Trouble d'accumulation compulsive ou appât du gain ? Un ancien postier a été condamné mardi 3 mars 2015 à Thionville (Moselle) à six mois de prison avec sursis pour avoir volé pendant des années plus de 13.000 courriers, qu'il gardait secrètement dans son grenier.
Le tribunal de Thionville (Moselle) a condamné mardi 3 mars 2015 un ancien postier à six mois de prison avec sursis pour avoir volé pendant des années des milliers de courriers, qu'il gardait secrètement dans son grenier.
Le retraité de 62 ans a également été condamné à verser quelque 4.000 euros de dommages et intérêts à La Poste, pour préjudice moral et préjudice matériel, l'entreprise ayant pris en charge les frais de réexpédition de tous les plis retrouvés, les plus anciens datant de 2001.
Plus de 550 clients s'estimant lésés s'étaient constitués parties civiles. Mais le tribunal a ordonné des dommages et intérêts pour seulement une poignée d'entre eux, au titre d'un préjudice moral, pour environ 900 euros au total.
Après plusieurs années de suspicion, le facteur indélicat, affecté dans un centre de tri postal en Moselle, avait été pris en flagrant délit en 2011. Il avait mordu à l'hameçon d'une lettre piégée par La Poste, qui contenait de la poudre tachant les mains et les habits. Il avait été aussitôt mis à pied et licencié peu après pour faute grave.
Les gendarmes avaient découvert dans son grenier l'étendue de son "butin": 13.694 plis, dont plus de 6.000 cartes postales. Certaines lettres n'avaient même jamais été ouvertes.
"Il agissait par une espèce de pulsiont, victime d'un possible trouble de l'accumulation compulsive, la syllogomanie. Il avait raconté aux gendarmes qu'il était attiré par la couleur ou le format de certains courriers, comme une pie par quelque chose qui brille. Si c'était uniquement pour voler de l'argent, il aurait tout ouvert, et surtout, il se serait débarrassé des courriers. Et puis il n'y aurait pas eu toutes ces cartes postales, qui lui auraient servi à voyager par procuration." Me David Jeanmaire, avocat du facteur.
"Son comportement était un peu curieux", a concédé l'avocate de La Poste Me Sandrine Crucy. Mais il y avait aussi une "finalité matérielle", car certains plis volés contenaient de l'argent, dont il avait reconnu s'être servi pour payer des pleins d'essence.
Depuis 1790, les facteurs prêtent serment de respecter scrupuleusement l'intégrité des objets et le secret des correspondances.