Munchhausen: Elise et Yves sont sur un bateau...

Ce pourrait être le début d'une blague pas très drôle mais Elise Vogel et Yves Gabel nous ont effectivement emmenés en bateau, en barque à fond plat plus exactement, lors des grands froids, pour nous faire découvrir la réserve naturelle de Munchhausen figée par le gel. 

Elle est arrivée en avance à notre rendez-vous, deux pagaies sous le bras. Le vent du nord s'était levé et soufflait fort, un bon -10 ressenti. "Je ne sais pas si on va pouvoir naviguer par ce temps", me confie Elise Vogel. Déconfite, je nous voyais déjà remballer notre matériel de tournage et revenir sur Strasbourg, sans une seule image. Arrive, Yves Gabel, jeune adjoint au maire de la commune. "Mais si Elise, on va y aller! On va se mettre dans les bras morts du Rhin abrités du vent". Et nous voila partis. Elise Vogel, 71 ans, sur une de ses barques et Yves Gabel dans la sienne. Mais quelle idée d'aller sur l'eau par un temps pareil!

Mais quelques centaines de mètres plus loin, abrités du vent dans une saulaie, sous un franc soleil d'hiver, tout l'équipage prend un plaisir visible à filer sur l'eau. Elise nous raconte son enfance à Munchhausen, la grande crue de 1955 durant laquelle il a fallu évacuer tout le village du bas et se réfugier en hauteur. Certains habitants avaient fixé leur barque à fond plat devant leur porte pour pouvoir évacuer au dernier moment. Elise n'avait alors que 5 ans mais la peur de l'eau a laissé des traces. Ces évènements ne l'ont par contre en rien empêchée de se passionner pour le delta de la Sauer, cette zone inondée plusieurs mois par an sous l'effet conjugué de la fonte des glaces et des fortes pluies. Par hautes eaux, quand le Rhin renvoie la Sauer dans son lit, les niveaux d'eau augmentent de plusieurs mètres. Si la construction d'un barrage le long des digues du Rhin en 1991 a permis d'éviter des inondations catastrophiques pour le village, la montée des eaux dans le delta n'en est pas moins spectaculaire.

Ces jours-ci, l'eau a submergé certains chemins, des prairies entières. L'eau redessine le paysage et ne laisse plus émerger que quelques îles. Elise nous raconte:"Jusqu'à mes 20 ans, j'aidais mon père à rentrer le bois en barque à fond plat. Nous allions sur une île et stockions le bois sur la barque. Elle pouvait transporter jusqu'à un stère!". Aujourd'hui, elle ne sort sa barque que pour faire une promenade, peindre sur l'eau avec une amie ou célébrer la fête patronale.

Le grand oncle d'Yves Gabel était un des derniers pêcheurs professionels du delta. Yves a d'ailleurs gardé cette passion pour la pêche. Sa barque lui sert pour ses parties de pêche et les promenades avec les enfants. Elise et Yves ont les yeux qui pétillent quand ils parlent de cette réserve naturelle, classée par en 1997.

Quand nous approchons de l'embouchure de la Sauer, les choses se corsent. Elise a préféré faire demi-tour. Yves sort un petit moteur électrique pour avancer. Le vent de face, la barque qui s'agite, le Rhin au loin et son courant fort presqu'effrayant, les péniches qui passent, énormes. Yves nous raconte comment, dans le temps, ces petites embarcations en bois traversaient le courant pour se rendre sur l'autre rive du Rhin faire du bois ou chercher du foin, des barques souvent manoeuvrées par des femmes. On comprend mieux la témérité d'Elise et son caractère bien trempé. A Munchhausen, l'eau a forgé les caractères. Nous faisons demi-tour. Un thé chaud préparé par Mme le maire nous attend sur le quai.

 

 

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