Le vignoble alsacien attire toujours plus de visiteurs. Avec plus de 3 millions d'oenotouristes par an, c'est le troisième vignoble le plus fréquenté de France. Une manne économique qui représente un chiffre d'affaires de plus de 500 millions d'euros, uniquement pour les ventes de bouteilles.
Le vignoble alsacien a la cote auprès des touristes. Ces dix dernières années constituent même une très bonne cuvée: le nombre de visiteurs s’intéressant au terroir et aux vins alsaciens a progressé de 4% chaque année depuis 2009. Avec trois millions d’oenotouristes en 2018, le vignoble alsacien arrive en troisième position derrière le vignoble bordelais et champenois.
Un excellent score que l’Alsace doit notamment à sa fameuse route des vins qui serpente au pied des Vosges: un itinéraire de 150 km, de Thann (Haut-Rhin) à Marlenheim (Bas-Rhin), jalonné de quelque 300 domaines dont une cinquantaine sont classés en grands crus. Des paysages variés, entre plaine et montagne, des villages restés dans leur jus avec leurs maisons à colombages: le touriste en goguette n’en demande pas plus.
Des touristes qui viennent d'un peu partout, de France à 55% et de l'étranger à 45%, l'Allemagne et la Belgique en tête. Et apparemment, ils en redemandent puisque depuis 2010, le nombre de nuits passées dans la région n'ont cessé de progresser, + 17% en sept ans, près de 6 millions de nuitées en 2017.
"L’oenotourisme, c’est bien sûr du vin, de la vigne, mais c’est aussi des paysages, une architecture, c’est tout ce qu’il y a autour. En Alsace, notre route des vins qui va du nord au sud, c’est une colonne vertébrale où les gens se promènent. A 15 minutes à droite et à gauche, on a à la fois des villes comme Colmar et Strasbourg, mais aussi la route des crêtes", explique Max Delmond, président d'Alsace Destination Tourisme.
Le succès du tourisme œnologique, l’Alsace le doit aussi à la grande variété de ses sous-sols: le terroir alsacien est une mosaïque, roches calcaires, granite, schiste, grès, gneiss ou limon. Cette complexité fait le bonheur des viticulteurs. Et donc du touriste viticole, sans cesse à la recherche de nouvelles sensations.
"L’Alsace a cette chance extraordinaire d'avoir tous les faciès géologiques qui existent au monde. Dans notre village, on a des sols primaires, secondaires, tertiaires et quaternaires, pour donner un exemple, la Champagne, c’est deux types de sols. Ce qui veut dire, que ces minéraux vont donner des goûts différents. Chaque sensibilité va réagir différemment", explique Pierre Gassmann du domaine Rolly-Gasmann à Rorschwihr (Haut-Rhin).
Pour capter cette clientèle, les domaines investissent dans la construction de caveaux toujours plus grands. Celui que Pierre Gassmann fait construire à Rorschwihr, près de Ribeauvillé, s’étagera sur six niveaux sur une superficie de 15.000 mètres carrés.
Le chantier hors norme, de 10 millions d'euros, débuté en 2016 devrait s’achever d’ici la fin de l’année 2019. Au sommet du bâtiment, la salle de dégustation donnera sur le vignoble, dans une vue à 180 degrés. "Le caveau permettra d’expliquer aux gens qui viennent déguster nos vins tout le lien qui va du terroir à la bouteille et permettra aussi un meilleur partage de notre savoir."
Les retombées économiques du tourisme viticole sont importants: en 2018, les ventes de bouteille de vin ont rapporté 540 millions d’euros, dont un quart provenant de la vente directe en caveaux.