TENDANCE : les épiceries de produits en vrac se multiplient pour lutter contre le gaspillage alimentaire et les déchets

A Troyes, Charleville-Mézières ou Reims, le vrac fait recette. Les grandes surfaces sont présentes sur ce segment de marché et des boutiques, d'indépendants ou de franchisés, se sont ouvertes depuis 2018. Le vrac constitue un mouvement de fond que la crise sanitaire n'a pas vraiment ralenti.

La ville de Troyes, dans l'Aube, compte aujourd'hui deux boutiques, spécialisées dans le commerce en vrac. Aurélie Perraudin tient l'une d'elles. Elle a ouvert, "Mademoiselle Vrac", rue de Turenne, en octobre 2019. "Il y a de la place, pour tout le monde, dit-elle. Depuis mon ouverture, je n'ai pas arrêté de m'étendre."

Si cette jeune maman s'est lancée dans cette aventure, c'est parce qu'après des années de travail dans la grande distribution, elle a voulu être en accord avec ses valeurs, sa façon de vivre. "Alors qu'on voit ce qu'on jette, qu'on ne donne pas, il faut se mettre à acheter utile, sans stocker. Ça permet de tester, de varier, de ne pas oublier tout ce qu'on a dans les placards."

Avec la crise sanitaire, les gens se reconcentrent sur leur façon de vivre, plutôt que de consommer. Ils ont compris que les poubelles ont un coût, et qu'il faut éduquer les générations futures.

Aurélie Perraudin, gérante de "Mademoiselle Vrac, à Troyes


Commerçante indépendante, elle a rejoint le réseau "Mademoiselle Vrac" pour s'appuyer sur la sécurité qu'il représente. Elle y est d'ailleurs boutique test, depuis quelques semaines, à l'occasion du lancement de la centrale d'achat, lancée par le réseau, avec le groupe Webulk.


Un mouvement de fond

Claire Toutain est co-présidente du réseau "Mademoiselle Vrac", qu'elle a fondé, avec sa sœur Noémie Hernot, en 2017. "A l'époque où nous avons lancé notre entreprise familiale, explique-t-elle, le vrac était tendance. Aujourd'hui, c'est durable, car il y a une prise de conscience, une obligation à consommer de cette manière avant qu'il soit trop tard".

Claire Toutain a pu constater que de plus en plus de porteurs de projets, et de plus en plus de clients se manifestent. Et, si à l'époque de l'ouverture de la première boutique, à Royan, dans le département de Charente-Maritime, les banques se montraient prudentes dans leur accompagnement de tel projet, aujourd'hui, elles se montrent plus favorables. Dix magasins sont déjà ouverts un peu partout dans l'hexagone. Au mois de juin prochain, on en comptera quinze.

Consommer juste la quantité, dont on a besoin, le concept séduit en effet de plus en plus de consommateurs. "C'est au point où face au succès remporté, trois de nos franchisés ont ouvert une deuxième boutique, indique avec satisfaction, Claire Toutain. On fréquente les boutiques de 18 à 70 ans, mais selon les âges, on ne vient pas pour la même chose.

De plus en plus de clients se présentent avec les contenants. Les personnes seules peuvent s'approvisionner en petites quantités. Les jeunes mamans sont très intéressées par la provenance des produits, le conseil. Il y a création de lien, et la conscience écologique se développe. Et, à côté de l'alimentaire, on constate que les produits pour l'hygiène, l'entretien, les cosmétiques, les accessoires aussi prennent une grande part de nos ventes, à hauteur de 50%."


Comparer les prix, à qualité égale

A Reims, Marilène De Sa Ramos a ouvert sa boutique "Day by Day" en mai 2018. Elle est indépendante et franchisée. Elle n'est pas rémunérée par le réseau. Elle a monté son projet, avec son argent. Mais la franchise lui offre un accompagnement et l'occasion de mutualiser un maximum de références, un millier environ. Plus de 350 de ses produits sont bio, et, à 75% , ils sont d'origine française.
 

Les gens sont surpris par les prix. A qualité comparable, je suis 5 à 30% moins cher qu'en grande surface ou en magasin bio.

Marilène De Sa Ramos, gérante de la boutique "Day by Day, à Reims


"Les clients viennent découvrir l'entièreté de la gamme. Certains, ponctuellement, sont intéressés par certains produits. Mais le but, c'est de réduire les déchets, même si le zéro déchet est inatteignable, explique-t-elle. En achetant en vrac, on évite le gaspillage alimentaire et on ne perd pas d'argent. Quand on a besoin de poudre d'amandes ou de noisettes, on achète seulement la quantité nécessaire". Comme un certain nombre d'indépendants, Marilène De Sa Ramos a souffert de la crise sanitaire, mais elle a pu compter sur un noyau dur de clients. "Ça va, dit-elle,l'offre du vrac est de plus en plus importante, un peu partout, y compris en grandes surfaces. C'est de plus en plus accessible."


Le coût des emballages

Jusqu'en septembre 2018, il n'y avait pas de boutique de vrac à Charleville-Mézières, dans le département des Ardennes, jusqu'à ce que Marielle Liguori décide de s'installer, rue du Petit-Bois, en tant que gérante indépendante de "Gram". "Il y avait trop de déchets, quand on partait faire les courses. Avant d'avoir consommé, on avait rempli une poubelle de plastiques et de cartons."

A l'époque de cette prise de conscience, Marielle Liguori était assistante de gestion. A l'occasion d'un déplacement, à Strasbourg, elle a découvert ce qu'était une boutique de vrac. Cela l'a décidé à faire une reconversion et elle a ouvert "Gram". "Ça manquait, à Charleville-Mézières. Cela marche bien, et ça pourrait être encore mieux, mais on a enregistré un petit recul avec la crise sanitaire".

Bien qu'indépendante, la commerçante s'appuie sur un réseau vrac. Elle s'est agrandie et affirme que le vrac n'est pas si cher, car on ne paie pas les emballages. "Les clients qui achètent des épices, viennent avec les contenants, et lorsqu'ils passent en caisse, ils sont toujours étonnés. Mais, il y a un a priori sur les prix."


Des produits locaux

Les partisans du vrac ont la volonté de réduire les déchets, mais pas seulement. Ils veulent bien manger, privilégient les circuits courts. C'est pourquoi, la gérante de "Gram" propose sur ses étagères des produits ardennais. Elle vend donc des pois cassés, des lentilles, de la farine, des pâtes et autres accessoires, zéro déchet. Et au-delà des trentenaires et jeunes parents qui fréquentent sa boutique, ce sont maintenant les producteurs qui prennent contact avec Marielle Liguori pour écouler leurs productions.

Dans l'Aube, également, "Mademoiselle Vrac", commercialise des légumes secs, du miel, de l'huile et du vinaigre, produits localement. La boutique va même jusqu'à proposer des accessoires fabriqués avec des chutes d'acier. Aurélie Perraudin, la gérante, considère que dans le Grand Est, le vrac n'est pas encore très représenté, mais la formule séduit de plus en plus de consommateurs.
 

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