Elisabeth Bertot se prépare à courir les 10 kilomètres lors du Marathon pour Tous, ce samedi 10 août à 23 heures 30. Sportive, elle n’appréhende pas le parcours mais veut porter un message et soutenir sa fille en situation de handicap qui n’arrive pas à trouver du travail à long terme.
Elle va courir pour porter la cause du handicap aux Jeux Olympiques. À cause de ses nombreux troubles cognitifs, Honorine, “multi dys” ne trouve pas de travail à long terme. Pour la soutenir et faire connaître la cause au plus grand nombre, sa mère, Elisabeth Bertot, originaire des Vosges, s’est lancée dans une folle aventure : courir les 10 kilomètres lors du Marathon pour Tous, ce samedi 10 août 2024.
“J’ai été sélectionnée et serai parmi les quelque 20 000 candidats ce week-end” s'enthousiasme-t-elle. “Je me suis inscrite sans y croire, je n’en reviens pas d’avoir été sélectionnée. Quand j’ai appris que je ferai la course en mars, je me suis dit que ce serait la course de ma vie et que j’en profiterais pour courir pour une belle cause, celle du handicap et en particulier celui de ma fille qui est multi dys”.
Une bataille acharnée
Après des années d’errance, Honorine, atteinte de plusieurs troubles, souffrant notamment d’une grave dyslexie, de dysorthographie et de dyscalculie, est diagnostiquée pour la première fois par le médecin scolaire.
S’ensuivent des années de combat pour qu’elle soit reconnue en situation de handicap par la Maison Départementale pour les Personnes Handicapées : “Pour vous donner une image, une personne qui n’a pas ces troubles, elle est sur l’autoroute à 130 kilomètres/heure et elle ne rencontrera aucun obstacle. Moi, avec mon cerveau, je prends beaucoup de temps, c’est comme si j’étais à la campagne et que sur mon chemin il y avait des vaches, des canards et plein d’autres choses qui me bloquent la route”, explique Honorine. Sa mère poursuit : “Elle a été harcelée pendant son collège et son lycée. À partir du moment où elle a été diagnostiquée en fin de troisième, début de seconde on a dû se battre pendant deux ans pour qu’elle soit reconnue comme personne handicapée. J’ai été jusqu’à la Cour d’appel de Nancy et on a eu gain de cause mais elle a perdu deux ans”.
Une situation précaire
Malgré les nouveaux aménagements prévus pour la jeune femme, certains professeurs continuent de lui faire des remarques désobligeantes. Pugnace, la jeune femme, à l’aise en sport, notamment en triathlon et jeune sapeur-pompier volontaire, décroche son bac STI2D en 2022.
Elle entame des études pour devenir maître-nageuse et trouve rapidement une piscine à Saint-Dié-des-Vosges qui la prend en alternance. Quelques mois après et alors que tout se passe bien, Honorine doit subir une opération chirurgicale qui se passe mal. Elle retourne une seconde fois au bloc. Quelques semaines plus tard et alors qu'elle reprend le travail au sein de son entreprise, la jeune sportive, pleine de bonne volonté se fait licencier.
Elle s’exile dans le Var, obtient son diplôme mais, rebelote. Elle ne cesse d’enchaîner les CDD et n'obtient pas d'emploi pérenne : “Les employeurs ne veulent pas faire d’effort pour faire des aménagements. Pourtant ils ne nécessitent pas une mise en place compliquée. C'est simplement faire des aménagements sur les horaires, Honorine ne peut pas terminer trop tard par exemple, ou imprimer la feuille de consigne en gros et en couleur”, déplorent la mère et la fille.
Ce marathon, ça symbolise aussi la vie professionnelle des personnes en situation de handicap
Elisabeth Bertot
Alors pour soutenir sa fille et faire connaître les difficultés que subissent les personnes en situation de handicap dans le milieu du travail, Elisabeth se met en tête de courir le Marathon pour Tous, elle est sélectionnée pour le 10 kilomètres : “Ce marathon, ça symbolise aussi la vie professionnelle des personnes en situation de handicap, c’est un marathon pour elles. C’est pour cela que je cours pour la Fédération Française de Dys”, explique-t-elle.
Courir aussi pour le plaisir
Sportive, la mère de famille n’appréhende pas la course qui l’attend : “Je fais du triathlon depuis une dizaine d’années. Avant je faisais de la natation. Quand j’ai appris que je faisais le 10 kilomètres je me suis dit que je n’avais pas d'entraînement supplémentaire à faire”, précise Elisabeth Bertot.
Si elle espère faire changer les mentalités vis-à-vis du handicap, elle veut aussi profiter de l’instant : “Mon objectif c’est d’aller le plus cool possible pour apprécier chaque minute. En plus, le départ est de nuit, à 23 heures 30. Je le fais vraiment pour le plaisir donc je vais y aller cool et savourer”, déclare-t-elle, impatiente. Pour l'occasion, Elisabeth Bertot ne sera pas seule. Honorine et sa sœur font le déplacement pour encourager leur mère : “Nous ne sommes pas trop inquiètes”, plaisante la jeune femme de 19 ans.
Le week-end s'annonce intense pour la petite famille qui dormira très peu. Toutes les trois ont déjà prévu d’aller voir l’épreuve du marathon féminin, ce dimanche 11 août à huit heures du matin.