Elles peuvent donner l’impression de faire de la figuration mais les "petites listes" revendiquent plus que jamais leur présence au nom du pluralisme même si elles sont malmenées dans les sondages. Illustrations avec F. Hervé (Nancy), E. Lebeau, B. Agamenonne (Metz) et PJ Robinot (Epinal).

Ce sont des listes abonnées aux rendez-vous électoraux. Et aux municipales, des listes comme celles de Lutte Ouvrière n’ont jamais trop de difficultés à se constituer. Problème, elles ne recueillent guère de suffrages. A Metz par exemple, lors des dernières élections municipales de 2014, trois listes d’extrême gauche avaient même réussi à se présenter. Mais à elles trois, elles n’avaient réussi à cumuler qu’un peu plus de 5%. Trop peu pour pouvoir peser sur le débat local. Pour ces listes, l’objectif est souvent, à travers ces scrutins, de s’offrir une tribune contre la politique des différents gouvernements.

Souvent qualifiés, à tort ou à raison, de "petites listes", le phénomène englobe dorénavant les listes dites "citoyennes". Des listes indépendantes, sans le soutien des partis classiques. Un phénomène qui a tendance à s’accélérer. De nombreux collectifs n’hésitent plus à se présenter aux élections municipales au nom de "l’urgence écologique et sociale", associée à "l’absence de renouvellement des politiques". mais pas seulement.

Je suis la seule compétitrice par rapport à ce faux choix qu’on veut nous imposer entre Laurent Hénart et Mathieu Klein
-Françoise Hervé
A Nancy, elle fait figure de précurseur en la matière. Parfois clivante mais respectée dans l’ensemble par de nombreux Nancéiens pour un engagement sans failles en faveur de la défense du patrimoine, Françoise Hervé représente assez bien ce courant. La preuve en chiffres. Françoise Hervé, ce sont déjà six campagnes et à 76 ans, elle y retourne avec une liste baptisée "Résistance". "J’ai des antécédents… 6,40% en 1983 et 28% en 1995" résume l’intéressée. Pourtant, dans un récent sondage Ipsos commandé par L’Est Républicain et France Bleu, Françoise Hervé n’est créditée que de 3% des intentions de votes. Un score qu’elle dénonce avec vigueur. "Je ferai beaucoup plus que 3% ! C’est faire tourner la tête des gens que de lancer comme ça des chiffres très invraisemblables ! Laissons faire la démocratie ! Ce qui se passe n’est pas normal. Je suis la seule compétitrice par rapport à ce faux choix qu’on veut nous imposer entre Laurent Hénart et Mathieu Klein. Tout cela est fabriqué de toute part".
 
Pour Françoise Hervé, le sondage ne prend pas en compte son départ très tardif dans la campagne. "Ma déclaration de candidature n’a été publique que le 23 janvier, le sondage a démarré le 30 ! J’ai donc eu très peu de couverture médiatique contrairement au flot d’articles et de reportages dont les autres candidats bénéficient depuis six mois et notamment les compétiteurs que l’on veut nous imposer ! Qui plus est, les spécialistes de la question considèrent que ce sondage est une manipulation car le panel est très étroit : 600 personnes… et 35% des sondés sont sans opinion ! Je suis très connue sur la place publique. Je suis la seule à vouloir sauver Nancy de projets inacceptables. Rendez-vous le 15 mars !"
 
Il y a une vraie difficulté à appréhender le vote de nos listes dans les sondages
-Emmanuel Lebeau
Faire de la politique autrement, c’est aussi l’ambition affichée par Emmanuel Lebeau à Metz. Lui aussi, sa liste "indépendante" a enregistré de mauvais score dans un récent sondage du Républicain Lorrain. "Un sondage pareil, ça démobilise les équipes, c’est évident" avoue Emmanuel Lebeau , "ça a une capacité à décourager… mais depuis vingt ans, on me donne 2% à chaque élection. On m’a toujours affublé du même score… Une fois de plus, je vais tenter de faire mentir ces sondages ! Mais, c’est fatiguant... De toute façon, il y a une vraie difficulté à appréhender le vote de nos listes dans les sondages. Je sais que je ne suis pas à 25% mais je ne suis pas à 2% ! Dès que vous n’avez pas d’étiquettes, tout institut de sondage vous crédite de scores assez catastrophiques. Le sondage à Nancy place également la candidate sans étiquette, Françoise Hervé, à 2 ou 3%".
 
