Qu’attendent les Alsaciens du discours et des annonces du Président Emmanuel Macron, ce 14 juin 2020 ?

En Alsace, territoire fortement impacté par la crise du covid19, les attentes avant les annonces d'Emmanuel Macron, ce dimanche soir 14 juin sont grandes. Policiers, artisans, parents nous confient ce qu’ils espèrent du Président de la République.
 

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La crise du covid19 a bouleversé la vie de leurs entreprises et de leur quotidien. Ils sont artisan, commerçant, soignant, enseignant, policier, artiste, défenseur de l'environnement. Ils nous disent ce qu'ils attendent du discours du Président Emmanuel Macron, ce dimanche 14 juin 2020. 

Pierre Weller, gérant de La Source des Sens, Hôtel restaurant Spa, à Morsbronn-les-Bains

"Moi je demande un assouplissement du port du masque, qui coupe la convivialité dans le domaine de l’hôtellerie-restauration."

"Le port du masque est une contrainte pour notre personnel. En cuisine, dans la chaleur des fourneaux, pendant de longues heures, c'est très difficile. Les cuisiniers doivent aussi signer une attestation pour certifier qu'ils se sont bien lavé les mains toutes les trente minutes. En salle, la relation avec la clientèle est compliquée pour les serveurs. Pour les clients, le port du masque est difficile aussi, quand ils viennent passer un moment de détente au spa par exemple. Tout le non-verbal du visage caché disparaît, notamment le sourire, essentiel dans l'accueil et le contact au client."

Lucas Moussa, professeur des écoles, à Strasbourg                                   

 "Moi j'attends la mise en place des conditions favorables pour la reprise des cours à la rentrée, une revalorisation du statut de l'enseignant, par l’intermédiaire du salaire, à aligner sur celui des profs du reste de l’Union européenne."

« Pour avoir une rentrée avec un maximum d’élèves présents en classe, il faut rassurer leurs parents. Pour cela il faut un minimum d’élèves par classe, ce qui signifie peut-être recruter plus d’enseignants. Ensuite, j’attends qu’Emmanuel Macron reconnaisse que nous avons assuré la continuité de l’enseignement à distance, 96 % des profs l’ont fait, alors que nous n’étions pas formés pour cela. Qu’ils soient remerciés et formés en cas de récidive d’une telle situation. On s’est rendu compte aussi que des enfants n’avaient pas d’ordinateur ou de connexion internet, pour moi il est indispensable de fournir aux familles le matériel nécessaire en cas de deuxième vague. Enfin, une revalorisation du salaire remettrait en valeur le statut d’enseignants. On a de moins en moins de candidats au concours de prof des écoles, or à mon avis, moins de candidats signifie moins de bons enseignants. »

Fanny et Jean Pierre Nicollin, parents de deux enfants 

"Nous attendons de voir ce qui va être mis en place pour septembre. Nous sommes assez inquiets...Ce soir, on sera devant notre écran, comme tout le monde". 

"Nous avons fait le choix de garder nos deux enfants à la maison. Nous avons pesé le pour et le contre, mais comme cela était possible pour nous, nous avons choisi cette option. Maintenant pour la rentrée, on attend de voir ce qui va être mis en place. Certains parlent de petits groupes, d'autres d'école alternée, on est assez partagés et mitigés, on attend de voir et on va faire avec."

Nathan Pelsy, élève infirmier

"Ce soir, on attend des choses claires, pour savoir où on va et pas seulement des éléments vagues. Pour nous les élèves infirmiers, il faudrait une prise en charge pendant notre formation et encore ensuite quand on entre dans le service public ou privé ".

"Je suis élève infirmier et j'ai été réquisitionné pendant le Covid, alors ça m'a fait me poser beaucoup de questions par rapport à ma future profession. J'attends bien sûr de la reconnaissance, de meilleures conditions de travail, un meilleur salaire et de la considération. J'ai vu le personnel hospitalier en souffrance mentale et physique pendant cette crise, donc je me demande ce qu'il en sera pour moi. Pour les étudiants il faudrait des déclarations claires pour qu'on sache vraiment où on va et pas que des choses vagues. On fait ces études et ce métier par passion, mais c'est vrai que certains élèves s'orientent déjà vers le secteur privé et libéral, l'hôpital public ne leur semblant pas très attrayant". 

Sylvie Ribaut, fleuriste à Strasbourg

"J'attends qu'il n'y ait pas de report de charges, mais une gratuité des charges, pour nous donner de l’air, parce ce que nous avons de gros passifs à éponger. Pour la rentrée, il faudrait qu'il y ait de vraies mesures concrètement et financièrement."

