Gaston Lagaffe se met à parler le patois vosgien. Les patoisants du Val-D'Ajol ont traduit l'album "Gaffes en pagaille", qui s'est transformé en "Tâut pien d'èhhouôyes". 1.000 exemplaires numérotés sont disponibles depuis le début du mois de mai.
Les aventures de Gaston Lagaffe sont désormais disponibles en patois vosgien.
Après un an de travail, les patoisants du Val-D'Ajol ont reçu les 1.000 exemplaires de l'album n°10 du héros de bande dessinée, début mai 2020.
"Gaffes en pagaille" devient "Tâut pien d'èhhouôyes", Gaston Lagaffe devient Gaston Lèhhouôye. "Nous sommes très contents du résultat, c'est un vrai aboutissement", se réjouit Del Daval, le président de l'association Lâ Patoisant dâ Trô R'vères.
Les membres de l'association se sont retrouvés jeudi 14 mai 2020 en mairie du Girmont-Val-D'Ajol pour numéroter les 1.000 premiers numéros. La crise sanitaire et le confinement ont un peu retardé l'arrivée des ouvrages.C'est un vrai aboutissement!
- Del Daval, président de l'association Lâ Patoisant dâ Trô R'vères
"M'enfin !"
Après Tintin en 2009 et le Petit Nicolas, c'est donc Gaston, le personnage de l'auteur belge Franquin, édité chez Dupuis, qui est tombé entre les mains des patoisants du Val-D'Ajol. Et le travail de traduction n'a pas du tout été le même.
Les images ont beaucoup d'importance, plus que pour Tintin.Il y a beaucoup d'onomatopées et d'expressions idiomatiques, si bien que la traduction au mot à mot est impossible. "Le texte a son importance, mais l'image aussi, beaucoup plus que dans Tintin, explique Simone Manens, la vice-présidente de l'association. Si on se contente des propos, ce n'était pas très rigolo de décrypter ce texte."
- Simone Manens, vice-présidente de l'association
Alors ne dites plus "M'enfin" mais "Mâs ouèyons". Les noms propres ont également été changés pour des patronymes locaux. Ainsi, le fameux homme d'affaire M. De Mesmaeker se tranforme en M. Dé Mouèmont, un nom bien plus local!
Le patois disparait
Dans le massif vosgien, ils seraient encore quelques milliers à comprendre ce patois. Alors cet album est une manière de laisser une trace de cette langue régionale. "Mon père le parlait, mais pas avec moi, ou très peu, raconte Del Daval. Mais on s'aperçoit maintenant que des jeunes disent des mots de patois, sans s'en rendre compte."Un semblant d'espoir? Le patois était encore beaucoup parlé il y a trois générations. C'est l'art de vivre et de s'exprimer des anciens. Il disparait tout doucement. L'exercice de traduction reste une bonne manière de retrouver et de développer le vocabulaire.