Fini le "Ni droite, ni gauche" des années 2001, 2008 et 2014, Emmanuel Lebeau prône aujourd’hui dans ces municipales "le sans parti, sans part pris". Un simple changement de formule sans renier les fondamentaux : "Quand je vois ce que j’ai fait comme élu d’opposition en douze ans, je me dis que j’ai une réelle utilité pour l’intérêt général et le bien commun. Ma démarche est sincère et libre… je suis également conscient que la démarche est très compliquée aussi". Une liste comme la sienne, c’est aussi un financement personnel : un prêt aux alentours de 50 000 euros.
 
Légèrement au-dessus de lui avec 3% des intentions de vote, Béatrice Agamennone, ex-référente En Marche en Moselle n’a pas obtenu l’investiture macronienne pour ces municipales. Elle se lance donc dans l'aventure comme une simple citoyenne. "Lorsque le sondage a été réalisé, je n’avais pas présenté mes co-listiers, ça pose donc question en matière de notoriété. Je relativise…" précise l’adjointe au maire de Metz. "Je fais de la politique depuis six, j’ai la réputation d’être une bosseuse… Je suis peut-être un peu moins VIP que certaines personnes mais j’ai des soutiens forts dans toute la ville et ça ne transparait pas dans ce sondage qui fait la part belle aux étiquettes et aux postures politiques ! Toutes les listes citoyennes sont très bas… Moi j’ai ma liberté, je ne suis pas inféodé à une étiquette, j’ai constitué une liste d’ouverture avec des gens de gauche, de droite et de la société civile… On représente toutes les sensibilités centristes de Metz. Ce que je sais, c’est que je ne ferai pas d’alliances contre nature. On propose un projet, j’espère que les messins l’accueilleront avec enthousiasme. Après, si ce n’est pas le cas, on retournera à notre travail. La politique, ce n’est pas ce qui nous fait vivre contrairement à beaucoup de listes concurrentes. Beaucoup sont prêts à toutes les compromissions car ce qui compte, c’est une place sur une liste avec un poste d’adjoint derrière ! Voilà ce qui nous différencie des autres : on travaille pour la ville et le bien être des messins, pas pour notre bien être personnel. Je finance ma campagne avec mes co-listiers. Nous sommes une alternative".
 
On fait partie de ces petites listes mais quand on vous annonce le vainqueur avant le début de la course, c'est dommageable
-Pierre-Jean Robinot
A Epinal, Pierre-Jean Robinot lui aussi a réalisé un emprunt personnel pour faire campagne. Crédité de 2% des intentions de votes pour le compte de Debout la France, hors de question pour lui de faire machine arrière. "Personne n’est au courant de notre programme" relativise le candidat, "c’est le début de la campagne. Nicolas Dupont-Aignan a le même problème au niveau national. On l’affuble de 2 ou 3 % et après, ça vous colle à la peau. On fait partie de ces petites listes mais quand on vous annonce le vainqueur avant le début de la course, c’est dommageable. Des gens qui souhaitaient voter pour moi aux municipales risquent de laisser tomber. A quoi bon peuvent-ils se dire si je fais 2% ! Les sondages restent très dangereux pour la démocratie car ils orientent les électeurs. Mais même si 2% de gens votent pour moi, je me dois de les représenter. J’irai jusqu’au bout contrairement à d’autres à Epinal et ça risque de changer la donne. On peut envisager d’être au-delà des 10%".

Les élections municipales se dérouleront le dimanche 15 mars 2020 pour le premier tour. Le second tour des élections aura lieu le dimanche 22 mars 2020.

 
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