Au moment où l'inquiétude des salariés de la centrale à charbon Emile Huchet de Carling-Saint-Avold grandit sur la question de la reconversion du site, les candidats aux élections européennes n'ont pas hésité à s'afficher sur place aux côtés des salariés. Tour à tour, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national, François-Xavier Bellamy tête de liste de LR et Marine Tondelier secrétaire nationale des Verts s'y sont rendus. Comme un passage obligé.
Régulièrement présente dans l'actualité nationale ces derniers mois, la centrale à charbon de Carling-Saint-Avold ne pouvait être ignorée par les politiques à l'occasion de la campagne des élections européennes. Ainsi, les têtes de liste Jordan Bardella du Rassemblement national, François-Xavier Bellamy de LR ainsi que la secrétaire nationale des Verts Marine Tondelier ce mercredi 29 mai n'ont pas hésité à passer quelques heures aux côtés des salariés. D'autres pourraient suivre ces prochains jours.
Il s'agit de mettre les projecteurs sur le site c'est indéniable, les utiliser un peu comme porte-voix et comme marche-pied par rapport à tout ce qu'on dit.
Thomas About, délégué syndical CFDT de GazelEnergie
Les organisations syndicales avaient sollicité les principales têtes de liste à se déplacer en Moselle, à l'exception de Jordan Bardella qui est venu à l'invitation de salariés de la centrale en désaccord avec les syndicats. Pour Thomas About délégué syndical CFDT de GazelEnergie, cette venue des hommes et des femmes politiques d'envergure nationale répond à plusieurs enjeux : "Un, il s'agit de mettre les projecteurs sur le site, c'est indéniable, les utiliser un peu comme porte-voix et comme marche pied par rapport à tout ce qu'on dit. Deux, faire venir ces personnes pour qu'elles se rendent bien compte que derrière cette centrale à charbon, il y a des femmes et des hommes qui sont présents avec de l'humain face à un plan social qui se profile. Voilà qui nous sommes, quels sont nos projets, leur faire prendre conscience qu'ils sont peut-être en train de louper quelque chose sur Saint-Avold où les salariés veulent décarboner leur site."
Hayer, la grande absente
Bardella, Bellamy, Tondelier le casting des visiteurs prouve que la centrale de Saint-Avold est un déplacement quasi incontournable pour les candidats aux européennes. Toutefois, vous avez certainement remarqué que la tête de liste de la majorité présidentielle Valérie Hayer - en difficulté dans les sondages - ne s'était pas encore déplacée en Moselle Est, en dépit des invitations lancées par les organisations syndicales. "Valérie Hayer c'était la première que nous avons sollicitée" raconte Thomas About. "Pour l'instant, elle se laisse désirer. Je pense qu'elle est un petit peu coincée entre la politique du gouvernement et quelques craintes également de venir sur site".
"Une visite de Valérie Hayer à la centrale ? Non, pas à ce stade", explique Ludovic Mendes le député Renaissance de Moselle, joint au téléphone. "Je suis en train de voir pour qu'il y ait un déplacement d'un membre de sa liste sur place. Mais la volonté, ce n'est pas de faire comme certains un déplacement politique sur la centrale Émile Huchet, étant donné que nous, on était là avant le 9 juin et qu'on sera là après le 9 juin. On ne compte pas lâcher."
Il faut dire que le contexte est délicat pour le camp présidentiel. Depuis l'intervention télévisée du président de la République en septembre dernier annonçant l'arrêt du charbon à Saint-Avold en 2027 et la conversion de la centrale à la biomasse ainsi que les développements envisagés sur l'hydrogène vert, les salariés, les syndicats et les élus locaux ont exprimé leurs vives inquiétudes face à l'absence de soutien de la part du gouvernement. À tel point qu'à l'issue d'une réunion de crise organisée le vendredi 17 mai 2024 à la centrale, le député Renaissance Ludovic Mendes s'est rendu au ministère de l'Industrie pour évoquer, entre autres, ce dossier avec Roland Lescure. Selon le député mosellan, le ministre de l'Industrie et de l'Énergie s'est montré prudent : "On attend de savoir quels sont les projets les plus fiables économiquement et ceux qui créent le plus d'emplois."
Mais pour l'heure, sur le bureau du ministre, c'est le dossier Ascométal qui est d'actualité.