VIDÉO - Urbex : visite clandestine d’une auberge abandonnée avec deux pratiquants alsaciens

La passion des urbexeurs : visiter les bâtiments abandonnés. Pour comprendre cette tendance qui prend de l'ampleur, nous avons suivi deux explorateurs alsaciens dans l'une de leurs expéditions. Reportage dans une vieille auberge délaissée.

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« On va passer par le parc pour rester discret et ne pas se faire repérer. » Baskets aux pieds et pantalons de treillis, Mike Verdier et Laura Lavallée s’avancent en direction d’un vieux portail de bois, a semi-ouvert. Le jeune couple longe une petite allée boisée à l’arrière d’une imposante bâtisse à colombages, coincée entre une départementale fréquentée et des bâtiments administratifs. Une porte est ouverte. Après quelques vérifications d’usage, ils s’engouffrent dans l’édifice, en passant par les sous-sols. Chacun allume sa lampe torche. L’exploration peut commencer.
 
Mike Verdier, 24 ans, et Laura Lavallée, 19 ans, ne sont pas des cambrioleurs. Mais des urbexeurs. Comprendre : des passionnés de lieux délaissés. Depuis un an et demi, c’est ensemble qu’ils pratiquent ses explorations clandestines dans des lieux insolites. « J’ai découvert l’urbex avec des amis, raconte Mike. Ils savaient que j’avais un intérêt pour tout ce qui relève du paranormal, alors ils m’ont emmené visiter une vieille maison abandonnée. Depuis j’y ai pris goût. »
 

 

« Avant, c’était une auberge-restaurant »

Le couple progresse lentement dans l’obscurité. La poussière virevolte dans l’air. Le bruit des gouttelettes d’eau tombant sur les dalles perturbe le silence du lieu. En poussant une porte, les vestiges d’une ancienne auberge au style alsacien se dévoilent. Une cuisinière tombée en désuétude, un vieux four en bois rouillé, une cheminée qui n’a plus servi depuis des années. « Avant, c’était une auberge-restaurant. Elle a fermé en 2007 et depuis, elle n’a pas trouvé de repreneur. Alors elle est laissée à l’abandon », explique Laura, en examinant les meubles ravagés par le temps qui habillent les pièces. Elle s’amuse à imaginer le cuisinier d’époque en train de faire chauffer des tartes flambées.
 

« On trouve encore beaucoup d’assiettes, même si certaines ont été jetées par terre par des gens mal intentionnés. Les vieilles chaises en bois sont aussi restées et les tonneaux à vin dans la cave sont encore intacts », détaille Mike, qui travaille lui-même dans la restauration. « J’aime particulièrement ce genre de lieu, où l’on peut se plonger dans l’histoire, enchaîne Laura. Un jour, on est tombé sur de vieux journaux datant de 1976. »

Une règle : le secret

Il a fallu de minutieuses recherches pour que ces Alsaciens trouvent ce spot.  « L’une des règles de l’urbex, c’est de garder secrète la localisation, explique Laura. On reçoit souvent des messages sur notre page Facebook pour nous demander une adresse. Je regarde le profil de la personne, si elle dispose d’une page Facebook ou d’un compte Youtube consacré à l’urbex. On échange des informations qu’avec des gens de confiance. »
 
Dans l’exploration urbaine, l’enquête fait partie du jeu. « Pour découvrir de nouveaux lieux, il faut faire des repérages. Certains signes ne trompent pas : des vitres brisées, des végétations non entretenues, beaucoup de feuillages... »
 

Dans le bureau de l’auberge, des manuscrits et des documents administratifs éparpillés recouvrent le sol. La pièce a manifestement été plusieurs fois fouillée. Mike s’arrête sur un imprimé. À la lumière de sa lampe torche, il contemple sur feuille une reproduction de l’auberge. « C’est un indice pour nous aider à imaginer comment ça devait être la vie dedans, autrefois. »

Des pièces pillées

Il est 15h. Le couple, plutôt habitué aux périples nocturnes, décide de prendre les escaliers pour visiter l’étage. Le bois craque sous le poids de chaque pas. Laura fait la grimace : « durant notre dernière exploration, une amie a failli traverser le plancher en utilisant les escaliers. J’ai eu très peur, ça m’a traumatisé. » Avec son petit ami, ils visitent jusqu’à deux sites par semaine lorsqu’ils en ont l’occasion. Malgré les risques de la pratique.
 

En découvrant les chambres, plutôt bien conservées, la jeune femme s’étonne que les télévisions et les matelas soient encore en place. « D’habitude, ce sont les premières choses pillées », explique-t-elle en connaisseuse. Les luminaires, eux, n’ont pas survécu aux dégradations. Des débris de verre jonchent le sol, cohabitant avec des mégots écrasés. Vraisemblablement, les lieux ont servi de squat. La peinture s’écaille par endroits, la tapisserie se décolle des murs. La décoration est passée d’âge.

« J’aime à la fois le grand frisson et les belles photographies »

La visite s’achève dans les caves humides de l’ancienne auberge. Dans ses labyrinthes sans fin se nichent les trésors les plus étonnants de l’établissement. Un ancien hammam, des banquettes en velours, des peintures et une immense cave à vin. « Ici, c’était la cave du meilleur jeune sommelier de 1979 », apprend Laura en lisant un diplôme posé sur un tonneau. Mike, quant à lui, a sorti un détecteur de champs électromagnétiques, pour détecter les esprits. De l’autre main, il immortalise les vestiges avec son téléphone. « J’aime à la fois le grand frisson et les belles photographies. On les poste sur notre page Facebook. »
 

Après deux heures d’exploration, il est temps de filer. En journée, rester trop longtemps sur un lieu peut attirer l’attention. Et la police peut débarquer. Car l’urbex reste une pratique illégale, passible d’un an d’emprisonnement. Même si, en pratique, les sanctions s’arrêtent au rappel à la loi. « Prend des photos, mais ne vole rien, ne dégrade rien, ne déplace rien. Laisse juste la trace de tes pas » : telle est la loi tacite que s’imposent les puristes de l’urbex.
 


 
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