L’hôpital militaire installé le 20 mars 2020 à Mulhouse pour faire face à l’épidémie de covid19 devrait être totalement démonté d’ici le 21 mai prochain. 47 patients en réanimation y ont été accueillis. Une aide saluée, ce mercredi 13 mai, par l'équipe de l'hôpital Emile Muller.
Il avait commencé à réduire sa capacité d’accueil le 17 avril dernier. Désormais, l’Elément militaire de réanimation (EMR) du Service de santé des armées, déployé au pied de l’hôpital civil de Mulhouse pour le soulager face à l’épidémie de covid19, plie définitivement bagage. Signe d’une amélioration sensible de la situation sanitaire dans le Haut-Rhin, considéré comme un "foyer épidémique", le démontage de la structure devrait être terminé au tard le 21 mai 2020.
"C’est avec regret que nous voyons partir nos collègues militaires", a affirmé Corinne Krencker, au cours d’un point presse organisé ce mercredi 13 mai. Emue, la directrice du GHR (Groupe Hospitalier de la Région de Mulhouse et Sud-Alsace), a tenu a saluer une "collaboration inédite" entre l’hôpital et l’armée, "indispensable" alors que les services de réanimation du Groupe hospitalier étaient arrivés à saturation.
L’hôpital de campagne, d'une capacité de 30 lits, avait accueilli son premier patient le 24 mars dernier dans l’une de ses cinq travées avant de rapidement monter en puissance. Constitué à partir d'éléments habituellement utilisés lors d'opérations extérieures pour des actes de soins de chirurgie de combat, son déploiement était une première sur le territoire national pour soigner des malades civils.
A l’heure du bilan, il apparaît que l’unité militaire a permis d’augmenter la capacité de l’hôpital public mulhousien de 30%. Au total, 47 malades du covid19 y ont été pris en charge, ce qui représentent plus de 600 jours d’hospitalisation. "Certains ont été pris en charge sur une durée moyenne de 15 jours, mais d’autres, sur un mois", a précisé le médecin-général Jacques Escarment. "On en est très fier. J’ai l’impression que nous avons tous travaillé de manière fusionnelle", a-t-il encore ajouté, se félicitant au passage des "gros moyens" mobilisés par le service des armées qui a mis à disposition 10% de ses ressources humaines sur le site mulhousien.
Une aide "majeur dans cette crise", a encore appuyé Corinne Krencker, assurant que "le chemin que l’on a parcouru ensemble restera profondément gravé dans l’esprit de nos équipes. Du fond du cœur merci. On sait ce qu’on leur doit". "C'est grâce à eux que l'on a gagné la guerre de Mulhouse", a de son côté ajouté Jean Rottner, président de la région Grand Est, également présent devant la presse.
Une situation encore tendue à Mulhouse
Si l’EMR tournait à vide depuis le 7 mai et si la baisse du nombre de malades gravement atteints semble se confirmer, ce mercredi 13 mai, 320 patients sont encore pris en charge à l'hôpital de Mulhouse pour motif Covid, tous services confondus. "On est en phase de décroissance mais nous restons vigilants", a prévenu la directrice du GHR. La réanimation compte 35 patients pour une capacité habituelle de 36 places, dont 27 sont atteints du virus. "On est au plafond de ce qu’on a en termes de capacité habituelle. L’épidémie n’est pas derrière nous. Nous avons encore des patients dans nos lits", a-t-elle ajoutée. Au plus fort de la crise, l’établissement avait dû faire de la place, en urgence, et avait monté jusqu’à 56 lits de réanimation. Aujourd’hui, l’amélioration se constate à travers les salles d’opérations qui vont être rendues à leur utilisation première et qui sont en train d’être nettoyées, tout comme les salles de réveil. Mais face au risque d’une seconde vague de contaminations massives, "nous avons gardé des espaces qui nous permettent de conserver au moins 10 lits supplémentaires, au cas où".
Une perspective que les soignants redoutent. "Les équipes sont dans un état de fatigue très avancé", a pour sa part indiqué le Docteur Xavier Nasica, Président par intérim de la Commission médicale d’établissement. D’autant que "ce qui n’était pas urgent le redevient" et que les prochains jours risquent déjà d’être marqués par le retour des patients aux pathologies diverses qui ont été, jusqu’à présent, "mis de côté".
Interrogés sur les premières images du déconfinement, notamment celles du Canal Saint-Martin et du RER, la directrice de l'hôpital s'est dite "révoltée" avant d'ajouter que "déconfinement ça ne signifie pas faire n’importe quoi. Nous n’avons pas envie de revivre les deux derniers mois"
? Comme Clément, 8 ans, restons prudents, continuons à respecter les gestes barrières pour nous protéger les uns, les autres ?? #ProtegeonsNous #JamaisSansMonMasque #Covid_19 @mulhouse @hautrhin @MulhouseAgglo pic.twitter.com/Fw8If2hC39
— GHRMSA (@ghrmsa) May 11, 2020
De l'Alsace à Mayotte
C’est dans ce contexte d’inquiétude et d’incertitude que l’EMR du service de santé des armées s’apprête à quitter le Grand Est. Sur les trente lits que la structure pouvait accueillir pour soulager les hôpitaux de la région, "dix lits de réanimation seront déployés au sein de l'hôpital de Mayotte et seront acheminés par deux rotations d'A400 M d'ici la fin du mois mai", a confirmé Florence Parly, ministre des Armées, lundi 11 mai.Lundi, l'archipel comptait 1.061 cas déclarés, 12 décès, 50 personnes hospitalisées, dont 10 en réanimation. Mais le territoire, où 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté, est fragilisé par une faible offre sanitaire.