"J'attends du discours du Président ce soir qu’il nous rassure par rapport à la situation sanitaire du pays, pour qu’on puisse à nouveau travailler comme il faut. Qu’il conforte les aides promises à  l’artisanat, pour l’apprentissage notamment, il a annoncé une aide de 5000 à 8000, c’est bien, mais est-ce que c’est une fois ou tous les ans ? Quand il a décidé de fermer très rapidement, on s’est retrouvé avec une ardoise à payer chez nos fournisseurs, est-ce qu’il va y avoir des accords avec les assurances ? Est-ce qu’on va nous rembourser nos stocks ? Et finalement, si on pouvait s’aligner sur le modèle allemand, ce serait bien : pas de report de charges mais une gratuité des charges pour nous donner de l’air parce ce que nous avons de gros passifs à éponger. Pour la rentrée, il faudrait qu’il y ait de vraies mesures prises, concrètement et financièrement.

Stéphane Giraud, directeur de l'association de défense de l'environnement, Alsace nature

"Il y a nécessité aujourd’hui dans les annonces du Président de la république, de revenir sur notre modèle économique. Plutôt que de surconsommer maintenant pour relancer la machine, il faut mieux consommer, pour créer le monde d’après que beaucoup appellent de leurs vœux »

« Notre modèle économique est le premier prédateur de notre environnement. Il y a donc nécessité aujourd’hui dans les annonces du Président de revenir sur ce modèle économique, qu’on influence ce modèle économique dans le sens de moins de consommation de ressources naturelles, de relocalisations sans doute, d’autonomie plus grande des territoires. Cela va impacter tous les champs économiques, l’agriculture bien sûr, mais aussi notre rapport à la consommation de manière générale. Plutôt que de surconsommer maintenant pour relancer la machine, il faut mieux consommer pour créer le monde d’après que beaucoup appellent de leurs vœux.»

Marikala, auteure, compositrice, interprète 

"Dans le monde de la culture, on a tous la tête sous l’eau, les artistes, les techniciens, les programmateurs, l’événementiel, on est tous dans le même bateau. Le discours idéal ? C’est qu’on puisse être assurés de retrouver notre travail en 2021-2022 ! On a besoin d’assurance. Tant qu’il n’y pas de budget alloué, on ne sait pas si on peut continuer à vivre. C’est notre activité sur les années à venir qui est remise en cause."

« On a besoin de réponses claires. Le souci essentiel, c’est la situation sanitaire. Même si le public a envie de revenir, il ne peut pas. Tant qu’on ne peut pas accueillir les spectateurs dans les conditions normales, le spectacle ne pourra pas reprendre dans des conditions normales. Toutes nos prestations ont été annulées, mais on n’a pas non plus pu travailler pour de futurs spectacles. C’est notre activité sur les années à venir qui est remise en cause. On a besoin d’assurance. Tant qu’il n’y pas de budget alloué, on ne sait pas si on peut continuer à vivre. Mes spectacles actuels sont stoppés et je n’ai même pas pu créer la suite, c’est la cata. Dans le monde de la culture, on a tous la tête sous l’eau, on est tous dans le même bateaux, les artistes, les techniciens, les programmateurs, l’événementiel… C’est impératif de pouvoir mettre en scène de pouvoir travailler avec les musiciens, notre maison c’est la salle de spectacle. On nous a promis une année  blanche, mais on n’a pas les précisions nécessaires, pour nous c’est super important. »

 

En dehors du bilan du déconfinement et des perspectives pour la phase 3, le discours du Président de la République devra aborder aussi un autre point majeur :  les accusations de violences policières et de racisme qui secouent le monde de la police. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner n'a pas réussi à calmer les policiers qui demandent un message fort de soutien du Président de la République. 

Michel Corriaux, secrétaire régional Grand Est, Police Alliance nationale

"Je crois que nous serions vraiment très déçus de ne pas entendre le Président s'exprimer sur l'actualité du moment, en ce qui nous concerne. Le ministre de l'Intérieur n'a pas réussi à calmer nos troupes, alors nous attendons vraiment une annonce forte, un message fort et extrêmement clair de soutien envers les policiers".

"Ce que je constate, c'est que l’actualité a malheureusement pris le dessus. Ce que nous attendons est un message fort et clair de soutien envers les policiers. Mes collègues en ont ras le bol d’être un jour les héros de la République et le lendemain des pestiférés. Face aux accusations de violence illégitime et de racisme dans nos rangs, la République doit faire bloc et défendre l’honneur des hommes et des femmes qui composent notre institution."

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