C'est l'amitié entre l'Alsace et l'Irlande. Depuis quelques décennies, des Irish pubs se sont implantés un peu partout, et des musiciens s'adonnent avec bonheur au folk irlandais. Parmi eux, le groupe bas-rhinois Aleceltique répète avec fougue pour le 17 mars, fête irlandaise de la St-Patrick.
Il y a près de 1500 ans, des moines irlandais sont venus évangéliser l'Alsace, et fonder les premières églises. Aujourd'hui, la fascination des Alsaciens pour l'île verte est plus prosaïque, et se résume en quelques mots : fête, bière et musique. Dans les Irish pubs, les bières irlandaises (la brune Guiness ou la rousse Killian's, parmi tant d'autres) coulent à flots, et quelques groupes de musiciens folk s'efforcent de recréer les sonorités et la joyeuse énergie des chansons traditionnelles irlandaises, accent "so irish" compris. Parmi eux, le quintet Aleceltique, qui s'est formé il y a deux ans, pour le plaisir de jouer des airs irlandais.
Ils viennent de Saverne, Haguenau, Schiltigheim, Dorlisheim et Urbeis, et se retrouvent de temps en temps, pour répéter ensemble dans un garage, lorsqu'ils ont un concert en vue. Au départ du groupe Aleceltique, il y a Guy Hueber, guitariste, et son fils Benjamin, au violon. En cherchant un troisième larron sur internet, pour former un groupe, ils ont trouvé Marie Dietrich, qui maîtrise la flûte irlandaise, la "tin whistle" ("sifflet en fer blanc") à la sonorité si particulière. Elle en possède toute une panoplie : "Il en faut une par tonalité, explique-t-elle. Si un morceau change de tonalité en plein milieu, je change de flûte. La plupart du temps, pour la musique irlandaise, on prend une flûte en ré. Mais il y en a d'autres en si bémol major, ou en do."
Par la suite, lorsqu'ils ont trouvé leur chanteur Jérémie Fernique, également guitariste, Guy a abandonné sa propre guitare pour le banjo. Et Jérémie, pourtant bon anglophone, a dû s'imprégner de l'accent irlandais pour pouvoir interpréter correctement les chansons du répertoire. "Au début j'ai eu beaucoup de mal pour la prononciation, confie-t-il. Et les auditeurs ne me comprenaient pas. L'irlandais, c'est de l'anglais où on mange la moitié des mots." Pourtant, c'est bien ce type de prononciation qui donne un gage d'authenticité. Ainsi, avant de commencer à travailler un nouveau morceau, il écoute en boucle des enregistrements réalisés par des groupes irlandais, jusqu'à s'être totalement approprié l'intonation, l'accent et le rythme.
Le batteur, Didier Renaudet, a fait partie de groupes de musique extrêmement variés. Pour lui, interpréter du folk irlandais est vraiment la preuve que "la musique est un langage universel". De plus, il est revenu totalement enchanté de deux séjours en Irlande : "Partout, j'ai entendu de la belle musique, et vu des paysages splendides. Mer, montagne, c'est très varié. Et les gens sont très amicaux."
Ces musiciens venus d'horizons et de formations diverses se sont retrouvés par amour pour cette musique qui leur tient particulièrement à cœur, car elle est joyeuse et vive, et invite à la danse. "Lorsqu'un ami me demande de lui jouer un morceau de violon, si je lui interprète du classique, il me remercie poliment, sourit Benjamin Hueber. Mais si je joue un air irlandais, il se met immédiatement à taper du pied. C'est une musique entraînante et accessible à tous."
Ce jeudi 14 mars à 21h, ainsi que pour la St-Patrick, ce dimanche 17 mars à 20h, le groupe Aleceltique se produira au bar L'Intenable à Obernai. Un autre concert est prévu pour le samedi 15 juin, au château de Wilwisheim, où le groupe dévoilera aussi une autre facette de son répertoire : du folk breton.