Dès le début du confinement, le 17 mars, les archives du département des Vosges ont lancé un appel à témoigner de cette période inédite. Ils ont recueilli plus de 80 messages rapportant la stupeur du début, le manque des proches ou l'espoir de voir l'épidémie se terminer.
En réponse à l'appel à témoignage lancé dès le début du confinement le 17 mars 2020, c'est un trésor presque vivant que les archives du département des Vosges ont constitué avec ce qui leur a été envoyé. Au total ont été envoyés un peu moins d'une centaine de témoignages racontant le quotidien du confinement avec les émotions qui vont avec, face à l'actualité inédite, les sentiments sur l'avenir, la douleur et le manque des êtres aimés. Des vidéos, photos, dessins d'enfant mais surtout de nombreux textes ont été recueillis où les vosgiens ont joué le jeu en se confiant de manière touchante et étonnante.
Nous vivons un épisode exceptionnel, qui est déjà l'Histoire. Participez à la collecte #memoiredeconfinement ! Envoyez par mél à vosges-archives@vosges.fr vos témoignages, récits, photos (pdf et jpg 200ko max) ou vidéos (20 Mo), nous les conserverons pour l'éternité ! pic.twitter.com/ebAeg2VjDF
— Archives des Vosges (@archivesvosges) March 18, 2020
"Les gens ont pris la plume parce qu'ils ont ressenti le besoin d'être entendus en tant que simple témoin parmi d'autre, mais aussi en tant qu'acteur et parfois victime, et donc légitime pour parler", rapporte François Petrazoller, responsable des archives départementales, interrogé mercredi 10 juin 2020.
Douloureuse solitude
Ce qui ressort le plus est sans étonnement l’absence des proches. La souffrance de ne plus pouvoir voir sa famille, ses amis, les êtres aimés. Et puis pour les grands-parents, le manque cruel de leurs petits-enfants revient souvent. "Au début de la période, les gens nous ont confié d'avantage leur angoisse face à l'ignorance, la maladie, l'état des hôpitaux, leur propre santé et celle de leurs proches. Et petit à petit, nous avons eu des messages moins alarmistes, d'espoir."
Car durant cette longue période de pause, où les Vosges, avec tout le pays, se sont figées, il y a le recul et la réflexion que l'on opère après les émotions. Le moment où l’on se tourne vers l’après, l’espoir du recommencement.
Tournées vers le présent
C'est la toute première fois que les archives départementales suscitent des témoignages pour être conservés en tant que témoin d'histoire d'une situation exceptionnelle.
""On est sorti de notre rôle. D'habitude notre métier est de conserver ce qui existe déjà, sans le susciter. Mais l'opération a permis entre autres de montrer aux vosgiens que nous sommes là, à leur service, qu'ils ont des outils de mémoire à disposition". Force est de constater que l'entreprise a eu du succès. La mémoire familiale et personnelle compte, et peut servir en plus concrètement dans le futur : c’est ce qu’en ont déduit les auteurs des témoignages d’après l’archiviste.
Dans une société ou un événement en chasse un autre, on ne doit pas oublier ce que l'on a vécu.
- François Petrazoller
"Ces témoignages nous rappelleront dans le futur ce que l'on a pensé face à cette situation inédite. Dans une société de l'immédiateté ou un événement en chasse un autre, on doit tenir compte de ce qu'il s'est passé pour l'avenir, ne pas oublier ce que l'on a vécu", raconte avec passion François Petrazoller.
Concrètement, que deviendra ce trésor qui respire encore ? Déjà sous forme électronique (recueilli à distance), il sera mis en ligne avec l'autorisation des auteurs. Cette autorisation sera demandée à chaque témoin à la fin de la période de témoignage le 10 juillet. L’ensemble des messages seront aussi proposé au musée du Covid-19 qui est en court de constitution à Paris.
Si d'autres centres d'archives ont eu cette même idée, tous ne l'ont pas fait sous cette forme. En Meurthe-et-Moselle par exemple, les volontaires pouvaient remplir un formulaire sur Internet. Le but pour le centre d’archives des Vosges était de laisser le témoin aussi libre sur le format que sur le fond.