Les liens entre les forces de l'ordre et l'hôpital de Strasbourg, dans le cadre de la prise de plainte, sont facilités et "fluidifiés" depuis 2022. Une convention actant le dispositif a été signée lundi 13 novembre.
La porte du commissariat était trop imposante pour ces victimes, désormais, elles pourront déposer plainte directement à l'hôpital. C'est le principe de la convention signée ce lundi 13 novembre par les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) et Yolande Renzi, la procureure de la République. Cette dernière estime que le dispositif permettra notamment de prendre en charge "les victimes qui ne seraient pas allées d'elles-mêmes au commissariat".
Selon Yann Renard, colonel à la gendarmerie de Strasbourg, le laps de temps qui s'écoule entre la mention des violences par la victime et l'arrivée de celle-ci au commissariat peut être crucial. "Il arrive qu'on ait des déperditions de preuves dans ce temps-là, ou des victimes qui se rétractent, car elles n'osent pas venir voir les forces de l'ordre", explique-t-il. D'où la nécessité de mettre en place une unité dédiée au sein même de l'hôpital.
Celle-ci fonctionne déjà depuis l'année 2022 et sera donc actée par la signature de cette convention du 13 novembre. "Notre rôle est de mettre les mots sur ce que ces personnes vivent, et de leur expliquer que ce n'est pas normal, explique Priscillia Bur, sage-femme coordinatrice de l'Unité d'accueil et d'accompagnement des victimes de violences (Unavi). On leur dit aussi qu'on sera là pour elles, même après le retour au domicile, ou le lendemain, ou un mois après : elles doivent savoir qu'on sera présents."
Les forces de l'ordre se déplaceront à l'hôpital pour prendre la plainte
Concrètement, il y aura un local dédié à disposition des forces de l'ordre au sein de l'hôpital. "On pourra dépêcher une patrouille pour recueillir l'audition de la plainte dans cet espace", précise la procureure Yolande Renzi. Ce sera ainsi le "premier acte de l'enquête" qui ne se fera plus au commissariat, mais à l'hôpital. L'hôpital s'engage aussi à proposer à la victime un entretien avec un psychologue ainsi qu'avec des assistants sociaux, à "favoriser la saisine" de l'association d'aide aux victimes Viaduq 67, ou encore à transmettre la date et l'heure de sortie d'hospitalisation de la victime en cas d'enquête.
L'esprit du dispositif est donc globalement de "faciliter la prise en charge". "Les patients qui viennent faire une heure de consultation peuvent donc simplement rester un peu plus, une heure de plus, pour donner sa plainte", résume la procureure Yolanda Renzi. Depuis le 13 juin 2022, l'Unavi a ainsi facilité neuf parcours de plainte.
En France, ces dispositifs permettant les dépôts de plainte en dehors des services de police et gendarmerie se généralisent. Selon le site du Ministère de la justice, 300 conventions ont été signées ou sont en cours de signature.