Polémique sur le voile : quand Stasi, Baroin et Chatel œuvraient pour l'interdiction du voile à l'école

La polémique sur le port du voile lors de sorties scolaires ne désenfle pas depuis une semaine. Les anciens maires d'Epernay et de Chaumont, Bernard Stasi et Luc Chatel, ou encore l'actuel maire de Troyes François Baroin, ont été des acteurs de premier plan sur la question.

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Un éternel recommencement. Depuis les premiers débats autour du voile islamique en 1989, le thème revient régulièrement au-devant de la scène médiatique. Pour preuve : la campagne d'affichage du syndicat de parents d'élève FCPE mettant en scène une maman voilée fait débat, et une autre a été prise à parti par un élu du Rassemblement national la semaine dernière. L'occasion de revenir sur les positions exprimées au cours de ces dernières décennies par nos élus et anciens élus champardennais.
 


Ministre, rapporteur, président de commission... élus à Troyes, Chaumont ou Epernay, tous ont eu un lien particulier avec la laïcité au début des années 2000 puis en 2011. Tous ont exercé un rôle de premier plan concernant l'encadrement législatif du port du voile à l'école.

Tout d'abord, Bernard Stasi. Le député-maire d'Epernay pendant 24 ans, figure du centre, président de la commission du même nom, a rendu un rapport aboutissant à l'interdiction du port du voile à l'école en 2003. A l'époque, une jeune élève refusait de retirer son foulard en classe, ce qui avait mené à un grand débat national et à une commission laïcité, créée spécialement pour l'occasion. Il s'agissait alors de déterminer si oui ou non, les fonctionnaires et élèves avaient le droit de revêtir des signes religieux. Ensuite, François Baroin, alors auteur du rapport sur la laïcité la même année et actuel maire républicain de Troyes. Rapport qui mènera d'ailleurs à l'interdiction du port de tout signe religieux et politique à l'école. Et enfin Luc Chatel, ancien maire (UMP) de Chaumont et ancien ministre de l'Education nationale, auteur de la "circulaire Chatel" en 2011, interdisant aux mères accompagnatrices de sorties scolaires de revêtir le voile.
 

La laïcité comme étendard 

Si ces élus ou ex-élus champardennais se sont prononcés contre le port du voile dans le cadre scolaire, tous ont brandi le même argument : celui de la laïcité. Un concept sur lequel "on ne transige pas", assènait Luc Chatel sur Twitter le 24 septembre dernier, en réaction à la dernière campagne de la FCPE. Déjà, lorsqu'il était ministre de l'Education nationale, l'ancien maire de Chaumont se voulait intransigeant sur le port du foulard à l'école: "lorsqu'on est parent d'élève et qu'on participe à une sortie scolaire, (...) on est assimilé à des personnels occasionnels de l'Éducation nationale", disait-il en 2011. "Il faut par conséquent respecter le principe de laïcité 'non négociable', ce qui veut dire ne pas montrer de signes religieux. Interdiction, donc, de porter le voile", relevait alors Le Point.
 
L'élu de droite n'était alors pas le seul à se montrer catégorique sur le principe de laïcité. En juin 2003 sur notre antenne, François Baroin ne mâchait pas ses mots : "Le voile est un symbole et c'est un problème (...) En 1989, le voile était utilisé comme bélier par les fondamentalistes pour mettre à mal ce principe de laïcité."

Bernard Stasi, président de la commission du même nom, en charge de la question de laïcité, avait un avis beaucoup plus nuancé. D'abord opposé à toute législation encadrant le port du voile, il révélait lors de sa dernière apparition télévisée dans l'émission L'hebdo sur notre antenne, qu'il avait changé d'avis à la fin de sa mission. "La loi déchargerait les enseignants de la responsabilité d'interdire les signes religieux ostentatoires, pointait-il dans La Croix en novembre 2003. Mais 'les musulmans se sentiraient visés' et une loi risquerait de donner des arguments aux intégristes tentés par une certaine radicalisation. La conséquence pourrait être le développement des écoles coraniques." Il regrettait également la forte médiatisation de l'affaire, "car cela ne montre qu'un aspect de la laïcité : celui des interdits."
 

L'école, un lieu à part

Pro-immigration (Bernard Stasi avait publié un ouvrage qui lui a valu de lourdes critiques dans les années 1990 intitulé L'immigration, une chance pour la France), le Marnais était beaucoup plus critique vis-à-vis du voile. A notre micro en 2003, il affirmait : "Il s'agit d'interdire le voile à l'école. Pourquoi à l'école ? Parce que c'est un lieu particulier où l'on apprend aux enfants les valeurs qui constituent l'unité nationale, qui forgent la communauté française. Je crois qu'il n'est pas scandaleux, et qu'il est même tout à fait souhaitable que pendant qu'on est à l'école, on laisse de côté ce qui nous différencie." Et l'élu de préciser :

On ne peut pas dire que qu'on met en cause la liberté religieuse puisque l'essence même de la laïcité est le respect de la liberté religieuse. Mais il se trouve que l'école est un lieu particulier, où il faut mettre en sourdine ce qui nous différencie pour apprendre ensemble ce qui nous unit au-delà de nos différences.
- Bernard Stasi, ancien maire d'Epernay et président de la commission sur la laïcité.

Un avis alors partagé par François Baroin, maire de Troyes, là-encore en 2003, lors de l'émission L'hebdo, sur France 3 Champagne-Ardenne. "Tout signe ostentatoire, revendicatif, qu'il soit religieux ou politique, a toute sa place dans un pays de liberté. Mais à l'école tout cela doit être effacé. Parce que justement c'est le lieu et la période de la République, de la laïcité. Et j'ajoute que nous devons soutenir les enseignants, les directeurs d'établissements, qui ne peuvent pas se contenter de législation à la va-comme-je-te-couche, où d'un côté il y aurait une doctrine à Paris, une autre à Lyon… c'est la bonne position : à la fois de fermeté sur un principe et de maintien de dialogue pour le bien-être de l'enfant."
 

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