Dans la prison de Condé-sur-Sarthe, mardi 11 juin, Francis Dorffer, multirécidiviste, a retenu en otages un surveillant et une stagiaire. Originaire de Hayange, il a une compagne et un fils de 9 ans qui vivent près de Mulhouse.
Pour cette prise d'otages à la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne, ce mardi 11 juin, Francis Dorffer n'en était pas à son coup d'essai. En effet, c'est la sixième fois que cet homme, originaire de Hayange en Moselle, a séquestré du personnel pénitentiaire ou des psychiatres. Ses précédentes prises d'otages ont eu lieu en 2006 dans la prison de Nancy en Lorraine, en 2009 à Clairvaux dans l'Aube, en 2010 à la prison de La Santé à Paris, en 2011 à Poissy dans les Yvelines et en 2017 à Ensisheim dans le Haut-Rhin.
"On peut remarquer qu'aucune de ces prises d'otages ne s'est terminée avec une seule goutte de sang, il n'oeuvre qu'avec des armes artisanales, qui ne sont pas létales", a souligné son ancien avocat, Thomas Hellenbrand, cité par l'AFP. "Francis Dorffer mène ce genre d'action quand il se trouve dans une impasse, et qu'il estime que le peu de droits qui lui restent ont été violés."
Selon la direction de l'administration pénitentiaire, les revendications de Francis Dorffer, ce mardi 11 juin, étaient "multiples", mais "pas claires". La principale concernait un changement de médicaments, les autres, sa situation carcérale et familiale. "On était sur un magma de choses différentes" mais les propos tenus n'étaient "pas très cohérents". Francis Dorffer aurait exigé que son fils de 9 ans, qui vit avec sa compagne dans la région mulhousienne, ne soit pas placé en famille d'accueil, mais il n'a pas demandé à être re-transféré à la maison d'arrêt d'Ensisheim, afin de se rapprocher d'eux - Ensisheim où avait eu lieu sa précédente prise d'otages, il y a deux ans.
Un profil psychiatrique lourd
Agé aujourd'hui de 35 ans, Francis Dorffer est incarcéré depuis l'âge de 16 ans. Il est passé par une vingtaine de prisons différentes. Après une première condamnation pour viol, en 2000, il a écopé six ans plus tard de 30 ans de prison pour le meurtre d'un codétenu, et de 12 ans supplémentaires en avril 2018, suite à sa prise d'otages à Ensisheim. Il aurait eu une enfance très difficile, avec un père alcoolique et une mère dépassée par la situation. Après la mort par overdose de sa soeur qui s'occupait de lui, il a été placé en foyer. Et depuis, n'a presque connu que la prison. Selon une source pénitentiaire citée par l'AFP, il fait état d'un profil psychiatrique particulièrement "instable". Converti à l'islam après avoir rencontré sa compagne depuis les barreaux de sa prison, Francis Dorffer serait suivi pour radicalisation, "mais au sens très large" selon une source citée par l'AFP. Il n'aurait rien à voir avec le détenu radicalisé Michaël Chiolo, auteur d'une attaque terroriste dans cette même prison de Condé-sur-Sarthe, le 5 mars 2019.