La France est reconfinée à partir du jeudi 29 octobre, à 21 heures. L'annonce du président de la République va à nouveau impacter beaucoup de secteurs économiques, à commencer par les restaurants et les librairies.
Confinement, épisode 2. C'est pour cette mesure qu'a opté Emmanuel Macron. Au cours de son allocution présidentielle du mercredi 28 octobre 2020, il a annoncé un reconfinement du vendredi 30 octobre au mardi 1er décembre. Il lui a fallu dix bonnes minutes pour "cracher le morceau", si l'on peut le formuler ainsi, car tout le début du discours semblait consacré à un rappel des faits, semblable à un "dans l'épisode précédent..." d'une série télévisée.
Pour autant, le discours ne semble pas avoir été bien compris par tout le monde (voir dans le tweet ci-dessous). Le flou demeure notamment sur les secteurs économiques non-essentiels, appelés à fermer leurs portes dès le vendredi . Des précisions doivent être apportées par le Premier ministre Jean Castex, dans une conférence de presse donnée le jeudi 9 octobre à 18h30. Un peu tard au regard du couvre-feu (et donc du reconfinement) qui prend effet à partir de 21 heures.
Qui a compris comment allait marcher le nouveau confinement ? Je pige rien du tout
— CarcaJoul (@Joulmusique) October 28, 2020
Beaucoup de commerces restent donc dans l'incertitude, et se préparent comme ils le peuvent. Sans vision vraiment claire de ce qui les attend. France 3 Champagne-Ardenne a contacté leurs gérantes et gérants.
L'Auberge du lac du Der, en Haute-Marne
Tatiana Lacour est la gérante de l'Auberge du lac, à Éclaron-Braucourt-Sainte-Livière (Haute-Marne). Elle sert des spécialités russes et ukrainiennes au lac du Der, fort touristique. "Je suis un peu déboussolée, on a fait des stocks pour le week-end. On va avoir pas mal de dates arrivant à échéance, pour les viandes, le poisson... Mon boucher a appelé : c'est commandé, il ne reprend pas. Il me livre vendredi... Le président aurait pu nous le dire avant. Il aurait pu aussi confiner à partir de lundi prochain, pour qu'on écoule le stock ce week-end."
"J'attends les instructions de ce soir. J'ai mes deux cuisinières avec moi, on va voir si l'on pourra faire de la vente à emporter, si l'on pourra travailler un peu. Au printemps, je n'avais pas pu car mes cuisinières étaient bloquées à l'étranger. C'est dommage de devoir fermer, car on avait du monde grâce à la fête des grues. Et les mesures sanitaires étaient très respectées chez nous." Elle relativise. "Heureusement, on est une petite structure, je n'ai pas beaucoup d'employés. Ça va aller, je pense..."
La librairie Rimbaud, dans les Ardennes
Régis Lefranc est le directeur général de l'emblématique librairie Rimbaud de Charleville-Mézières (Ardennes). "Ce jeudi, on ouvre aux horaires normaux. Et depuis l'ouverture, c'est déjà bondé... À partir de demain, on ferme au public. On va mettre en place un drive. Les clients pourront commander par téléphone, messagerie, ou sur le site. Dans un premier temps, leurs commandes concerneront notre stock. Dans un deuxième temps, on va voir comment la filière du livre s'organise pour qu'on puisse nous-même commander ce qu'on a pas ou plus. Je suis confiant : les écoles et collectivités restent ouvertes, donc on devrait pouvoir commander..."
Le précédent confinement avait prouvé que la culture, la lecture, était essentielle. Mais le gérant comprend la position du gouvernement qui ferme les librairies. "On est logé au même titre que les magasins non-alimentaires. C'est normal qu'on ferme si on ne veut pas contribuer à infecter plus de gens. Même si je peux vous dire qu'avoir un peu de loisir, ça peut faire du bien. Le précédent confinement, il y avait le soleil. Là, on est entre quatre murs. La lecture, ça aide."
King Jouet, dans la Marne
Cédric Proix est le gérant du King Jouet de Sainte-Menehould (Marne). "On est débordés d'appels, plein de gens posent des questions... On les rassure, on peut passer en drive dès demain. On leur a déjà livré le catalogue de Noël, ils peuvent commander sur le site Internet ou la page Facebook de King Jouet... Ils pourront venir en voiture retirer leur commande." Ce sera comme aller au McDonald's du jouet, en somme...
"On comprend tout à fait qu'on n'est pas un commerce essentiel, que ce soit pareil pour tout le monde. Ce qu'on ne comprend pas, c'est pourquoi les grandes surfaces peuvent rester ouvertes pour vendre des jouets. C'est moins dangereux de répartir des clients entre plusieurs petits magasins que dans un grand... La fin d'année, c'est 50 à 60% de notre chiffre d'affaires, on a déjà perdu énormément d'argent avec le confinement de Pâques. On réfléchit à ce qu'on va faire vendredi. Peut-être ouvrir de manière hors-la-loi, ou aller bloquer les rayons jouets des grandes surfaces..."
Mr. Bricolage, dans l'Aube
Il y a du monde au Mr. Bricolage de Nogent-sur-Seine (Aube). Si bien qu'une des caissières remplace le patron pour répondre aux questions. "On a plus de monde que d'habitude. Mais ce n'est pas une ruée non plus, ça va. Les gens achètent vraiment de tout, c'est difficile de fournir une liste précise. Il est prévu que le magasin reste ouvert, comme pendant le précédent confinement." Avant de devoir raccrocher prématurément, la clientèle s'impatientant.