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Revenir à Etival-Clairefontaine : "les deux premiers jours, je suis content, et après, j’ai le spleen", rencontre avec le réalisateur de Papier Poésie

Guillaume Cuny est à la fois doctorant en sociologie et réalisateur de films documentaires.

Papier Poésie, le film documentaire de Guillaume Cuny sur la papeterie d'Etival-Clairefontaine (Vosges) et de ses habitants est disponible en replay sur France 3 Grand Est. Le réalisateur était de passage à Nancy où nous l'avons rencontré.

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Ce documentaire coproduit par France 3 Grand-Est et Riddim Production parle de ceux qui sont restés à Etival-Clairefontaine. Petits et grands connaissent très bien cette papeterie qui fait vivre leur petite ville. Elle fait leur renommée dans la France entière et c'est elle qui les nourrit. Malgré la tentation de partir ailleurs, ses habitants ont décidé de vivre ici. Ce documentaire raconte leur histoire. 

Le réalisateur, Guillaume Cuny, nous a donné rendez-vous entre deux de ses trains dans un café près de la gare de Nancy. Autour d'un cappuccino, nous avons discuté de sa commune natale qu'il affectionne tant. C'est cet attachement au lieu et à ses habitants que ce jeune homme de 29 ans a voulu retranscrire dans son film. Et nous avons souhaité en savoir plus sur lui pour mieux comprendre ce film-documentaire résolument personnel.

1. Dans votre film-documentaire, vous faites la différence entre ceux qui restent à Étival-Clairefontaine et ceux qui partent. Et vous, où vous situez-vous ?

A 18 ans, ce vosgien quitte sa région de l'Est pour le soleil du Sud. C'est à Aix-en-Provence que Guillaume Cuny entame des études de sociologie. Et puis, direction la capitale où il est actuellement doctorant en sociologie filmique à l'Université Paris Saclay. Et oui, il ne fait plus vraiment parti de ceux qui restent : "Je suis de ceux qui reviennent. Même si je suis parti à mes 18 ans, je reviens dès que je peux. Cela me permet de rester accroché à ce lieu. Ainsi, je peux comparer le changement en moi au changement de ce lieu. Je suis parti et je ne m’installerai sans doute jamais à Etival, les possibilités professionnelles sont limitées pour moi ici et puis je me suis construit un autre monde ailleurs. Ce qui n’empêche que mon lien à ce lieu est indéfectible."

2. Comme on le voit dans votre documentaire, vos racines vous sont chères. Mais êtes-vous attaché au lieu ou aux gens qui y vivent ?

"C’est indissociable. Il y a pratiquement toute ma famille là-bas. Le lieu est chargé de souvenirs. Toutes les rues m’évoquent quelque chose. Dans chaque rue, il s’est passé quelque chose. Il n’y a que l’endroit d’où je viens où cela m’arrive. Et je sais qui vit dans quelle dans maison. Quand je reviens, il y a des moments durs : untel est décédé, untel est parti." Son motif pour revenir, c'est de voir sa famille. Ses parents et son frère sont restés à Etival. Sa sœur n’est guère plus loin, installée en Lorrain "Je vois le temps qui passe alors qu’en ville je ne le vois pas. Les deux premiers jours, je suis content d’être revenu, et après, j’ai le spleen" raconte le réalisateur avec un soupçon de nostalgie. Mais cela lui permet aussi de se recentrer sur lui même dans un monde effréné. Car à Paris, il ne voit pas le temps passer. Rien ne change.

3. Quels sont vos prochains projets ?

"Le film continue de faire sa vie. Il est d’ailleurs programmé au festival Aux Écrans du Réel au Mans (Sartre) dans la catégorie premier doc. Ça, c'est l'actualité du film. En ce qui me concerne, je finis ma thèse que je soutiendrai en novembre. Elle porte sur des élèves scolarisés en Bac Pro ASSP. Je m’intéresse à l’orientation de jeunes femmes de milieu populaire qui se destinent aux métiers du soin. La question que je me pose : est-ce un choix d’orientation ? Quelle est leur part de libre arbitre ? Le film portant sur ma thèse, Le choix des autres, devrait voit le jour fin 2023." Sa copine lui a donné le courage de devenir réalisateur. Et maintenant, Guillaume Cuny travaille sur son deuxième film-documentaire. Toujours sur son thème de prédilection, la jeunesse en formation. Nous lui souhaitons bonne chance pour le festival Aux Ecrans du Réel. 

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