitôt. Pour son Master en journalisme à la rentrée prochaine, il va passer deux ans à Rennes : "j’ai trouvé ma coloc sur un site spécialisé. Cette fois ce sont les proprios qui louent directement. J’ai pu échanger avec eux. Je ne vais pas choisir les autres, mais au moins j’ai un vrai contact".

Sa chambre va lui coûter 440 euros par mois. Il devra bosser un peu à côté, comme toujours depuis qu’il est étudiant : "ma mère m’aide, mais j’aime bien gagner mon argent, que je peux dépenser comme je veux". Il continue de voir la colocation comme "le meilleur moyen de découvrir rapidement une ville, et de ne pas se retrouver tout seul. J’aime bien l’idée que quand je vais arriver, je vais pouvoir trouver direct quelqu’un avec qui jouer à la console". Le futur journaliste l’avoue. Il joue encore à la console. Il paraît que c’est comme pour la colocation, il n’y a pas d’âge pour arrêter.

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