Six nouvelles micro-crèches multilingues doivent ouvrir en Moselle. Les parents de jeunes enfants semblent adhérer à un concept plus répandu en Europe qu'en France. Le réseau Lily et Pablo qui porte ces projets espère devenir leader dans l'hexagone.
"Apple, banana, sausage", des mots anglais dans la bouche des auxiliaires de la crèche Lily et Pablo Les Renardeaux de Terville (Moselle). Ici rien d'inhabituel au contraire, chaque jour le personnel de cette micro-crèche multilingue, montre des images et prononce des mots en anglais, espagnol, allemand et même italien aux enfants qui sont immergés dans ces différentes musicalités de langues dès leur plus jeune âge.
Nous sommes dans une région frontalière avec le Luxembourg, l'Allemagne et la Belgique et nous avons besoin des langues pour l'avenir de nos enfants
Julien Jacques, papa de Fabio deux ans et demi
"Les enfants peuvent commencer une activité en anglais et la finir en espagnol, cela ne leur pose pas de problème, ça ne les embrouille pas. Avant sept ans, leur cerveau est totalement perméable aux langues, ils peuvent en apprendre jusqu'à cinq simultanément, ce sont de vrais éponges. Ce n'est qu'après, qu'une petite partie du cerveau se ferme et qu'il devient plus difficile d'apprendre, ça n'est pas moi qui le dit, ce sont des scientifiques" nous explique Sonia Muller, la première à avoir ouvert une micro-crèche trilingue en Moselle à Terville tout près de cette autre structure flambant neuve.
"Dans nos crèches tout passe par le jeu, il n'y pas de cours, pas de traduction, ni d'explications, tout se fait naturellement".
"C'est vrai, les enfants peuvent apprendre de nombreuses langues dés leur plus jeune âge, sans que cela ne les empêche d'apprendre leur langue maternelle. Il y a des âges où cela devient plus difficile et c'est notamment le cas à sept ans" nous confirme l'enseignante chercheuse en linguistique à l'Université de Lorraine Dominique Macaire.
Julien Jacques est l'heureux papa de Fabio, deux ans et demi, accueilli dans la crèche multilingue de Terville : "pour nous, avoir la possibilité d'inscrire notre fils dans une crèche comme celle-là c'était l'idéal. Nous sommes dans une région frontalière avec le Luxembourg, l'Allemagne et la Belgique et nous avons besoin des langues, l'anglais bien sûr mais aussi l'allemand. C'est une chance pour mon fils pour plus tard, ses études, ses voyages, et nous baignons déjà dans les langues à la maison avec l'italien, c'est un peu la continuité".
Ce bénéfice acquis dans la prime enfance va-t-il servir pour la suite de l'apprentissage des langues, la France restant à la peine sur ces questions par rapport à ses voisins européens.
Pour Christine Valentinj, aujourd'hui directrice d'une crèche trilingue Hola Baby à Valleroy, la réponse est oui : "mon fils a eu la chance de passer trois ans dans une crèche trilingue et aujourd'hui, il a plus de facilité pour continuer à apprendre les langues étrangères. Quant à moi, j'ai tellement adhéré au concept que je me suis formée pour me lancer à mon tour dans l'aventure".
Un réseau en construction
Il existe actuellement huit micro-crèches Lily & Pablo dans le Grand Est, à Niederschaeffolsheim, Gries, Besançon, Terville, Ennery et Marange. Six nouvelles structures vont prochainement ouvrir à Marange, Thionville, Guentrange, Montigny-lès-Metz et Audun-le-Tiche.
Nous espérons devenir la référence des crèches multilingues en France
Stanislas Lavorel, PDG de Lily et Pablo
Ce qui est en train de devenir une franchise est né de l’association entre la fondatrice du groupe de micro-crèches Trilingues Hola Baby, Sonia Muller et Stanislas Lavorel, fondateur de Lavorel Kids & Education spécialisé dans l’accueil de jeunes enfants en France, en Allemagne, en Suisse et auparavant au Luxembourg.
"Après notre développement dans le Grand Est où l'attention à ce type de projet est très forte avec la proximité des frontières, nous espérons nous développer dans d'autres régions et devenir la référence des crèches multilingues en France" nous explique Stanislas Lavorel.
Ces microstructures ne peuvent accueillir plus de douze enfants et le prix est globalement plus cher que dans une crèche classique. Des prestations plutôt haut de gamme l'explique : en plus "du plus des langues", l'alimentation est bio et les enfants portent des couches lavables.
L'entreprise recrute des auxiliaires de crèche bilingues ou trilingues, un projet de centre de formation spécifique est en réflexion pour avoir du personnel qualifié : "il ne suffit pas d'avoir quelques bases, il faut vraiment savoir parler parfaitement dans d'autres langues" conclue Sonia Muller qui avait elle-même fait des études de langues avant de se lancer dans une aventure qui semble connaitre un certain succès.