Quatre prisons bloquées en Alsace après la violente double-agression de surveillants pénitentiaires à Condé-sur-Sarthe

Quatre établissements pénitentiaires alsaciens sont bloqués depuis le début de la matinée, ce mercredi 6 mars. La mobilisation fait suite à l'agression au couteau de deux surveillants pénitentiaires à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne, en Basse-Normandie).

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L'agression de trop. Un blocage des prisons de Strasbourg et Oermingen (Bas-Rhin) ainsi qu'à Mulhouse et Ensisheim (Haut-Rhin) a démarré dans la matinée du mercredi 6 mars 2019 après l'agression au couteau de deux surveillants pénitentiaires à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne, en Basse-Normandie). L'auteur de l'agression, Michaël Chiolo, voulait "venger Cherif Chekatt", à l'origine de l'attentat de Strasbourg. Le blocage s'interrompt pour l'après-midi, et reprend jeudi matin à Mulhouse.
 


Ce blocage a été précipité par l'agression de Condé-sur-Sarthe, alors que depuis plusieurs semaines, les surveillantes et surveillants pénitentiaires exprimaient leurs revendications auprès du ministère de la Justice pour un "changement radical" de leurs conditions de travail. Joint par téléphone, Christophe Schmitt, délégué régional de Force Ouvrière-Pénitentiaire, explique: "On va droit dans le mur. Hier, on a frôlé le drame. On a des agressions tous les jours. Bientôt, il y a aura un mort."
 
"Nous n'avons obtenu que des miettes depuis notre dernière mobilisation. On a organisé cette mobilisation dans l'urgence, hier après-midi pour ce matin. Elle marche bien: il y a une prise de conscience après ce qu'il s'est passé. Les surveillants n'ont pas le droit de grève, donc ils prennent sur leurs congés pour manifester. On n'a pas prévu de fin, on continue tant qu'on n'est pas reçus au ministère. Il n'y a pas de solution miracle, il faut un ensemble de mesures."
 

"Nous sommes la troisième force de sécurité du pays"

"Le seul contrôle qu'on a à l'entrée du parloir, c'est le portique de détection des métaux. Qui marche une fois sur deux... Et qui ne détecte pas les drogues, les très petits téléphones, les armes en céramique [l'arme utilisée lors de la double-agression de Condé-sur-Sarthe; ndlr]. Permettre la fouille, également: ça passe par une évolution de la législation."

"Les policiers sont des fonctionnaires de catégorie B, les douaniers aussi. Nous, les surveillants, sont la troisième force de sécurité du pays, mais nous sommes en catégorie C. On demande une évolution statutaire vers la catégorie B, pour avoir une parité. En catégorie B, les policiers gagnent 200 à 300 euros de plus que les surveillants. Lors des concours, les gens préfèrent donc devenir policiers plutôt que surveillants. Alors on recrute moins, on a moins d'effectifs, et donc moins de sécurité. On a même des surveillants qui arrêtent, ou qui passent dans le privé."
 

"Au ministère, ce sont des amateurs"

"Ne plus mélanger les populations carcérales également. Ne pas mettre ensemble les prisonniers en réinsertion et ceux qui purgent des longues peines... Le taux d'occupation à la maison d'arrêt de l'Elsau [445 places; ndlr], c'est en moyenne 150%. Ça peut monter à 200%. À Colmar, on a 180 détenus pour 120 places, avec des gens qui dorment sur des matelas par terre. Ces conditions de détention, et de sécurité, ce n'est pas normal. On fait des propositions pour endiguer tout ça. Mais on ne nous écoute pas au ministère... Ce sont des amateurs."

 
Quand Michaël Chiolo rejouait le massacre du Bataclan dans une prison alsacienne
Christophe Schmitt raconte cette scène où a pris part Michaël Chiolo, l'auteur de l'agression de Condé-sur-Sarthe. Elle a eu lieu dans la cour de la maison d'arrêt de Mulhouse en 2015: "Il a mimé avec des détenus des tirs de kalach, après les évènements du Bataclan. C'était morbide... Pour ça, il a été condamné à un an de prison pour apologie du terrorisme. On voit des trucs tous les jours en prison, mais c'est quand même quelque chose de marquant, de très morbide. Ça touche."
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