Les deux listes de gauche aux élections régionales de juin 2021 n'ont pas trouvé d'accord de fusion. Aurélie Filippetti (liste L'appel inédit) a annoncé vendredi 7 mai qu'elle déposera sa liste dès mardi 11 mai. Il n'y aura pas d'alliance avec la liste d'Eliane Romani (Il est temps - EELV, PS, PC).
C'est la fin, vendredi 7 mai 2021, de plusieurs semaines de tractation entre les deux listes de gauche, en lice pour les élections régionales de juin 2021 :
- la liste L'Appel inédit, menée par Aurélie Filippetti, ancienne ministre PS, une liste d'union de gauche avec des socialistes et des membres de La France Insoumise, mais en "passant outre les appareils politiques"
- la liste Il est temps, menée par Eliane Romani, ancienne adjointe au maire de Thionville (Moselle) liste d'union Europe-Ecologie-Les-Verts, PS et PC
Aurélie Filippetti a donc annoncé ce vendredi 7 mai qu'elle déposera sa liste mardi 11 mai à Strasbourg et elle officialisera ainsi sa candidature.
Depuis plusieurs semaines, une alliance était pourtant envisagée avec Eliane Romani, notamment pour l'emporter face à la droite et à l'extrême droite lors des deux tours de scrutin, prévus les 20 et 27 juin. Un sondage Harris Interactive réalisé le 19 avril 2021 crédite L'Appel inédit de 10% d'intentions de vote, et Il est temps de 16%.
Mais surtout, ce sondage ravive le spectre de 2015 en plaçant le Rassemblement national en tête, avec 28% des voix. Le maire PS de Nancy, Mathieu Klein, en est conscient : "Il n’y aura pas de solution sans alliance, face à l’extrême droite", affirme-t-il dans les colonnes de nos confrères de l'Est Républicain.
L'addition mécanique des scores des deux listes de gauche pouvait permettre un beau 26% au premier tour, au coude-à-coude avec la liste LR de Jean Rottner et la liste RN de Laurent Jacobelli.
Mains tendues ?
En déplacement à Nancy (Meurthe-et-Moselle) vendredi 7 mai, l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot est venu apporter son soutien à Eliane Romani. Pour lui, il n'y avait pas d'ambiguité quant à leur volonté d'une gauche unie. "La main est tendue [vers Aurélie Filippetti, ndlr] pour qu'elle nous rejoigne et pour faire gagner l'écologie, le social, la démocratie dans le Grand Est," affirme Yannick Jadot.
Pourtant, la liste emmenée par EELV jouerait un double-jeu. "Eliane Romani ne veut pas d'union avec nous, se défend Aurélie Filippetti. Nous avons fait des heures de discussions inutiles, j'ai même proposé de céder la tête de liste à son profit." Aurélie Filippetti prête aux écologistes une obstination hégémonique. Forts de leurs résultats dans plusieurs grandes villes de France aux municipales 2020, les Verts veulent être prépondérants dans les négociations.
Et Yannick Jadot est dans cette mouvance. Au lendemain des élections européennes de 2019, où les Verts ont terminé 3e avec 13,5% des voix, il affirme qu’une chose est exclue : "Se mettre autour d’une table entre anciens partis du XXe siècle pour faire des accords, des machins, des trucs". 160 personnalités écologistes et de gauche avaient signé une tribune contre "le pêché d'orgueil et d'isolement" de Yannick Jadot et d'EELV.
Depuis 2015, la région Grand Est connait une majorité menée par Les Républicains et ses alliés de droite et du centre. Philippe Richert, président de 2015 à 2017, a été remplacé par Jean Rottner.