Après neuf mois d’audience, les avocats généraux entament ce mercredi 8 juin 2022, leurs réquisitions au procès des attentats de Paris. Le bout du tunnel juridique pour le papa de Marie Lausch, disparue au Bataclan le 13 novembre 2015.
Il ne compte plus les aller-retours à Paris et les longues journées d'audience qui, à chaque fois, le replonge dans sa douleur. Celle de la perte de son enfant unique, Marie, disparue au Bataclan lors de cette nuit d'horreur du 13 novembre 2015.
Depuis l’ouverture du procès, le 8 septembre 2021, Maurice Lausch a assisté à la quasi totalité des débats. Il a entendu les témoignages des accusés, des victimes et de leurs proches. Du 8 au 10 juin 2022, la parole est à l’accusation. Trois jours de réquisitions qui doivent permettre aux représentants du parquet national antiterroriste de démontrer ce qu’ils estiment être les responsabilités du seul membre encore en vie des commandos djihadistes Salah Abdeslam et de 19 coaccusés.
Qu'attendez-vous de ces réquisitions ?
(Maurice Lausch, papa de Marie) Je l'ai déjà dit. Nous n'attendons pas grand-chose du procès en terme de résultats si ce n’est la condamnation des accusés. Là, on juge les deuxièmes ou troisièmes couteaux. Les commanditaires sont tous morts, ou soi-disant morts dans les bombardements en Syrie. Il n'y a donc plus que ceux qui ont participé plus ou moins directement comme Salah Abdeslam. Lui, il faut vraiment qu’il prenne le maximum, qu'il regarde la lumière du jour en levant la tête jusqu’à la fin de sa vie. Qu’il ait la même peine que nous, c’est le minimum qu’on puisse souhaiter et surtout qu’il n’y ai pas de relaxe, que l’incompressibilité soit la plus lourde possible !
Pensez-vous être entendu de la justice ?
Je pense que les avocats des parties civiles ont fait ce qu’il fallait et que l’opinion des juges est déjà faite. Le procès a été super long. On est au 140ème jour, c’est très long ! Et cette émotion qu’il y a dans les procès de cour d’assises, on l’a un peu perdu, vu la longueur du procès. Ceci dit, il faut que l’on parvienne à un jugement à dimension humaine avec une certaine empathie et une certaine émotion. Pour le reste, ça ne nous ramènera ni Marie, ni Mathias et notre peine sera toujours là.
J'ai confiance en la justice !
Maurice Lausch, papa de Marie
Est-ce pour vous le bout du tunnel juridique ?
On est évidemment content que cela se termine. C’est 6 ans après. C’est long 6 ans à attendre ! Le procès a donc une dimension extrêmement forte, extrêmement grande et c’est très anxiogène pour nous. Heureusement, l’association nous porte, ça nous permet de prendre le dessus sur cette détresse et cette angoisse qu’on a à chaque fois qu’on y va.
Si c'était à refaire, vous le referiez ?
Evidemment, c’est la moindre des choses d’être là pour Marie pour Mathias et pour tous les autres. Il faut le faire même si cela remue le couteau dans la plaie. De toute façon, c’est dur tous les jours, qu’on soit à la maison ou dans la salle d'audience. Une maison vide, sans son enfant, c’est dur tous les jours, ça ne change donc pas grand-chose pour nous en terme de difficultés, d’angoisse, de tristesse. On sait que tout ce que les accusés ont dit, c’est du pipeau, que rien n’est vérifiable. On ne croit pas du tout aux remords de dernière minute de Salah Abdeslam. Il fait cela pour tenter d'améliorer sa situation avec le soutien de ses avocats. Mais j'ai confiance en la justice.
Après les réquisitions, la parole sera donnée à la défense à partir du 13 juin. Le verdict est attendu le 29 juin 2022.