S'isch schrecklisch ! Chronique villageoise à l'heure du coronavirus

Les Alsaciens sont passés de l'insouciance à l'état de choc. En Alsace du nord, à Schleithal, les cloches ont sonné les douze coups de midi, mardi 17 mars, donnant le signal de départ du confinement. Cette chronique bilingue vous fera vivre le quotidien de villageois à l'heure du coronavirus.
 

Entre dimanche 15 mars, premier tour des élections municipales et lundi 16 mars, date de l'annonce du confinement par le président de la République, les Alsaciens sont passés de l'insouciance à l'état de choc. En Alsace du nord, à Schleithal (Bas-Rhin), ce mardi 17 mars, les cloches de l'église ont sonné les douze coups de midi, donnant le signal de départ du confinement. Cette chronique en français et en alsacien vous fera vivre le quotidien de villageois alsaciens à l'heure du coronavirus.
 

Ce matin, 7 heures, le dépôt de pain de « Nounours » au coin de la rue est ouvert. Trois à quatre personnes se saluent timidement. Presque gênées d'être là. Sur le trottoir, trois voisins discutent à bonne distance, on évoque un premier cas de coronavirus dans la commune, rumeur ou réalité, nul ne sait vraiment. Mais tout le monde est d'accord sur un point : «  Sisch àbs ! Là, ça se corse !».
 

Dans le village, la donne a complètement changé. Deux jours plus tôt, on pouvait voir sur France 3 Alsace, dans le journal régional, des scènes de joie, des images de regroupements dans la toute proche mairie de Wissembourg, après l'annonce des résultats du premier tour. La journaliste qui assurait le duplex sur place, en était clairement gênée. Pourtant, depuis quelque jours déjà, les messages de distanciation, de non-regroupement, étaient diffusés sur toutes les télévisions et tous les réseaux sociaux de France. Ces images de premier tour donnaient l'impression que, visiblement, à la campagne, personne n'avait vraiment pris la mesure de la gravité de la situation.

Deux jours plus tard, après l'allocution du président de la République, la donne a radicalement changé. Au supermarché de la commune voisine, à Seebach, le gérant du magasin, Pascal Schellhorn a installé des panneaux d'information avec les directives officielles contre le coronavirus.
 
Il propose, à l'entrée du magasin, du gel hydroalcoolique à tous ses clients et leur demande de respecter deux mètres de distance avec les autres. Il rappelle qu'il n'y aura pas de pénurie de denrées alimentaires dans son magasin. « Es nutzt nix so viel Scheisspàpier ze kàffe, mehr han genung !». Il exhorte lui aussi les clients à ne pas acheter plus de papier toilette que nécessaire. Il dispose également d'un service de livraison à domicile et propose à tous, et en particulier aux personnes âgées, de l'appeler ou de lui envoyer un mail avec leur liste de courses.

A peine quelques mètres plus loin, au bureau de tabac, une seule personne à la fois est tolérée dans le magasin. On croise les premiers clients avec des gants jetables ou des masques.
 
Retour à Schleithal. La dernière supérette y a fermé ses portes il y a quelques mois mais heureusement, il reste un boucher et un boulanger qui gère deux dépôts de pain et qui, en plus, fait une tournée dans tout le village en camionnette. A la boucherie Sigrist, quatre clients attendent sagement, calmement sur le trottoir à au moins un mètre de distance chacun. Dans le magasin, des lignes fraichement tracées au sol permettent aux clients de respecter le mètre de distance règlementaire.
 

C'est sûr, quelque chose a changé. Un son familier résonne au loin. C'est le coup de klaxon de la camionnette de la boulangère Valérie qui fait sa tournée. Elle sera au rendez-vous tous les jours, comme d'habitude, au bord du trottoir le long de l'interminable rue principale de Schleithal, pour vendre son pain. Trois coups de klaxon, c'est elle : « De Bäcka isch do » ! Un son rassurant pour les villageois projetés en quelques jours dans un monde irréel.

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