La centrale lorraine bénéficie d'un ouvrage unique en France : le lac artificiel du Mirgenbach. Mis en place lors de la construction du site nucléaire, cette réserve est utilisée en cas d'impossibilité de pompage dans la Moselle.
C'est une question qui revient souvent durant l'été : comment assurer le refroidissement des centrales nucléaire par temps de sécheresse ? Alors que les fleuves et rivières arrivent à leurs niveaux d'étiages, l'alimentation en eau fait partie des préoccupations des sites de production d'énergie.
À Cattenom, en Moselle, le site de production nucléaire bénéficie d'une installation unique en France pour garantir cette alimentation en eau.
"Seule Cattenom a une source froide de sûreté de ce type-là" explique Jérôme Le Saint, directeur de la Centrale. "Cette réserve a été construite en même tant que la centrale pour apporter toute l’eau nécessaire permettant de gérer la sûreté de la centrale sur plusieurs dizaines de jours".
Lorsque les quatre réacteurs de Cattenom fonctionnent, EDF prélève 3 m3 par seconde dans la Moselle.
Mais que se passent-il si le débit est insuffisant ? Jérôme Le Saint explique : "La centrale est située à 3 km de la Moselle, et cette situation a été prise en compte en mettant en place cette source froide de sûreté (le lac du Mirgenbach) qui nous permet d’avoir un palliatif si jamais il n’était plus possible de pomper dans la Moselle"
191 millions de m3 d'eau
Le débit de la Moselle, sa température et son PH sont scrutés en permanence depuis la salle de commande de la tranche numéro 1.
"On surveille tous les paramètres en permanence 24 heures sur 24 sept jours sur sept. On a des suivis qui sont faits en local, des suivis qui sont faits en salle de commande pour identifier s’il y avait un quelconque défaut" explique Christophe Charf, chef d’exploitation à la centrale de Cattenom.
En 2022 la centrale nucléaire de Cattenom a prélevé 191 millions de m3 d'eau pour son fonctionnement.
"Cette eau est utilisée principalement pour le refroidissement des condenseurs en salle des machines, mais on l’utilise également pour alimenter tous les systèmes qui requièrent de l’eau pour fonctionner, et dans ce cas-là avant d’utiliser cette eau elle est traitée dans une station de déminéralisation" précise François Kollen, ingénieur environnement.
Des prélèvements qui sont stables d'une année sur l'autre. Ils sont inhérents à la capacité des pompes installées sur la Moselle.
"On fonctionne par paire de réacteurs" explique François Kollen. "Les réacteurs un et deux forment la première paire et les réacteurs trois et quatre forment la seconde. Pour chaque paire de réacteurs on a un système de deux pompes qui permettent d’alimenter en eau de refroidissement la centrale. On a une pompe sur ces deux qui fonctionne, et l’autre qui est en secours. Cette pompe assure un débit de 4,4 mètres cubes par seconde".
77% de l'eau restituée au milieu naturel
Il existe deux types d'alimentation en eau des centrales nucléaires françaises. Une alimentation dite ouverte, où l'eau prélevée est refroidie avant d'être rendue au milieu naturel, et une alimentation dite fermée ce qui est le cas à Cattenom.
"Il faut savoir que ce que l'on prélève est entièrement restitué au milieu naturel à plus de 77 %, en l'occurrence dans la Moselle. Le reste, c’est ce qui est perdu par évaporation dans les tours Aéro réfrigérantes. Ça représente 3 mètres cubes par seconde dans le cas où les quatre réacteurs sont en fonctionnement" précise François Kollen.
Prévoir l'avenir avec le réchauffement climatique
Depuis la canicule de 2003, EDF établit des prévisions pour faire tourner ses installations avec moins d'eau.
"Nous avons mis en place un certain nombre de matériels supplémentaires pour pouvoir refroidir, l’installation, les cartes électroniques en particulier, et nous faisons des prévisions également " explique le directeur de la centrale.
"Cet hiver, nous avons fait le nécessaire pour essayer de remplir au maximum un autre réservoir qui nous est dédié dans les Vosges, le lac de Pierre Percée, qui nous permet lui de compenser la vapeur d’eau que nous émettons en produisant. Et ces études-là nous les poursuivons pour disposer du volume d’eau nécessaire en temps et en heure ".
Le nucléaire et le troisième consommateur d’eau en France après les agriculteurs et après la consommation d’eau potable.