Depuis les années 1980, le nombre de cas de rougeole avait très fortement diminué. Mais cela fait quelques années que le virus, qui peut s'avérer très dangereux, fait de nouveau parler de lui, particulièrement dans le Grand Est, une des régions de France les plus touchées.
Elle n’a jamais vraiment disparu, mais depuis les années 1980, le nombre de cas était en chute libre : en moyenne moins de 3.000 par an en France ces dix dernières années, contre 300.000 à 500.000 personnes infectées par an (selon les estimations) avant l’introduction de la vaccination. Mais depuis 2015, le virus de la rougeole fait son retour.
"On a une nette recrudescence" constate le docteur Dimitar Tchomakov, chef des urgences pédiatriques de l’hôpital de Hautpierre à Strasbourg. Deux explications à cela d’après lui : "La migration de gens qui viennent de pays étrangers où la vaccination n’est pas aussi développée qu’ici et une certaine défiance ici, en France, envers les vaccins. On a eu des cas de rougeole d’enfants nés en France que leur parents n’avaient pas fait vacciner."
"C’est comme une grippe avec une éruption de boutons à la fin"
La maladie touche principalement les jeunes enfants mais les adultes peuvent aussi la contracter. Les premiers symptômes de la rougeole sont les mêmes que pour une grippe. Ecoulements nasals, fièvre…Au bout de 3 jours environ, des boutons rouges apparaissent sur tout le corps ce qui permet de caractériser la maladie. Dans certains cas, elle peut engendrer des troubles neurologiques graves et entraîner la mort du patient. Au XXe siècle, c’était la maladie infectieuse qui causait le plus de morts infantiles. Selon l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, 800.000 personnes meurent encore chaque année de cette maladie dans le monde, essentiellement en Afrique.
Une maladie très contagieuse et dangereuse mais…
En France, trois personnes sont mortes de la rougeole en 2018. "On n’a eu aucun cas compliqué à traiter, sur la trentaine d’enfants qui sont passés par les urgences pédiatrique de l’Hôpital de Hautpierre depuis deux mois, tempère le docteur Tchmako, il ne faut pas négliger cette épidémie de rougeole mais il ne faut pas oublier non plus que la grippe et la bronchiolite touchent beaucoup plus de monde et peuvent être au moins aussi graves chez les jeunes enfants avec des complications respiratoires sévères."La rougeole étant une maladie à déclaration obligatoire, chaque cas doit être signalé à l'ARS (l’Agence régionale de santé). "Et nous devons essayer de retrouver et de contacter toutes les personnes qui ont été en contact avec le malade" explique le docteur Tchomakov. Un travail supplémentaire, long et fastidieux pour des services hospitaliers déjà débordés. Le pédiatre conseille donc de se rendre d’abord chez son médecin traitant avant de venir aux urgences en cas de suspicion de rougeole.
Aucun traitement contre la maladie
Une fois la maladie déclarée, il n’y a aucun traitement spécifique. "On ne peut traiter que les symptômes avec antipyrétiques (médicaments contre la fièvre, ndrl) et des lavages de nez chez les nourrissons." explique le docteur Tchomakov. Seule la vaccination permet de se protéger contre la maladie rappellent les autorités de santé. Fortement recommandé depuis 1983, le vaccin est même obligatoire depuis 2018.Appelé ROR pour Rougeole-Oreillons-Rubéoles, c’est un vaccin trivalent qui permet de se protéger contre ces 3 maladies. Mais la défiance envers les vaccins augmente et certains choisissent de ne pas faire se faire vacciner ou de ne pas faire vacciner leurs enfants. Devant la recrudescence des cas en Alsace et dans le Grand Est, une des régions les plus touchées, l’ARS lance d’ailleurs une campagne d’information sur la vaccination. Chez nos voisins allemands, également concernés par cette recrudescence, la vaccination contre la rougeole devient obligatoire.