Le service des urgences de l’hôpital de Remiremont (Vosges) a dû fermer ses portes dans la nuit du 17 au 18 mai 2022, faute de personnel. C'est loin d'être un cas isolée selon le Docteur François Braun, chef du service des urgences à l’hôpital de Mercy (Moselle) et président de Samu-Urgences de France, qui dresse la situation.
Partout en France, les fermetures ponctuelles des services d’urgence inquiètent. Dernier exemple en date, faute d'effectif médical suffisant, l’hôpital de Remiremont (Vosges) a dû faire face à une situation inédite. L’établissement de santé a fermé ses portes dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 mai 2022, forçant les patients à trouver des solutions alternatives.
La décision faisait suite à des dysfonctionnements constatés dix jours auparavant, lors du week-end du 7 et 8 mai. En effet, certaines personnes avaient dû attendre plusieurs heures avant de bénéficier d’une prise en charge médicale. "Il faut à tout prix trouver des solutions" explique le Docteur François Braun, chef du service des urgences à l’hôpital de Mercy (Moselle) et président de Samu-Urgences de France qui répond à France 3 Lorraine.
Pourquoi manque-t-on de personnel dans les hôpitaux ?
(François Braun) Il y a énormément de départs liés à l’épuisement, les conditions sont devenues extrêmement difficiles dans les services d’urgence. Il faut à tout prix une revalorisation de la pénibilité et de meilleures conditions de travail. Le personnel médical quitte l’hôpital, ces personnes sont fatiguées, épuisées et l’intérim devient aussi plus intéressant financièrement. Il faut à tout prix trouver des solutions. Nous proposons un certain nombre d’actions rapides, notre lettre pour le prochain ministre de la Santé est prête.
Doit-on craindre une prolifération des fermetures ponctuelles des services d’urgence ?
Nous craignons que ce système de régulation, qui sert à réduire le nombre d’entrées de patients chaque jour, s’inscrive dans la durée. La fréquentation des établissements de santé a augmenté depuis le début de la crise sanitaire mais, faute de personnel, les hôpitaux ne peuvent plus assurer toutes les permanences médicales. Les fermetures temporaires se succèdent déjà partout dans l'hexagone, on est à plus d’une centaine de services qui ont ce problème. En France, on parle de 112 services concernés au total.
Cela ne touche plus seulement les petits hôpitaux et les zones rurales mais aussi les grosses structures, un tiers des CHU sont concernés
François Braun, Président de Samu-Urgences de France
Quels sont les hôpitaux concernés ?
Cela ne touche plus seulement les petits hôpitaux et les zones rurales mais aussi les grosses structures, un tiers des CHU sont concernés. Dans le Grand Est, ce sont les services de Thionville, Briey, Bar-le-Duc, Sélestat, Saverne, Toul, Remiremont mais aussi ceux de Metz, Strasbourg ou Reims qui sont touchés. Dans le reste de la France, on peut citer de gros centres hospitaliers universitaires comme Bordeaux ou Orléans.
Quels services et quels personnels sont les plus touchés ?
Cette problématique touche particulièrement le service des urgences mais tous les services sont concernés, surtout ceux où il y a le plus de pénibilité comme les maternités ou la psychiatrie. Il s’agit essentiellement du personnel médical mais parfois aussi paramédical. L’hôpital public vit une période très compliquée et même les hôpitaux privés sont touchés car certains commencent aussi à fermer ponctuellement.
Quel est l’impact de ces fermetures des urgences sur les patients ?
Le personnel des urgences fait de son mieux, les équipes de SAMU sont conservées pour les urgences vitales et on envoie les patients dans d’autres services de l’hôpital lorsque c’est possible. Mais en amont, on constate un défaut de prise en charge de la médecine de ville et de vraies difficultés en aval comme le manque criant de lits disponibles pour les urgences. Nous nous opposons à la maltraitance des patients, il faut vraiment trouver des solutions immédiates.