Communes sans candidats en Lorraine : la menace de la disparition

Une centaine de communes en France ne voteront pas le 15 mars prochain, faute de candidats déclarés. Il s'agit pour l'immense majorité de villages de moins de 1.000 habitants. Parmi eux, six villages lorrains. Une désaffection qui peut, si elle se confirme, conduire à la disparition de la commune.

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Christine Thiel avait prévenu depuis des mois: après douze années à la mairie, elle voulait rendre son écharpe. Mais les habitants de Berviller ne l'ont pas crue. A la clôture des candidatures pour le premier tour, il a bien fallu se rendre à l'évidence : personne ne s'étant manifesté, ce village de 470 habitants sera privé d'élection dimanche 15 mars 2020.

Si Christine Thiel abandonne la fonction de maire, c'est pour retrouver sa vie privée. S'occuper de son travail, de sa famille, de sa vieille mère. Sans accuser ses concitoyens, elle avoue en avoir "un peu marre" de gérer la commune seule avec son adjoint.
Il leur est arrivé, "pour économiser l'argent du contribuable", de déneiger eux-mêmes les rues du village à 5h du matin... Plus les permanences en mairie, les réunions, les démarches administratives : malgré l'enrichissement procuré par la fonction, elle avoue son "ras le bol".

Dans le canton de Bouzonville, pas moins de trois villages se retrouvent ainsi dépourvus de candidats: Berviller, Brettnacht et Neunkirchen. Cette dernière commune est d'ailleurs récidiviste: en 2014, déjà, elle s'était retrouvée sans maire après l'élection. Finalement, le sortant avait accepté de rempiler pour six ans de plus.

Le repêchage du second tour

Trois autres communes lorraines sont dans le même cas : Dignonville (190 habitants) et Les Thons (105 habitants), dans les Vosges. Et Azelot (422 habitants), en Meurthe-et-Moselle. Mais Christian Forget, le maire sortant d'Azelot, lui aussi non candidat au premier tour, s'est fait violence : il se présentera au second tour.La loi prévoit en effet cette possibilité dans les communes de moins de 1000 habitants, où les candidatures sont individuelles. En l'absence de candidats, ou s'ils sont en nombre insuffisant, on peut s'inscrire pour le second tour. C'est à dire, cette année, entre le 16 mars (lendemain du 1er tour) et le 17, clôture des inscriptions.

Risque de fusion

Le maire d'Azelot explique qu'il a pris sa décision "après quelques nuits blanches", pour ne pas laisser sa commune "partir je ne sais où". Le risque est réel en effet. Si la situation se prolonge, le préfet peut appuyer sur le bouton rouge : la fusion de communes. 

Si, après les 2 tours des municipales, le village n'a toujours pas d'élus, le préfet désigne une délégation spéciale pour gérer les affaires courantes et surtout organiser, dans les trois mois, un nouveau scrutin. Mais si cette deuxième élection est toujours infructueuse, la commune réputée ingérable peut être rattachée d'autorité à une ou plusieurs communes voisines. Bref, elle disparaît.
Une perspective qui empêche également de dormir Christine Thiel, à Berviller. "Je ne veux pas en arriver là. Si j'ai la certitude de ne pas être seule, je repartirai". Elle a entrepris de démarcher les habitants en espérant "une étincelle" pour constituer une vraie équipe municipale avant le 17 mars.

Dans cette zone frontalière où beaucoup travaillent en Allemagne, les habitants avancent surtout des raisons professionnelles pour justifier leur peu d'engagement. Mais les maires pointent, plus généralement, la désaffection pour la chose publique. Volontiers "consommateurs" de services municipaux (et de maires !), les habitants ne sentent plus concernés comme citoyens.
 
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