En 2022, plus de 240 000 victimes de violences conjugales se sont fait connaître auprès des forces de l'ordre. Un nombre en hausse de 15 % par rapport à l'an dernier. Dans le Grand Est, la Marne, les Ardennes et l'Aube sont ceux où on compte le plus de faits en proportion de la population.
Le Service statistique de la sécurité intérieure (SSMSI), un service du ministère de l'Intérieur, a dévoilé ce 16 novembre des données relatives aux violences conjugales en 2022. Il en ressort notamment que dans le Grand Est, ce sont les départements de la Marne, de l'Aube et des Ardennes qui sont le plus concernés, avec un nombre de femmes victimes qui dépasse 11 pour 1 000 habitantes (de 16 à 64 ans).
Au niveau national, 244 300 victimes ont été recensées par les forces de l'ordre l'an dernier, hommes et femmes confondus. Mais ces dernières sont largement majoritaires, elles représentent 86 % des victimes enregistrées par les services de police et de gendarmerie.
"Sur l’ensemble du territoire en 2022, on dénombre 1,0 homme victime de violences conjugales enregistrées pour 1 000 habitants et 6,5 femmes victimes pour 1 000 habitantes", précise le SSMSI dans son étude. Dans le Grand Est, les chiffres départementaux dépassent tous cette valeur nationale moyenne :
- Ardennes : 11,3 femmes victimes de violences conjugales pour 1 000 habitantes
- Aube : 11,0
- Marne : 11,5
- Haute-Marne : 10,4
- Meurthe-et-Moselle : 10,4
- Meuse : 9,3
- Moselle : 10,1
- Bas-Rhin : 8,6
- Haut-Rhin : 9,7
- Vosges : 8,7
Sur les 244 300 victimes recensées au niveau national, l'essentiel des faits dénoncés concerne des violences physiques et l'administration de substances nuisibles (66 %) puis les violences verbales ou psychologiques (30 %). Les violences sexuelles sont minoritaires (4 %) dans les déclarations enregistrées l'an dernier.
Une hausse de 15 % en un an liée à une libération de la parole
Le nombre de victimes recensées est en augmentation de 15 % au niveau national, par rapport à l'année précédente. Ce taux est "proche du taux d'évolution annuel moyen constaté depuis 2019", selon le ministère qui attribue cette hausse non pas à une explosion des faits, mais à une libération de la parole, qui conduit à davantage de saisies des forces de l'ordre.
"Dans un contexte de libération de la parole et d'amélioration des conditions d'accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie", le nombre de victimes faisant état de violences de la part de leur partenaire ou ex-partenaire, a "doublé depuis 2016", observe ce service.
"Les femmes continuent d'être toujours plus nombreuses à se signaler et c'est une bonne chose", s'est ainsi félicitée dans un communiqué la Fondation des femmes. "Les femmes ont fait leur part du travail en allant plus porter plainte, et ça continue, mais il faut être bien plus efficace dans l'accompagnement et la protection" des victimes, a commenté la présidence de cette fondation, Anne-Cécile Mailfert, interrogée par l'AFP.
Selon le ministère, les statistiques publiées jeudi ne doivent en tout cas pas être considérées comme représentatives du phénomène des violences conjugales dans son entier, notamment, car certains faits peuvent "n'être jamais signalés ou l'être plus tardivement".
14 morts violentes au sein du couple dans le Grand Est en 2022
Dans des données diffusées en septembre, le ministère de l'Intérieur indiquait par ailleurs que 145 morts violentes au sein du couple avaient été enregistrées en 2022. Les victimes étaient très majoritairement des femmes (118 femmes pour 27 hommes). Dans le Grand Est, 13 femmes et 1 homme ont perdu la vie dans ces circonstances l'an dernier.
Les femmes victimes de violences conjugales peuvent notamment contacter le numéro de téléphone anonyme et gratuit 3919. Ce numéro, qui n'apparaîtra pas usr les relevés de téléphone, permet de joindre Violences Femmes Info. Il est accessible 24h sur 24 et 7 jours sur 7. En cas d'urgence, il faut contacter la police ou la gendarmerie en appelant le 17, ou par SMS avec le 114.