Western à Castroville : l’héroïne du film "La mission" sur Netflix, avec Tom Hanks, était-elle alsacienne ?

Dans son dernier film "La Mission", Tom Hanks raccompagne à Castroville, petit coin d’Alsace en terre texane, une jeune fille enlevée par les Indiens Kioawas. Pour l’Alsacien Thierry Kranzer, cette fiction n’est sans doute pas très éloignée du réel. Explications.

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C’est un coup de projecteur planétaire que le réalisateur britannique Paul Greengrass offre à Castroville, ce petit coin d’Alsace en terre texane. Dans son dernier film "La Mission" (News of the world en v.o), visible actuellement sur Netflix, Tom Hanks incarne le capitaine Kyle Kidd. Cet ancien imprimeur sort de la guerre de Sécession. Ne pouvant reprendre son activité, il devient conteur et transmet de ville en ville les nouvelles du monde. Sa route croise croise celle de Johanna, une fillette enlevée par des Indiens Kiowas. Il décide de la raccompagner dans sa famille à Castroville.

Tournée à Santa Fe, capitale du Nouveau-Mexique, cette belle histoire a fait tilt dans l’esprit de Thierry Kranzer. Cet Alsacien vit depuis longtemps entre New-York et Niedersmorchwihr. En 1994, il visite Castroville, petite ville du Texas fondée par des Alsaciens au XIXe siècle (voir carte ci-dessous). Fasciné, il choisit d’y revenir en 1998 en tant qu’étudiant.
 


Il y passe un mois dans le cadre de sa maîtrise d’anthropologie culturelle.  Son sujet : " Langue, identité et comportements à caractère rituel des Alsaciens du Texas ". Il y recueille la parole de 107 habitants de Castroville âgés de 7 à 103 ans.

Theresa vs Johanna

Au cours de ces interviews, une histoire revient régulièrement à ses oreilles : celle de Theresa Bluntzer, une fillette originaire d’Oderen (Haut-Rhin), qui aurait été enlevée à l’âge de 11 ans par une tribu comanche. Après avoir passé près d’un an parmi ces Indiens, la petite Theresa réapparait, habillée en indienne,  à proximité de la maison familiale. C’est un chef indien qui aurait fait le transfert.

La fillette devient alors une figure de Castroville, suscitant l’intérêt et l’admiration de tous. Toute sa vie, elle racontera son aventure. Et c’est précisément cette histoire qui, un siècle plus tard, parviendra jusqu’à Thierry Kranzer.

Dans une copie d’un bulletin de la Société industrielle de Mulhouse dédiée aux Alsaciens des Etats-Unis, il retrouve l’histoire de Theresa Bluntzer, née à Oderen en 1837 et kidnappée par les Indiens à l’âge de 11 ans en 1848. Les faits se sont déroulés à Meyersville et non à Castroville, mais on y apprend que les Bluntzer ont plus tard émigré à Castroville.

En remontant la source de cet article, Thierry Kranzer tombe sur un livre publié en 1969 au Texas sous le titre "The story of Peter Bluntzer", l’histoire de Peter Bluntzer. L'homme a bien quitté Oderen en 1843 afin de s’installer à Castroville.

Pour lui, " l’histoire racontée dans le film de Tom Hanks est vraiment très proche de celle de Theresa…trop peut-être pour ne pas être la même ! ". L’Alsacien a tenté d’en savoir plus. Le roman  News of the world  de Paulette Jiles, adapté en film par Paul Greengrass s’est-il inspiré de cette histoire ? Pour l’instant, il n’en a aucune certitude, si ce n’est les siennes !

Le film, bien sûr, il l’a vu avec son épouse. Assis sur leur canapé, ils ont même souri lorsque la petite Johanna, dans le film, se met à parler. Elle dit en allemand "sehr gut"; eux sont persuadés qu’elle a dû dire "sehr guet".

Castroville, petit coin d’Alsace au Texas

L'histoire de Castroville débute au milieu du XIXème siècle, lorsque Henri Castro, originaire des Landes, recrute des volontaires pour constituer une petite communauté dans une ville naissante située à une quarantaine de kilomètres de San Antonio. Parmi les 700 aventuriers qu’il parvient à convaincre, une large part d’entre eux parle l’alsacien.

Castroville est officiellement fondée le 1er septembre 1844.  A l’époque, l’éphémère République du Texas offre aux familles 640 acres (2,5 kilomètres carrés) de bonne terre et un lot pour construire une maison. Un "deal" difficile à refuser en ces temps-là.

A Castroville, les Alsaciens ont construit leurs églises, très ressemblantes à celles qu’ils avaient laissées derrière eux dans leur pays de naissance. Pendant longtemps, les maires de la ville étaient systématiquement dialectophones et dans ce pays où le football américain est roi, les joueurs de l’équipe de la ville se parlaient en alsacien jusque dans les années 1970 pour tromper l’adversaire. Les parties de cartes aussi se disputaient en alsacien. En 1975, 60% de la population de Castroville était d’origine alsacienne.

La tradition alsacienne a perduré pendant longtemps. Le logo officiel de la ville porte toujours la mention "Castroville, the little Alsace of Texas". Jusque dans les années 1950, on y parlait plus le dialecte que l'anglais. Justin Jungman, le dernier habitant de Castroville qui maîtrisait parfaitement l’alsacien s’est éteint en juin 2020 à l’âge de 81 ans.

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