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REPLAY. Ils ont voté pour l'extrême droite, le documentaire "Eux" leur donne la parole

Le camion du pizzaïolo, haut lieu de discussion.

Drôle de titre pour un doc : "Eux". Qui sont ces "eux" ? Est-ce ces personnes, à qui le réalisateur donne la parole, qui tracent leur vie souvent difficile, pendant l'emballement médiatique d'une campagne électorale et qui expriment leur désarroi ? Ou au contraire sont-ils ceux qui veulent ou tiennent le pouvoir ? Ce qui est certain, c'est l'existence de la fracture qui existe entre eux.

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Qui sont ces Eux du documentaire de Joseph Gordillo? Sont-ils ces gens, à l'image de "monsieur tout le monde", qui expriment des idées vaguement extrémistes ou obscurément complotistes, pendant la campagne électorale de la présidentielle de 2022? Sont-ils au contraire ceux qui détiennent les rennes d'un pouvoir politique et économique, totalement déconnecté de la réalité quotidienne des citoyens ? Ou encore ceux qui écoutent sans rien dire, ou visionnent le documentaire, sans pouvoir exprimer opinion ni contradiction? Ce qui est sûr, c'est que Eux c'est l'opposé de "nous". 

Voici trois bonnes raisons de regarder le documentaire Eux de Joseph Gordillo, sans commentaire en voix off avec juste la parole des intervenants. En replay.

1. Pour donner la parole aux invisibles

En plein cœur de la campagne électorale pour la présidentielles de 2022, le réalisateur Joseph Gardillo est allé donner la parole aux gens. A ceux à qui les médias donnent peu de temps de parole, pris entre les contraintes de durée des émissions et le respect des règles audiovisuelles, régies par l'Arcom (ex-CSA), souvent mal comprises.

A ceux qui sont tentés ou qui assument le vote à l'extrême droite, il a ouvert les micros, et laisse libre cours aux propos qui s'échangent au pied d'un camion pizza, lors d'un repas de famille, un pique-nique ou entre copines. Aucune question, pas d'intervention, les personnes sont libres de parler de ce qui les préoccupe, de se taire, voire de mettre un terme à leur participation. Au menu, outre les ingrédients des pizzas, et dans le désordre, les retraites, le Covid, la guerre en Ukraine, les soucis -nombreux- du quotidien et bien sûr les hommes politiques. 

Ils se qualifient de Français moyens, évoquent leurs salaires, leurs espoirs et leur quotidien, difficile, dégradé. Yoann, manutentionnaire explique : "on entend des ministres dire qu'avec cinq à six mille euros, ils n'arrivent pas à boucler les fins de mois. Qu'ils viennent vivre avec mon salaire (...)." Qui sont ces ministres, déconnectés des conditions de vie de ceux qu'ils gouvernent ?

2. Pour rendre compte d'une réalité plus complexe qu'il n'y paraît

Bien sûr, il y a bien ce tonton, très en colère, qui y va de son couplet complotiste, au soir des résultats du premier tour de l'élection présidentielle : "C'est vraiment truqué ce truc; tout le monde est contre lui [ndlr : Emmanuel Macron]; à tous ces déplacements, il se fait huer, et là il a 28%. C'est pas possible, moi j'y crois pas."

Bien sûr, il y a aussi ce client qui attend sa pizza et déverse sa colère en développant des propos  agressifs : "regarde tous ces gens qui se promènent encore avec le masque alors que ce n'est plus obligatoire. Demain, tu leur demandes de se balader avec une plume dans le cul, parce que ça leur fait du bien au cerveau, et ils le feront. Les gens c'est tous des moutons."

Bien sûr. Mais ce que le réalisateur montre à voir, c'est aussi des petites gens, des "monsieur ou madame tout le monde", qui travaillent, quand ils le peuvent, et qui peinent à joindre les deux bouts. Qui aiment leurs enfants et veulent les emmener au parc d'attraction ou leur payer les études qu'ils méritent, quand ils seront grands. "Je fais un peu d'intérim pour toucher un peu plus, pour faire au moins une sortie", dit un jeune papa sans emploi de deux fillettes, "parce que, le parc c'est au moins 100 à 150 euros pour la journée." Ou encore ce couple qui avoue n'être jamais parti en vacances et qui se réjouit de pouvoir enfin partir cet été, grâce à une association.

Il y a aussi cette jeune fille qui dépense près de 200 euros d'essence par mois, pour aller travailler à une vingtaine de kilomètres de chez elle. Et ces futurs retraités qui s'inquiètent de pouvoir en profiter, à l'aune de leur collègue, mort un mois juste après avoir pu prendre son congé de fin de carrière. Ils ne se plaignent pas, ne montrent pas de colère, ils font simplement le constat de leurs difficultés. Et ils ont l'impression d'être ignorés, d'être sans voix.

3. Pour reprendre le débat

Parce que l'enjeu est probablement là. Parce pour comprendre, diagnostiquer, guérir, il faut parler, décrire et échanger. Parce chacun a le droit à la parole, le droit au bonheur, dans un pays qui se targue d'être à la pointe des droits de l'Homme et des droits sociaux.

Parce que l'écart entre ce que le pays prétend représenter et le quotidien des individus est tel, que ne pas s'écouter, ne pas chercher à se comprendre, perpétue la fracture. On rougit, avec le pizzaïolo, qui s'excuse d'avoir augmenté le prix de la pizza de 0,50 centimes. Et comment rester insensible devant ce papa qui ne mange plus les midis, afin que son petit garçon, Jules, mange à sa faim et ait la chambre de ses rêves. 

Alors, s'ils votent ou déclarent voter pour les partis qu'on qualifie d'extrêmes, c'est peut-être une manière de crier : "ouh, ouh je suis là et ma voix compte. Ecoutez mes difficultés, réglez-les." Il y a plus de 230 ans un peuple qui avait faim a mis un terme à un système qui ne le voyait pas. Aujourd'hui, que faut-il faire pour que ceux qui réclament une vie digne soient entendus ? Peut-être tout simplement commencer par leur donner la parole, comme dans ce documentaire, et se dire qu'eux ce pourrait être nous.

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