Poursuite de la grève chez Ascométal : "l'ambiance est mortelle dans l'usine"

Au lendemain de la date limite lundi 27 mai de dépôt des dossiers de reprise, les salariés d'Ascométal étaient réunis en assemblée générale ce mardi matin. À 13h15 ils ont voté massivement pour la poursuite de la grève. L'ambiance est à la morosité.

Les salariés d'Ascométal réunis en assemblée générale ce mardi 28 mai 2024 ont voté massivement pour la poursuite de la grève jusqu'à vendredi midi. Ils souhaitent maintenir la pression avant la décision du tribunal judiciaire de Strasbourg prévue ce jeudi 30 mai à 14h00.

En arrivant ce mardi matin au portier d'Ascométal à Hagondange (Moselle), il était inutile de poser l'habituelle question "comment ça va ?". Les visages fermés en disaient assez long sur l'ambiance morose qui règne sur le site. Ils sont nombreux à se deviser en petits groupes. Certains sont en tenue de ville, d'autres en bleus de travail, le casque sur la tête. Ils attendent le retour des délégués syndicaux en visioconférence avec l'administrateur judiciaire.

L'État dans le viseur des grévistes

Sébastien et Antoine travaillent au laminoir. Ils espèrent toujours que Venete l'unique repreneur, maintienne son offre de reprise, mais sans trop se faire d'illusion : "on n'y croit plus guère. Ça semble bien compromis. Peut-être qu'il y aura un repreneur, mais bon, il faut qu'on en finisse, ça dure depuis six mois".

L'État est dans le viseur, accusé de ne pas avoir assez défendu le dossier. La dureté des mots est à la hauteur du désarroi : " ils sont tous dans leur campagne pour les élections européennes. En fait, ils n'en ont rien à branler, c'est clair et net. Le principal, c'est de ne pas leur faire d'ombre". De la déception au ressentiment, il n'y a qu'un pas que certains franchissent sans hésiter.

L'ambiance est mortelle dans l'usine.

Grégory, agent de maintenance

Selon la CGT, Franck Leroy, le président de la région Grand Est a évoqué le dossier hier, lundi, avec le Premier ministre, Gabriel Attal. Roland Lescure, le ministre chargé de l'Industrie, serait prêt à les recevoir. Yann Amadoro, délégué CGT, reste dubitatif face à ses marques d'attention : "des contacts, on en a plein, on veut des engagements !"

Grégory travaille à la maintenance, il a vingt-quatre ans de maison. Comme beaucoup, il a le sentiment d'être hors du coup, un pion coincé dans une lutte qui le dépasse entre Swiss Steel, qui les a lâchés, Venete l'éventuel repreneur et l'État au cœur des négociations. Cette incertitude permanente le ronge : " j'y pense tout le temps, je n'en dors pas de la nuit". L'usine est complètement à l'arrêt, mais les fours maintenus en chauffe pour permettre une reprise de la production au cas où...

On nous demande de lever le blocage pour rassurer le tribunal. Mais qui nous rassure nous ?

Yann Amadoro, délégué CGT Ascométal Hagondange

Une prolongation de la période d'observation va être demandée au tribunal

À midi, Yann Amadoro, délégué syndical CGT, ouvre l'assemblée générale et joue franc-jeu, un difficile équilibre à trouver pour le militant : tenir un langage de vérité, sans tuer l'espoir : "on n'a pas forcément des bonnes nouvelles à vous annoncer parce qu'il n'y a pas grand-chose qui a avancé. Il y a eu beaucoup d'échanges à plusieurs niveaux, mais il ne faut pas attendre de miracle". Seule véritable information parvenue jusqu'aux organisations syndicales : l'administrateur judiciaire va demander jeudi au tribunal judiciaire de renouveler la période d'observation afin de laisser encore le temps pour trouver une issue positive.

Les salariés prennent froidement acte de cette information :"une prolongation ? Pour quoi faire ? On est à vendre depuis des mois ! S’il y avait des candidats à la reprise, ça se saurait !". Selon nos informations, Saarestahl aurait été de nouveau approché, bien que le sidérurgiste sarrois n'ait pas donné suite à une première sollicitation. Le seul repreneur connu à ce jour reste l'italien Venete, lequel refuse de payer les onze millions d'euros pour la dépollution du site mosellan.

Une réunion est prévue mercredi avec les avocats de l'aciériste transalpin, mais une source proche du dossier se demande s'il ne cherche pas, en accumulant les exigences, un moyen pour se désengager. Pour autant, la porte n'est pas définitivement fermée. C'est en tout cas ce que veulent encore croire les syndicats. Les représentants de l'État assurent qu'ils défendent toujours le dossier. 

Un plan de sauvegarde de l'emploi en cas de liquidation

Lucides, les syndicats préparent les esprits à l'éventualité de la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en cas de liquidation de l'entreprise.

De son côté, l'administrateur judiciaire a demandé aux organisations syndicales de lever le blocage afin de ne pas compromettre les chances d'une éventuelle reprise de l'entreprise lors de l'audience de jeudi, ce que les salariés ont massivement refusé en votant la poursuite de la grève. 

Les salariés envisagent aussi des actions en dehors de l'usine pour se faire entendre et obliger l'État à s'engager plus dans le règlement du dossier. Un CSE est prévu mercredi 29 mai à Paris pour donner un avis sur l'offre de reprise de Venete. Les représentants syndicaux annoncent d’ores et déjà que le climat sera tendu. 

 

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