Jean-Pierre Bouquet, maire socialiste sortant de Vitry-le-François, (Marne) demande l'organisation du second tour des municipales fin juin. Il signe une tribune dans le Journal Du Dimanche aux côtés de trente-six maires de toutes sensibilités politiques, de Christian Estrosi à Anne Hidalgo.
Le second tour des municipales devait avoir lieu le 22 mars, mais il a été reporté du fait de la crise sanitaire du Covid-19. Les anciennes équipes sont donc restées aux manettes. Dans une tribune du JDD, trente-six maires signataires demandent que le second tour des élections municipales soit organisé au plus vite, avant fin juin, probablement le 28. Jean-Pierre Bouquet a signé cette tribune et s'en explique.
"Voter, c'est le pouvoir du peuple"
Jean-Pierre Bouquet estime qu' il faut que le processus démocratique aille jusqu'au bout. "En démocratie, la règle, c'est le vote. Nous observons une décroissance de la pandémie. Si les conditions sanitaires sont réunies, on doit organiser le deuxième tour".Arrivé en première position lors du premier tour des municipales organisée le 15 mars, le maire sortant a devancé Linda Munster, socialiste mais à la tête d'une liste Divers, le divers droite Cyril Triolet et Pascal Erre RN. Organiser un deuxième tour en juin, sans prendre le temps d'une nouvelle campagne, pourrait favoriser les maires sortants, ce que Jean-Pierre Bouquet rejette d'un revers de main :
Pour lui, les maires ont besoin de la crédibilité que donne un vote. Elle leur permet d'agir : "Le vote, c'est le pouvoir du peuple. Le maire est une personnalité identifiée à un territoire. Les électeurs doivent aller voter pour nous donner davantage de crédibilité et choisir une direction."Ça ne va pas me favoriser. Les autres candidats ne se sont pas gênés pour faire campagne.
-Jean-Pierre Bouquet, candidat à la mairie de Vitry-le-François
L'urgence, c'est de relancer les marchés publics
Jean-Pierre Bouquet est maire de Vitry-Le-François mais aussi président de la Communauté de Communes Vitry Champagne et Der, des territoires frappés par les difficultés économiques avant même la crise du Covid-19. "Si l'on ne veut pas qu'une crise économique et sociale succède à la crise sanitaire, il faut que nous puissions agir." Il évoque le rôle central que jouent les collectivités locales dans les marchés publics et donc dans la relance de l'activité. Depuis plusieurs semaines d'ailleurs, les organisation professionnelles réclament une relance des chantiers publics, qui permettent aux entreprises du Bâtiment et travaux Publics de travailler. S'ajoute la problématique de la gestion des collectivités. Environ 70 % de la commande publique émane des communes et des intercommunalités rappelle ce juriste de formation.Plus vraiment légitimes, avec des pouvoirs limités par la loi d'urgence sanitaire, les maires n'ont pas pu agir aussi efficacement qu'ils le souhaitaient. "Heureusement nous avions décidé en décembre dernier de mettre en place une plate-forme d'achat et de chèques-cadeaux pour relancer l'activité du centre-ville. On a pu le faire car c'était voté".Il faut une légitimité pour engager de nouveaux projets. Nous avons pu relancer le chantier du centre aquatique, mais la réffection de l'hôtel de ville est à l'arrêt. Le code des marchés n'a pas évolué, et n'est plus adapté.
- Jean-Pierre Bouquet
Aller plus loin dans la décentralisation
Pour ce signataire de la tribune, il faut redonner aux élus du pouvoir., aller plus loin dans la décentralisation. Lui-même a repensé son programme, à l'aune des aspirations ressenties durant la crise sanitaire:"J'ai actualisé mon programme en fonction de la crise sanitaire. Désormais il ne faut plus avoir de certitudes. Je ressens ce besoin de protection, de nature, d'environnement. Nous avons décidé de faire revenir les animaux dans la ville, pour qu'il y ait plus de verdure, plus d'insectes. Nous avons fait venir une soixantaine de moutons qui vont brouter et entretenir les espaces verts en alternance avec des moyens mécaniques"."Non au confinement démocratique"
Dans cette tribune, les signataires sont explicites :"Ne transformons pas le confinement sanitaire en un confinement démocratique qui serait néfaste à l'avenir de la France". Les signataires, de Anne Hidalgo, maire socialiste sortante de Paris à Christian Estrosi, maire Les Républicains sortant de Nice, réclament l'organisation du deuxième tour des municipales dès le mois de juin.François Baroin, président de l'Association des Maires de France et maire LR de Troyes, leur a emboîté le pas. il se dit "favorable à l'organisation du deuxième tour au mois de juin, si les conditions sanitaires le permettent."
Pas tous d'accord
Les débats se poursuivent entre ceux qui sont partisans d'aller vite et ceux qui préfèreraient un second tout à l'automne.Le chef de file de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, à titre personnel, a déclaré lors d'un point de presse qu'un second tour des municipales en juin serait "irresponsable sanitairement". Il propose de regrouper ce scrutin avec les élections départementales et régionales de 2021. "Les personnes âgées ne sont pas venues pour le 1er tour, elles ne viendront pas en juin", prédit-il, affecté par les contaminations enregistrées lors du vote du 15 mars.Un second tour en juin serait irresponsable sanitairement.
- Christophe Lagarde, UDI
Encore et toujours l'incertitude
Le gouvernement a demandé un avis au Conseil Scientifique. Il devra dire si les conditions sanitaires sont réunies pour organiser le second tour avant la fin du mois de juin. La décision du Premier ministre est attendue le 23 mai, mais sera très vraisemblablement conditionnée à l'évolution de la pandémie.Si le mois de juin n'est finalement pas retenu pour l'organisation du second tout, une nouvelle date sera fixée en accord avec le parlement. Il faudra dans ce cas, pour des raisons constitutionnelles, rejouer les deux tours. Préparer et mener une nouvelle campagne. Si les conditions sanitaires le permettent.