Au service des urgences de l’hôpital de Sarreguemines (Moselle), le personnel est à bout de souffle. L'établissement est confronté à la fois aux épidémies hivernales mais aussi au manque de personnel.
"En grève", peut-on lire dans le dos du personnel soignant du service des urgences de Sarreguemines. Lits dans le couloir, attente de plusieurs heures, une situation devenue trop régulière pour le personnel soignant, qui tire la sonnette d’alarme.
"Je suis finalement devenu un prestataire et on se demande à quoi servent nos dix ans de formation. On ne fait plus de la médecine, que du bed management (Gestion des lits, NDLR), se désolé Romain Gravier, praticien hospitalier aux urgences.
Le matin, quand on arrive et qu’il y a déjà 25 patients sur le plateau, on passe la matinée à essayer de gérer et voir comment on va hospitaliser nos patients, plutôt qu’à faire de la médecine. Ce n’est pas ce qu’on m’avait vendu en première année."
"Il faut qu'il y ait un sursaut"
La situation est la même sur tout le territoire. De nombreux services des urgences sont en grève, partout en France. En cause, la politique de suppression de lit et le manque d’effectif pour prendre en charge dignement les patients.
"Il faut vraiment qu’il y ait un sursaut, un réveil et une écoute des professionnels de terrain et qu’on arrête de culpabiliser les personnes qui viennent aux urgences. S’ils viennent, c’est qu’ils n’ont aucun moyen d’aller ailleurs, ils n’arrivent plus à joindre de médecin traitant, à se soigner. La solution, ce n'est pas de dire aux gens de ne pas aller aux urgences pour ménager la force des urgences", déclare remontée Emmanuelle Seris, cheffe des urgences des hôpitaux de Sarreguemines.
Officiellement les urgences de Sarreguemines sont en grève depuis trois ans et demi. Cette fois-ci, ils durcissent leur mouvement et ne prennent plus en charge que les urgences vitales. Le personnel pointe du doigt le gouvernement, qu’il accuse de ne pas prendre en compte leurs revendications.
Soulager les équipes
La direction, quant à elle, fait ce qu’elle peut pour les soulager.
"Il y a une partie des choses qui peut être fait en local, c’est ce qu’on fait. On essaie de faire tout ce qui est possible pour trouver du personnel supplémentaire pour passer ces fêtes, mais plus largement être en capacité de soutenir notre système de santé", explique François Gasparina, directeur des hôpitaux de Sarreguemines.
En cas d’urgence, le personnel recommande d’abord d’appeler le 15, avant de se rendre à l'hôpital.
L’établissement de Sarreguemines n’est évidemment pas le seul à être dans une situation difficile. Les hôpitaux sont globalement sous tension dans notre région. L’ARS appelle d’ailleurs au volontariat des personnels de santé en renfort. Etudiants et retraités peuvent aussi venir apporter leur soutien en cette période de forte activité.