Treize membres du groupe paramilitaire survivaliste d’ultra droite "Les Barjols" sont jugés pour association de malfaiteurs terroriste depuis mardi 17 janvier. Parmi eux, des Lorrains originaires de Moselle, Meurthe-et-Moselle et Meuse. Ils auraient voulu attaquer le président de la République en 2018.
Les Barjols sont créés en 2017, à l’initiative de Denis Collinet, 60 ans, sans emploi à l’époque. Le groupe est né "lors d’une réunion d’une dizaine de membres dans un McDonald’s de Thionville" (Moselle), selon le journal Le Monde.
Mais à quel point tous ces projets criminels étaient-ils avancés ? Pas assez en tout cas pour renvoyer le procès en Cour d’assises. Le Parquet a préféré retenir le chef d’association de malfaiteurs terroriste délictuelle. Ainsi, les treize membres du groupuscule d’ultradroite comparaissent depuis mardi 17 janvier 2023 devant le tribunal correctionnel de Paris. Onze hommes et deux femmes, âgés de 26 à 66 ans.
Selon Lucile Collot, avocate de la défense, le dossier reste fragile, bâti sur la "fiction d'un passage à l'action violente" et sur une "caractérisation terroriste totalement abusive".
"Mener une action violente"
Pendant le procès qui s'ouvre, le commando allait-il passer à l’action contre le président en Lorraine ? Emmanuel Macron assiste aux commémorations de l’Armistice, et il visite Les Eparges et Verdun (Meuse). Olivia Ronen, avocate de Jean-Pierre Bouyer explique : "ce qui nous était présenté comme un projet d’attentat sur le président de la République n’est en fait que les prémices du mouvement des “gilets jaunes”".
Jean-Pierre Bouyer, l’ancien bras droit de Denis Collinet, et trois de ses complices, sont arrêtés en Moselle au mois de novembre 2018. A l'époque, Jean-Pierre Bouyer avait parcouru 600 km depuis l’Isère pour venir dans l’est de la France.
Dans la Peugeot 406 de cet ancien garagiste, reconverti en directeur d'exploitation forestière au Gabon en Afrique, les enquêteurs retrouvent un poignard de type "commando" et un gilet militaire. Des armes à feu et des munitions seront également saisies à son domicile.
Ce qui nous était présenté comme un projet d’attentat sur le président de la République n’est en fait que les prémices du mouvement des “gilets jaunes"
Olivia Ronen, avocate de Jean-Pierre Bouyer
Lors d'une garde à vue, il glisse avoir voulu "tuer Macron" et passer à l'action lors d'un "bain de foule", d'utiliser une lame en céramique indétectable. "Il admet que cela a pu être un sujet de discussion mais assure que cela n'a jamais été plus que cela", indique à l'AFP son avocate Olivia Ronen.
Denis Collinet, 63 ans, est le dirigeant de ce collectif adepte de la théorie du "grand remplacement" et de réunions secrètes. L'une d'elles, près de Vigy (Moselle), réunira huit des prévenus et constituera selon les enquêteurs le "point d'orgue" de la préparation d'actions violentes, parmi lesquelles faire "sauter" des mosquées ou tuer le chef de l'Etat.
Denis Collinet est arrêté en mars 2020. Dans leurs conclusions, les magistrats instructeurs précise qu' "Il est établi que les projets d'actions violentes conçus par les membres du groupe des Barjols (...) visaient exclusivement à troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur".
Le tribunal de Paris devrait rendre son jugement le jeudi 2 février.