Municipales 2020 : face au coronavirus, les candidats doivent s’adapter

Comment faire campagne sans aller au contact. Un vrai casse-tête pour de nombreux candidats. Pour l’instant, une certitude : ils serrent moins de mains que d’habitude. Les élections municipales sont "coronavirussées".

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Terminé les traditionnelles poignées de main à la chaine. Au placard, la bise ! Sur le terrain, les candidats n’ont pas le choix. Face au coronavirus, les équipes doivent s’adapter. "C’est vrai que beaucoup de gens nous demandent s’ils peuvent nous serrer la main ! On évite et on improvise" explique Denis Jacquat. Médecin et ancien député, l’actuel directeur de campagne de François Grosdidier (Utile pour Metz) qui brigue la mairie de Metz, semble avoir trouvé la parade : "On se salue en se touchant le pied !"

Les candidats n’ont pas le choix, il faut donner l’exemple. C’est ce que confirme Estelle Mercier, directrice de campagne de Mathieu Klein (Nancy en Grand) : "On a bien senti que parmi la population, il y avait des craintes. Il y a beaucoup de gens qui ne nous serrent plus la main, notamment lors des portes à portes ou sur du tractage. Ça se fait normalement ! C’est une question de responsabilité car on est en contact avec beaucoup de monde ! On suit sans problème les préconisations du gouvernement."

Je serre moins de main et je me sers un peu plus de mon coude
- Samuel Hazard (Verdun plus forte)


Mais pour Samuel Hazard (Verdun plus forte), candidat à sa succession à la mairie de Verdun (Meuse), difficile de changer ses habitudes. "Il y a des gens qui ne souhaitent plus qu’on les embrasse ou qu’on leur serre la main et d’autres qui ne sont pas dans la psychose et qui souhaite qu’on se comporte comme d’habitude dans une campagne ! Certes, je serre moins de main et je me sers un peu plus de mon coude mais il y a un très fort décalage entre ce qu’on peut entendre dans les médias et la réalité du terrain ! Les gens n’ont pas peur, franchement !"

"Faut pas tomber dans la psychose" rappelle Thomas Scuderi, candidat à Metz (Metz en confiance). "Une campagne, ça nécessite des règles d’hygiène minimum. Rien de plus qu’on ne fait habituellement comme se laver les mains régulièrement, tout simplement. Une campagne municipale, c’est un moment de connexion avec les gens… Je reste spontanée et pas d’impact sur le style de ma campagne. Prudent mais pas de psychose et j’ai mon gel dans ma poche !"

Les candidats respectent finalement à la lettre les préconisations de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye qui avait déclaré sur France Info : "Évidemment serrer des mains sur les marchés, claquer des bises, c'est à proscrire ; en revanche il faut que les campagnes se poursuivent en s'adaptant à la nouvelle donne".

Un plan B pour Mathieu Klein à Nancy


L’enjeu, ce sont aussi les réunions et les meetings. "Paradoxalement, je constate qu’il y a de plus en plus de monde. Il n’y a pas du tout de désaffection" explique Denis Jacquat. "Si l’épidémie devait s’accentuer et si la préfecture nous demande d’annuler des réunions, on le fera. S’il y a des mesures à prendre, on les prendra, c’est évident. On ne mettra pas en péril la vie des gens mais il ne faut pas tomber dans l’excès non plus. Nous restons très vigilant sur la question".

Traduisez, pas de psychose ! En Lorraine, aucune réunion publique n’a été annulée en raison du coronavirus. La région est épargnée. Rien à voir avec la situation dans l’Oise ou dans le Haut-Rhin, où certains candidats ont transformés leurs réunions en "rassemblements numériques". Des maires candidats à leur réélection ont même dû mettre leur campagne entre parenthèses face aux débordements provoqués par l’épidémie.

Cependant, il y a des candidats qui anticipent en cas d’évolution de l’épidémie. "On est en train de préparer un plan B" avoue Estelle Mercier (Liste Mathieu Klein), "Aujourd’hui, on ne sait pas si on passera en stade 3. Organiser un grand rassemblement avant le 15 mars avec plus de 1000 personnes dans ce contexte, c’est assez risqué. Ce n’est pas digne en tout cas d’un futur maire. On réfléchit donc à une autre formule  pour garder le contact avec les nancéiens. On a beaucoup de questions et de demandes de rencontres. On travaille sur une solution responsable." Autrement dit, une solution qui passerait par le numérique mais qui reste encore à valider. A Villeurbanne, le marcheur Bruno Bonnell, par exemple, a déjà programmé des meetings virtuels, en facebook live, la semaine prochaine. Et ce dimanche 8 mars 2020, Mathieu Klein a confirmé l'annulation de son meeting de fin de campagne. D’ici le 15 mars, Samuel Hazard a prévu quatre réunions publiques et surtout "beaucoup de solutions hydroalcooliques à l’entrée des salles, mais aussi du savon… Pour l’instant, pas de panique mais si un ou plusieurs cas venaient à se déclarer dans la Meuse, cela pourrait bouleverser la donne. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Les gens en parlent et en rigolent même ! Et les gens veulent aller voter !"

Est-ce que les gens se déplaceront moins au bureau de vote à cause du coronavirus ? La question est plus que jamais d’actualité et il est pour l’instant bien difficile d’y répondre. Mais dans les QG, aussi bien chez les marcheurs et surtout chez les Républicains, l’électorat sénior reste très influent. "Seront-ils plus nombreux, malgré les mesures de précaution annoncées, à rester chez eux ?" s’interrogeait ce matin Yael Goosz sur France Inter. Il va sans doute redoubler d’effort et d’arguments la semaine prochaine pour de nombreux candidats… qui s’y voyaient déjà.
 
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