Champion extraordinaire en 2012, Yannick Agnel a annoncé dimanche sa retraite internationale dans la foulée de son élimination en série du 200 m nage libre des JO de Rio. Il s'alignera encore avec le relais 4x200 m libre mardi.
"Vu les quatre dernières années que je viens de passer, si je m'en retape encore quatre comme ça, vous allez me retrouver entre quatre planches. Donc, il ne vaut mieux pas (continuer)", a dit avec beaucoup d'émotion et de tristesse, Yannick Agnel, qui disputera le relais 4x200 m avant la fin effective de sa carrière.
Le héros des Jeux de Londres n'a plus rien à voir avec le super champion qu'il a été. A 24 ans, il est en bout de course et s'arrête. Une histoire qui ressemble à celle d'une autre star de la natation française, Laure Manaudou, retraitée à 22 ans après des années riches de succès mais trop éprouvantes psychologiquement. "Vous ne pouvez pas imaginer à quel point ça a été difficile ces quatre dernières années. J'ai vécu des moments de bonheur qui m'ont sauvé la peau, mais sportivement, ça n'a pas été une mince affaire", a-t-il souligné.
Agnel s'était fait remarquer en 2009, à 17 ans, alors qu'il rivalisait avec les meilleurs en slip de bain en pleine euphorie des combinaisons en polyuréthane. Originaire de Nîmes, il s'est installé à Nice où il s'entraîne alors avec Camille Muffat -la championne olympique en 2012 sur 400 m libre disparue tragiquement le 9 mars 2015- sous la direction de Fabrice Pellerin.
Son ascension est impressionnante. Très talentueux et incroyablement aquatique, il écrira les plus belles pages de la natation française aux JO-2012 avec trois médailles (2 en or sur 200 m libre et 4x100m libre, 1 en argent avec le 4x200 m
libre). "Ce qui est marrant, c'est qu'avant le début des Jeux de Londres, on s'était dit avec Camille (Muffat) qu'on s'arrêterait de nager si on était champion olympique", se souvient-il dans un entretien à l'AFP. Mais la magie a tout effacé et le duo reprend le chemin des bassins en septembre 2012.
La rupture avec Pellerin
En avril 2013, c'est le clash avec Pellerin. "J'aurais bien aimé continuer l'histoire mais les choses ne se sont pas passées de la manière dont je l'avais imaginé. Malheureusement", estime-t-il alors. Tellement las, il a songé à arrêter, puis s'est lancé dans l'aventure américaine à Baltimore avec Bob Bowman, le mentor de Michael Phelps. "Partir aux Etats-Unis m'a vraiment sauvé. Soit, je prenais cette décision, soit, c'est ma santé qui était en péril", racontait alors Agnel. Et puis Phelps, qui avait mis un terme à sa carrière après les JO de Londres, est revenu. Et Oussama Mellouli, le champion olympique tunisien en titre sur 10 km, était là lui aussi.
Au Mulhouse Olympique Natation depuis 2014
Agnel rentre en France en septembre 2014, avec une médaille d'or mondiale sur 200 m libre, glanée en aout 2013. Mais aussi 10 kg en trop et proche du burn-out. Il se pose alors à Mulhouse où il s'entraîne sous la direction de Lionel Horter.
Agnel reçoit un choc émotionnel avec la disparition accidentelle de Camille Muffat. Il renoncera aux Mondiaux-2015, perturbé par une pleurésie.
En avril 2016, il obtient un billet pour défendre son titre à Rio après un imbroglio aux Championnats de France. Mais sa superbe technique de nage a disparu. Il n'avance plus. Depuis les Championnats du monde en 2013, il n'a plus rien gagné. Nombreux sont ceux qui ont estimé que la seule façon pour Agnel de redevenir compétitif était de revenir sous la coupe de Pellerin.
"Yannick a beau dire ce qu'il veut maintenant, je l'adore, c'est mon meilleur ami. Mais il n'a jamais autant réussi qu'avec Fabrice parce qu'il était bien encadré, qu'il fallait lui répéter 50.000 fois: +arrête de manger au Macdo, arrête de faire
ci, de faire ça+. Yannick c'est encore un enfant", témoigne la nageuse Charlotte Bonnet.
Yannick Agnel n'en a pas fini pour autant avec les Jeux de Rio. Il s'alignera avec le relais 4x200 m libre mardi. Un dernier défi avant la sortie des bassins.