Municipales 2020 : en Haute-Marne, cinq communes sans candidat pour le premier tour des élections

Pour le premier tour des élections municipales, le 15 mars, les électeurs de cinq communes de Haute-Marne vont pouvoir rester chez eux. Aucun candidat ne s'est déclaré en préfecture. Lassitude, exigence des concitoyens, manque de pouvoir de décision ? Un peu tout ça selon l'association des maires. 

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Qui veut être maire à Allichamps, Briaucourt, Orbigny-au-Mont, Ormoy-les-Sexfontaines ou Treix ? Personne. En Haute-Marne, comme dans 101 autres communes de France, dimanche 15 mars, ces cinq communes de moins de 1.000 habitants sont sans candidat. Suspendues à un avenir incertain. Une gestion administrative mandatée par la préfecture, ou un rattachement à une autre entité communale. Pour l'instant 5.731 candidatures ont été enregistrées pour 421 communes, mais pas celles-ci. 

"Au premier tour, il n’y aura pas de scrutin, selon la préfecture, confirme le maire actuel d'Orbigny-au-Mont, Clément Sauvage. Mais au second tour, s'il y a des candidats, il aura lieu. Car les habitants peuvent s’inscrire entre les deux tours. Moi, j’arrête, j'ai fini mon mandat, et pour l’instant personne n’est venu me voir pour évoquer la situation". 

Dans ce village de 140 habitants, Clément Sauvage est maire depuis 2014. Et il ne se représente pas pour consacrer plus de temps à sa vie personnelle. "J’ai d’autres priorités familiales, car ça prend du temps d'être maire. On a été élu, donc on se doit de rendre la pareil aux habitants. La préfecture va nommer des administrateurs pour gérer les affaires courantes. On est dans l’attente". 
 
En 2014, détaillent nos confrères de Franceinfo, lors des dernières élections municipales, 57 des 62 communes de moins de 1 000 habitants sans candidat ont trouvé un nombre de volontaires suffisant avant le second tour. Mais cette année, le nombre de villages concernés est encore plus important. De nombreuses communes pourraient ne voter ni le 15 ni le 22 mars, faute de candidat. Si cela arrive, "une délégation spéciale devra être mise en place" et "une élection partielle intégrale doit être organisée dans les trois mois (à compter du 23 mars)", précise le ministère de l'Intérieur.

La préfecture de Haute-Marne rapelle qu’en l’absence de candidat dans une commune, "conformément à l’article L. 2121-36 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT), une délégation spéciale est nommée par décision du représentant de l’État dans le département dans un délai de huit jours à compter de la constatation de l’impossibilité de constituer le conseil municipal, soit le mardi 17 mars 2020 à 18 heures pour les élections municipales 2020".

"Je trouve ça catastrophique"

La présidente de l'association des maires de Haute-Marne, Anne-Marie Nedellec, comprend cette situation. "Dans certaines petites communes, le maire est un agent communal, avec les récriminations en plus. C’est pas évident et beaucoup de maires se sentent seuls. Mais je trouve ça catastrophique, car on ne peut pas laisser une commission de trois personnes mandatées par le préfet pour gérer une commune. Ou alors qu’ils s’associent avec une autre".

Optimiste, elle veut croire que certains habitants se décideront entre le 15 et le 22 mars. "J’espère qu’il y aura un sursaut entre les deux tours. A Treix, il y aura sans doute des candidats qui vont se déclarer. Mais je crains aussi que certaines communes n'aient un conseil incomplet. Il y a une tolérance, mais il faudrait revoir le nombre de conseiller par commune. En discutant avec les collègues, beaucoup disent qu’on pourrait réduire d’un tiers le nombre de conseillers municipaux, ça ne changerait pas grand-chose. Et ce dépôt obligatoire de candidature pose problème également". 
 

Jusqu’à l’élection de 2014, en effet dans les petites communes, de quelques dizaines d’habitants, l’électeur pouvait voter pour n’importe quel électeur de la commune. Le fait de se déclarer candidat est nouveau. "Même si ça se défend. Les gens qui avaient des voix se laissaient convaincre…", déplore la présidente des maires de Haute-Marne. 

Je pense qu’il y a surtout le fait que la fonction est devenue ingrate. Les concitoyens sont exigeants et ne supportent rien. Aussitôt ils se jettent sur les réseaux pour critiquer. La fonction de maire s’est complexifiée.
Anne-Marie Nedellec, présidente de l'association des maires de Haute-Marne,


Balayage et déneigement

Le maire se sentirait, selon elle, d’un côté dépossédé de ses pouvoirs par exemple sur l’eau et l’assainissement, et de l’autre, "il est englouti par des contraintes et des réunions, parce que le fait intercommunal a multiplié les trajets et réunions. C’est devenu chronophage, même pour une petite commune. Parfois, ils travaillent sans voir d’améliorations concrètes pour leurs communes. C’est très frustrant". 

Elle cite en exemple le cas d'une fusion d'un village avec Chaumont, dans le cadre de l’agglomération. Celle-ci n’a pas souhaité restituer le balayage et le déneigement. "Or, les petites communes étaient intéressées. Aujourd'hui, elles financent certains services et elles n’en bénéficient pas toujours. Avec le sentiment qu'on leur tire le tapis. La population ne connaît que le maire. Le maire est l’élu à portée de baffe, comme le dit le président du Sénat, Gérard Larcher. Il aura beau dire aux administrés, ce n'est pas de ma faute, les habitants s’en foutent. Ils disent : le maire n’a pas été foutu de garder ce service". 

 
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