Elle a fêté ses 100 ans en avril 2019, lui au mois de juillet. Ils font partie des près de 400 centenaires alsaciens et n'ont rien perdu de leur malice. Alice Wewer à Mutzig et Bruno Schmitt à Kogenheim vivent encore chacun seuls chez eux. Portrait de deux personnages attachants. 

Alice Wewer et Bruno Schmitt sont nés en 1919. Deux centenaires au caractère bien trempé, mais qui ont mené des vies bien différentes. 

Elle, raconte beaucoup aimer la nourriture, et on la croit volontiers. Chaque vendredi midi, elle se rend au restaurant, dans sa ville, avec son filleul et neveu "Dany". Elle aime y manger du poisson, le plat du jour, parfois aussi des bouchées à la reine, "délicieuses" selon elle. Et elle n'y va pas de main morte sur les coups de fourchette. C'est entre autres le secret de sa longévité, explique-t-elle.

"Il arrive qu'elle ne soit pas très en forme le jeudi soir, mais le vendredi matin, elle est au top", sourit sa nièce Jeanine. Dany enchaîne : "C'est sa sortie, elle ne voit plus très bien, ne sort plus beaucoup, alors le restaurant, elle y tient".
 

Toujours très élégante

Bien manger, et boire un verre un de vin au repas de midi, chaque jour. Incontournable pour la malicieuse Alice, toujours vêtue très élégamment, surtout lorsqu'elle quitte son domicile. Ce jour-là, un pantalon blanc très classe, un tee-shirt à motifs rouge et blanc et une veste longue, de couleur rouge, bien sûr : "J'adore le rouge", glisse-t-elle le sourire au coin des lèvres, pour vous faire comprendre très vite qu'elle sait très bien ce qu'elle veut. Et qu'il vaut mieux suivre sans broncher.

Chaque semaine, parfois même plusieurs fois, elle prépare des gâteaux pour les membres de sa famille. Lorsque nous lui avons rendu visite, elle avait devant elle une belle tarte aux mirabelles : "Mon auxiliaire de vie a préparé la pâte et dénoyauté les mirabelles, j'ai fait tout le reste", insiste-t-elle, debout dans sa cuisine, avant de rejoindre ses neveux et nièces dans le salon pour la dégustation. Sur sa route, des grands tapis rectangulaires posés au sol qui nous ont parfois fait nous emmêler les pieds et craindre pour sa sécurité, mais Alice refuse de les ôter. 

Sa vue en baisse l'empêche déjà de faire des mots croisés qu'elle adorait, alors pas question de tout arrêter. Cette ancienne couturière regarde, et surtout écoute, la télévision : "notamment Rund Um", assure-t-elle avec la bienveillance et le charme de ses 100 ans. Une façon de faire passer le temps lorsqu'elle est seule dans son appartement de Mutzig. A l'époque, elle a beaucoup voyagé avec son mari, en Vespa, puis en caravane "jusqu'à la frontière russe". Une vie de libertés pour cette femme qui n'a pas eu d'enfant, des moments légers après une expérience de la guerre "très difficile" qu'elle ne souhaite pas évoquer.
 

Marqué par la guerre

Bruno Schmitt, lui, est plus mesuré dans ses envies. C'est ce qui explique selon lui qu'il ait atteint et même dépassé les 100 ans. "Le secret, c'est de ne jamais faire d'excès, insiste-t-il, avouant comme Alice, s'autoriser un verre de vin rouge le midi et deux gouttes de schnaps avec son café après le repas. Quand on sent que l'estomac est plein, on arrête de manger et on recommence plus tard. C'est ce que j'ai appris à la Croix Rouge". Il y a servi peu de temps avant la guerre, au cours de laquelle il a été infirmier-brancardier dans l'armée française, puis après avoir été fait prisonnier et réquisitionné, dans l'armée allemande. 

Il raconte ses souvenirs, longtemps. Par exemple, le premier blessé qu'il a eu à traiter en tant que soldat : un homme, arrivé devant lui avec une main qui pendait. Il est alors devenu "tout pâle". Il a été envoyé en Grèce, en Yougoslavie aussi. Des moments difficiles qui ont laissé des traces, il ne veut plus entendre parler de politique aujourd'hui. 
 

Coiffeur et jardinier

En rentrant de la guerre, il a changé de vie, et a quitté son village natal de Jebsheim pour devenir coiffeur à Kogenheim. Amateur de pêche pendant des années, il est toujours passionné de jardinage : il taille encore ses rosiers lui-même et s'est occupé de ses quelques plants de tomates durant l'été. "Il nous donne souvent des petites astuces", confie l'un de ses fils, Jean-Claude.

Il s'est aussi mis assidument à la marche vers ses 70 ans, sur ordre du médecin, après quelques soucis de santé : chaque dimanche, il a avalé jusqu'à ses 90 ans des dizaines de kilomètres partout en Alsace, mais aussi en Italie, en Belgique et même en Grèce.
 
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