Octobre rose : "on lâche prise", en randonnée dans les Vosges pour oublier le cancer du sein

Une dizaine de femmes, atteintes du cancer du sein et adhérentes à l’association "La vie en boobs" se sont retrouvées ce jeudi 3 octobre 2024 pour gravir les sentiers des Vosges pendant deux jours. Un moyen pour elles de se dépasser et de se libérer un moment de la maladie.

Dans les bois Vosgiens, ce jeudi 3 octobre après-midi, dix silhouettes se frayent un chemin. Armées de bâtons, d’imperméables pour braver la pluie et de polaires, neuf femmes, guidées par Yannick Holtzer, avancent, pas à pas et dépassent leurs limites.

Elles sont Belges ou Lorraines et ont toutes un point en commun, le cancer du sein. Stéphanie, Évelyne, Corinne, Patricia, Isabelle, Marie-France, les deux Françoise sont toutes adhérentes de l’association dirigée par Nadia D’Amario, "La vie en boobs", située à Doncourt-lès-Longuyon (Meurhe-et-Moselle). "Mon association a vu le jour en mars de cette année. Le but, c'est d’accompagner les femmes atteintes d’un cancer féminin et de leur proposer des activités diverses et variées sur le bien-être comme de la médiation, de la danse intuitive, de l’art-thérapie, de la cuisine thérapie, de la gym adapté et des soins esthétiques que nous leur finançons. Le projet phare de l’association, c'est la randonnée", explique Nadia D'Amario.

Nadia D’Amario a voulu faire partager son expérience et les bienfaits qu'elle en a retirés : "Avec la randonnée, j’espère que les filles arrivent à sortir cette rage, ce démon qu’elles ont en elles, ce qui nous a bouffées. Moi, j'ai eu ce ressenti quand j’ai fait les Fjords en Norvège, en 2022, et je me suis fait violence pour aller marcher sur un glacier. J’ai vraiment eu cette sensation de liberté, où on arrive à lâcher ça. Et là, on le fait en groupe, les filles sont en confiance car on se comprend toutes et qu’on est toutes passées par la même épreuve", explique-t-elle, entourée de toute la bande.

Un parcours difficile

Pour permettre à toutes ses adhérentes de faire une excursion de qualité, Nadia a fait appel à Yannick Holtzer, accompagnateur en montagne dans le massif des Vosges et enfant du pays. Il leur a concocté un parcours à 1200 m d'altitude, dans le secteur du massif du Hohneck, "dans un lieu qui est très cocon et propice pour se déconnecter de la réalité", raconte Yannick. Au programme ce jeudi, une marche de 3 heures, "dans des conditions pas faciles". Sentiers escarpés, dénivelé, le tout avec du vent et une température de 3 degrés. "Et on a fini les dernières demi-heures sur les hauts de chaumes, dans un endroit où à cette heure il y a beaucoup de vent, de brume", ajoute le guide vosgien.

Si le guide admet la difficulté de cette première mise en jambes, il souligne surtout l’importance de l’ambiance de la promenade : "Il n’y avait que nous. Ce sont des balades exceptionnelles, avec ce niveau d’émotions, d’intensité, de dépassement de soi, je n’en fais pas tous les jours", explique-t-il.

L'itinéraire a été sélectionné avec attention. "On est passé sur un petit sentier que j’aime beaucoup avec des petites cascades. À la fin de la balade, il y a eu quelques ouvertures sur les lacs de Retournemer et de Longemer. Et durant la promenade, on a fait des super passages avec de la brume. Là où nous sommes allées, les arbres ont une physionomie, ils sont tous tordus. Il y a vraiment une ambiance atypique".

Un moment rien qu'à soi

Cette première expérience de randonnée, sportive et exigeante, a permis aux filles de se libérer d’un poids : "Moi ce qui m’a surtout plu, c'est le vert, tous les dégradés de verts, la mousse, les fougères, les feuilles, c’était super sympa. Ça m’a surtout permis de ne penser à rien, donc ne pas penser au travail, à la logistique, etc. Et de pouvoir papoter ensemble, sans tomber dans le pathos mais dès qu'on parle, on se sent comprise et on rigole bien. On tourne les choses à la dérision, ça fait du bien, on lâche un peu de lest", confie Corinne. Et si elle en ressort avec des courbatures, elle garde en tête un bon souvenir : "On lâche prise, c’est une déconnexion. Ça fait du bien, on est contente quand on arrive mais on est surtout contente de l’avoir fait. C’est un moment à moi", admet-elle.

Vendredi 4 octobre, Corinne et les filles ont marché toute la journée, "on avance à son rythme", précise la Belge. À la fin de la journée la plus sportive du séjour, et pour terminer en beauté, Yannick Holtzer a prévu de les emmener observer des chamois, comme une récompense après deux jours d'effort et de dépassement de soi.

Le séjour est une véritable réussite pour Nadia D’Amario et le reste de l'équipe. Si bien que la présidente de l’association a d’ores et déjà prévu de retenter l’expérience et espère même, à terme, faire deux excursions par an.