Epinal : deux ans de Covid et de confinement racontés à travers l'exposition "Sans contact" du peintre Gérard Thon

Dispensé de contact humain pendant deux ans à cause de la pandémie de Covid-19, mais libéré des convenances, le peintre de Nancy expose à la galerie du Poiron, du 19 au 30 avril, son regard intérieur du dehors.

A Epinal, du 19 au 30 avril 2022, la galerie du Poiron reçoit l'artiste nancéien, Gérard Thon, avec une exposition qu'il a intitulée judicieusement : "Sans contact ".

En effet, en raison de son âge, 80 ans, au début de l’épidémie de Covid-19, le peintre s’est retrouvé cloîtré dans son domicile de Champigneulles, près de Nancy. Sans aucune visite, de janvier 2020 à décembre 2021. L’ancien garage Citroën, où il vit, a été divisé en deux parties : à gauche, son appartement et à droite, le vaste atelier dans lequel il a travaillé jour et nuit ; parfois en peignoir, mais toujours avec Fifi.

"Même si je n’étais pas malheureux, heureusement que j’avais ma chatte Fifi pour me tenir compagnie", nous confie-t-il. "La peinture m’habitait. On n’est jamais seul dans l’aventure picturale. L’art sans technique est une sale manie. Cette période aura permis à chacun de prendre le temps de regarder, de retrouver sa place."

En la Galerie du Poiron, les œuvres de Gérard Thon seront présentées en trois séries :

• "Eruption" évoque la myriade de virus depuis janvier 2020.
• " Commedia dell’arte" démontre l’improvisation des acteurs dans la société contaminée.
• "Omicron" présente les différents virus.
• Enfin, "Sans contact" fait la part belle à "Fifi", la muse de l’artiste.

 Le titre de chaque série est une interprétation après coup. Tout en peignant avec une idée en tête, l’artiste était, malgré l’isolement, imprégné par l’ambiance extérieure.

"L’éruption volcanique de septembre 2021 en Islande m’a fasciné", raconte l’artiste.

"Avec la technique que j’ai mise au point il y a plusieurs années, dans laquelle j’utilise de la poudre d’or, j’ai réalisé une trentaine de peintures en lien avec l’événement. Ces toiles émettent de la lumière en fonction de l’endroit où elles sont disposées."

Des éruptions volcaniques aux éruptions des variants du Covid-19, le lien était tout trouvé.

Volcans et djinns

"Dans la série "Omicron", j’ai peint des djinns, ces créatures surnaturelles de la mythologie arabe", explique Gérard Thon. "En découvrant le personnage, qui sera choisi pour l’affiche, un ami y a vu Omicron, ce variant du coronavirus apparu en Afrique."

La série "Commedia del arte", quant à elle, semble représenter la grande comédie de ces deux années de turbulence. Les gens sont déformés. Ils n’ont pas le nez au milieu du visage. Le peintre les aurait-il trouvés grotesques ?

Enfin, la hors série, "Ffii la nuit", fait la part belle sa muse animale.