Qui a dit qu'une coopérative agricole c'était ringard?

Elles ne sont plus qu'une poignée. Pourtant au sortir de la Seconde Guerre mondiale, chaque village alsacien avait sa coopérative agricole ou laitière. Les coopératives qui ont survécu donnent pourtant l'image d'une pratique commerciale dans l'air du temps.

 

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Attention, il ne faut pas confondre Coopérative agricole avec Comptoir agricole. Le Comptoir dit de Hochfelden où se trouve son siège, existe depuis 1905. Il fournit à ses adhérents, des agriculteurs exclusivement, les produits dont ils ont besoin pour cultiver leurs terres. Le Comptoir collecte également les productions agricoles pour les vendre sur le marché. La Coopérative agricole, elle, est beaucoup plus modeste. Elle s'est souvent construite après guerre pour redresser l'agriculture locale. Des paysans décidaient de mettre leurs moyens en commun pour acheter, ensemble, des semences. 

A Niederroedern, ce matin-là, pas un agriculteur à la coopérative mais des clients qui viennent chercher des sacs de sel de déneigement. Ils avancent leur voiture jusqu'au hall de stockage. Stéphanie Reheissen, employée de la Coopérative, leur décharge les sacs directement dans le coffre. Ici, on se tutoie. Le magasin est au coeur du village d'à peine 1000 habitants. On ne peut pas le rater.

On y trouve de tout, de la charentaise à l'aliment pour chien ou chat. "On sent que les gens se tournent plus vers l'élevage de poules pondeuses. On vend plus de sacs d'aliments pour les poules. Et oui, les poules ne se nourrissent pas que de nos déchets. Pour qu'elles pondent, il faut un bon aliment!". Marc Graf, gérant de la coopérative depuis presque 40 ans, veille au grain. La coopérative de Niederroedern existe depuis 1949. Elle a été créée sur le modèle coopératif développé dès le milieu du XIXème siècle par un certain Friedrich Wilhelm Raiffeisen. Le principe est simple: chaque agriculteur acquiert des parts sociales de la coopérative, il devient sociétaire et cogère l'entreprise avec l'ensemble des agriculteurs affiliés. Les adhérents coopèrent: ils touchent des dividendes (modestes, on est pas dans le CAC40!) si la coopérative fait du bénéfice, ils doivent remettre la coopérative à flot si elle perd de l'argent. Les décisions se prennent collégialement lors d'une assemblée générale annuelle.

Mais si la ccopérative a été créée par des agriculteurs, elle est ouverte à tout le monde. Elle sert souvent de commerce d'appoint pour les habitants à la recherche de bottes en caoutchouc ou d'une tapette à mouche. Véritable commerce de proximité, il est un mélange de quincaillerie et de droguerie.

Si beaucoup de coopératives ont disparu dans les années 80, concurrencées par des grandes surfaces plus modernes, ou absorbées par le Comptoir agricole de Hochfelden qui a tissé sa toile dans toute l'Alsace, il en reste quelques unes.

A Seebach, le coffre fort n'a pas bougé depuis 70 ans. Les meubles non plus. Le bâtiment est resté dans le jus. Mais les efforts déployés par le gérant du magasin et ses deux employés sont payants. La Coopérative agricole de Seebach affiche un chiffre d'affaires de 1,1 million d'euros. Alors qu'elle semblait condamnée dans les années 80, elle a repris du poil de la bête. Venu de la grande distribution, Théo Saum a essayé d'apporter à la coopérative quelques nouveautés: des sapins vendus à Noël, des décorations pour les fêtes, des plants pour le potager au printemps, des fleurs.

" Les primevères que vous voyez là viennent des serres du Sonnenhof (centre d'accueil pour personnes handicapées). Quand je vois la joie qu'ont ses personnes à produire des fleurs, je suis vriament content de pouvoir vendre leur production, explique Théo Saum. Une coopérative agricole n'est pas une entreprise privée. Notre travail est aussi social. Nous sommes là pour aider la collectivité". Ces commerces qui ont su résister trouvent aujourd'hui des raisons d'espérer. Depuis le premier confinement, de nouveaux consommateurs ont franchi les portes de ces magasins plus si ringards que ça.

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information