Covid-19 : des médecins lorrains pro-vaccins, victimes de cyberharcèlement

Il ne fait pas bon être médecin en janvier 2021 et se déclarer prêt à se faire vacciner contre la Covid-19. Un généraliste vosgien -avec d'autres confrères lorrains- est victime de harcèlement sur les réseaux sociaux. Insultes, menaces il subit un véritable feu roulant sur son compte twitter.

Il ne fait pas bon être médecin et inciter la population à se faire vacciner contre la Covid-19. Un généraliste vosgien -avec d'autres confrères lorrains- en fait les frais sur les réseaux sociaux. Insultes, menaces il subit un véritable feu roulant sur son compte twitter. Il témoigne.

Tout est parti d’un message où je déclare que j’ai eu la Covid et que je me ferai vacciner. Il a été lu par un million de personnes. A partir de là cela a été un déferlement haineux

BL, médecin harcelé sur Twitter

Habitué à intervenir sur les réseaux sociaux, le généraliste parle de son quotidien de praticien, de ses motivations, de ses conditions de travail. Il voit dans ces outils numériques des occasions de partages d’expériences mais aussi de relations empathiques avec les internautes.

"Médecin nazi"

Pourtant, sur la question de la vaccination, le médecin insiste bien sur le fait que sa démarche sur Twitter consiste à informer le public mais pas à faire changer d’avis coûte que coûte les internautes qui ne veulent pas se faire vacciner. Il n’est pas naïf et sait qu’être actif sur les réseaux expose inévitablement aux messages haineux, comme le paratonnerre attire la foudre.

Ces messages vont de la simple insulte en passant par le soupçon de collusion avec les laboratoires pharmaceutiques, le gouvernement, jusqu’aux accusations les plus extrêmes. Les praticiens pro-vaccin sont qualifiés de médecins nazis à qui trolls et complotistes promettent un Nuremberg 2 en référence au célèbre procès des dignitaires du troisième Reich en 1945.

La chercheuse Bérengère Stassin, maîtresse de conférence à l’Université de Lorraine est spécialisée dans le cyber-harcèlement.
Elle a publié un ouvrage consacré à ce phénomène dans le milieu scolaire. Le déferlement de violence verbale sur une cible  s’appelle le flaming que l’on pourrait traduire par : salve d’insultes. Le but est de saturer la zone de commentaire d'un blog afin de créer une controverse interminable jusqu’à rendre toute discussion impossible.

Pour la chercheuse, cette technique est favorisée par l’anonymat des internautes. Il engendre le passage à l'acte car il est donne un sentiment d’impunité. La bonne foi ne protège pas des violences verbales et les réseaux sociaux sont parfois pavés de mauvaises intentions.

Il y a bien un discours de haine présent sur internet comme d’ailleurs dans le PMU du coin.

Olivier Ertzscheid, chercheur en sciences de l'information et de la communication

Bérengère Stassin pointe aussi du doigt la logique des algorithmes qui, à partir d’une image consultée, d’un mot-clé ou de la visite d’un site, enferment l’internaute dans ses convictions et abolissent tout esprit critique en lui faisant des propositions identiques dans le même champ d’intérêt.

Une minorité active

Pour le médecin attaqué, les complotistes et autres harceleurs sont l’arbre qui cache la forêt.
La majorité des internautes lit ses messages mais reste silencieuse pour éviter d’alimenter la machine haineuse. Ce que confirme la chercheuse.

Le contenu du web est produit par 10% des internautes, 90% se contentent de consommer.

Bérengère Stassin, maîtresse de conférence. Université de Lorraine

Education et empathie

Les discours de haine sont punis par la loi mais la chercheuse estime que la solution passe par l’éducation aux médias.
Un esprit critique cela se construit dès le plus jeune âge et s’entretient. Le rôle de l’institution scolaire est à ce titre indispensable. Elle prône aussi une culture de l’empathie. De son côté le médecin harcelé partage avec ses confrères la même conviction : cette tempête s’éteindra d’elle-même avec les effets de la vaccination et la disparition du virus de la Covid-19.

 

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