Témoignage. Coronavirus : "j'espère que tout l'Ehpad ne va pas mourir"

Quelques jours après la mort de 22 résidents, certainement touchés par le virus covid19,  Stéphanie Rémiatte, la directrice de l'Ehpad Saint-Dominique de Mars-la-Tour en Meurthe-et-Moselle témoigne. Pour elle, "la situation est toujours douloureuse".

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Le coronavirus a donc réussi à s’infiltrer dans le bâtiment de l'Ehpad Saint-Dominique de Mars-la-Tour (Meurthe-et-Moselle). En une semaine, probablement à cause du Covid-19, 22 résidents sont morts. Depuis ce terrible vendredi 17 avril 2020, là-bas, la vie sous confinement est devenue insupportable.

C'est un enfer.
- Stéphanie Rémiatte, directrice de l'Ehpad

"On n'a pas l'habitude. On les voit partir les uns après les autres, du jour au lendemain. C'est trop violent", raconte Stéphanie Rémiatte. Ce 17 avril, le personnel et les familles ne sont pas près de l'oublier: "des cercueils scellés, sortaient tout au long de la journée". En France, l'épidémie a franchi les portes des Ehpad." Ici, je ne sais pas ce qui a pu se passer. On respecté les consignes, on a mis les masques".

Une équipe qui reste soudée

Même si le quotidien est bouleversé, "toute l'équipe reste soudée". "Je ne veux pas être en colère", explique la directrice, "alors je suis entre tristesse et émotion. Ce qui est sûr, c'est que c'est une catastrophe sanitaire. Vous voyez, on a eu en quinze jours autant de morts qu'en une année".

Tout le monde a le virus. C'est une sale vacherie.
- Stéphanie Rémiatte, directrice de l'Ehpad de Mars-la-Tour

Le personnel et les patients ont été testés mardi 14 avril. Une vingtaine de soignants sont, ou ont été, contaminés. Et 80% des résidents sont positifs. Des tests qui arrivent peut-être un peu trop tard.

Le 6 mars, le plan bleu était activé dans tous les Ehpad de France. Tout de suite Stéphanie Rémiatte prend la décision d'interdire les visites. A ce moment-là, elle est bien loin d'imaginer la suite. Les larmes aux yeux, elle explique, "pour les familles le processus de deuil est complètement chamboulé. Vous vous rendez compte, elles n'ont pas vu leurs proches, père, mère, où grands-parents. En fait, ils nous ont tous quittés en cercueil, devant nous, sous nos yeux ébahis".
 

A un moment, c'est vrai tout le monde a été dépassé.
-Stéphanie Rémiatte

De son côté, le personnel hésite entre affection, affliction et envie de travailler. "C'est sûr que la colère est un peu montée à cause de l'absence des masques chirurgicaux, comme s’il y avait eu une prise de conscience trop tardive. Ce qui est sûr c'est qu'au début de la crise on avait oublié les 'vieux' des Ehpad".

J'espère que tout l'Ehpad ne va pas mourir.
-Stéphanie Rémiatte

"Maintenant il faut faire pour le mieux pour les vingt-cinq résidents qui sont encore là" , explique la directrice, très émue. Vendredi 17 avril, cinq résidents ont été évacués in extremis vers les centres hospitaliers de Joeuf et Moyeuvre-Grande. Depuis, l'Agence Régionale de Santé, a mobilisé un médecin et une infirmière hygiénistes pour renforcer l'équipe médicale.

Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a annoncé dimanche 19 avril que les familles pourraient à nouveau rendre visite à leurs familles dans les Ehpad, dans des conditions toujours "extrêmement limitées".
 
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