Le président de la Région Normandie et du Port de Dieppe et le président du Département et du syndicat Transmanche, ont demandé à l’Etat "l’évacuation d’urgence" des migrants installés sur la zone portuaire de Dieppe. La préfecture a répondu rapidement
VIDEO : le reportage France 3 Normandie de Grégory Archiapati et Judikaëlle Rousseau avec les interviews de :- Sébastien Jumel, maire (PC) de Dieppe
- Nicolas Legrand, directeur de l'association "Itinérance Dieppe"
Passeurs et filières mafieuses
"Il faut évacuer d'urgence les migrants du domaine portuaire et solliciter le concours des forces de l'ordre pour mener à bien cette expulsion" : la déclaration d'Hervé Morin, président de région Normandie, mais aussi président du syndicat mixte du port de Dieppe, a beaucoup fait réagir ce vendredi (25 mars). A commencer par le maire de Dieppe, Sébastien Jumel, qui face à l'augmentation du nombre de migrants dans sa commune, partage l'idée d'une "évacuation" à, la différence près que, selon lui, il y a parmi les personnes qui fuient la guerre et qu'il faut aider. En revanche il réclame de la fermeté contre les filières mafieuses et notamment la filière albanaise : "les Albanais n'ont pas vocation à passer par Dieppe, ni à rester à Dieppe".Ce vendredi, en début d'après midi, en réponse à l'annonce d'Hervé Morin, la préfecture de Seine-Maritime a publié un communiqué (à lire en bas de cette page) dans lequel il est précisé que "l’action des services de l’État n’a pas vocation à se substituer aux mesures de sécurisation qu’il appartient à l’exploitant du Transmanche et au syndicat mixte du port de Dieppe de mettre en œuvre pour garantir l’intégrité de la zone d’accès restreint et celle du domaine public portuaire, conformément aux obligations réglementaires".
"Pour que Dieppe ne devienne pas le Calais normand"
A la suite d’une visite commune des équipements qui sont gérés par le Syndicat Mixte du Port de Dieppe contrôlé par la Région Normandie, MM. Morin et Martin disent avoir constaté une augmentation du nombre de migrants à proximité du terminal transmanche. "Le développement du port de Dieppe impose un environnement sécurisé. Ce développement est incompatible avec la présence de migrants dont les conditions de vie, dans des logements de fortune, sont par ailleurs intolérables", peut-on lire dans un communiqué des deux présidents.Ils ont demandé ce jeudi 24 mars que "l’Etat prenne ses responsabilités pour que Dieppe ne devienne pas le Calais normand".
La situation des migrants à Dieppe
Ils seraient une centaine de migrants actuellement à Dieppe . Certains d'entre eux ont trouvé refuge dans des gobes (petites grottes dans la falaise). Parmi eux, une dizaine de mineurs. Certains sont blessés ou malades.L'association Itinérance Dieppe les accueille, leur apporte une écoute et une tente de leur apporter une aide logistique.
Récemment une délégation de Médecins du Monde est venu visiter les 7 campements de fortune installés autour du terminal Transmanche. Le constat est lourd : les migrants vivent dans des conditions difficiles : pas de toilettes, pas de douches, pas de points d'eau, pas de poubelles ... La situation est comparable à celle de Calais : rien n'est fait pour accueillir les personnes dans des conditions dignes.
Les associations humanitaires réclament des structures en dur pour accueillir décemment les réfugiés.
Le regard des Dieppois sur cette situation est partagé même si tous regrettent cette situation.
VIDEO : le reportage de Béatrice Rabelle, Judikaelle Rousseau, Bruno Delande (son) et Carole Lebret (montage)
- Nicolas Legrand, président association d'Itinérance Dieppe
- Anne-Sophie Marie, coordinatrice régionale de Médecins du Monde
- Christian Cartier, délégué régional de Médecins du Monde
- Nicolas Langlois, premier adjoint mairie de Dieppe
- Moncef Mostafi, vice-président Point Humanitaire 76
Le communiqué de la préfecture de Seine-Maritime :
La sécurité du Transmanche fait l’objet d’un suivi attentif de la part des services de l’État, et notamment des forces de sécurité, en liaison étroite avec l’autorité judiciaire, qui sont pleinement mobilisés sur le sujet.
C’est ainsi qu’en 2015, 178 ressortissants étrangers, notamment albanais, ont été interpellés en zone d’accès restreint et ont fait l’objet d’une mesure d’éloignement conduisant à
168 placements en centre de rétention administrative et 146 reconduites effectives dans le pays d’origine.
Pour les trois premiers mois de l’année 2016, 48 procédures ont été diligentées donnant lieu à 41 reconduites effectives.
En outre, un certain nombre de passeurs ont également été poursuivis et condamnés à des peines d’emprisonnement.
Face à un accroissement constaté de la pression migratoire sur le port de Dieppe, l’État a adapté son dispositif en délégant des renforts et une présence renforcée.
Cependant la sécurité du port de Dieppe est l’affaire de tous les acteurs concernés, et au premier chef, celle du gestionnaire du port et celle de l’exploitant du lien Transmanche, à qui le code des ports maritimes et le code des transports en confient la mission.
Pour autant, l’action des services de l’État n’a pas vocation à se substituer aux mesures de sécurisation qu’il appartient à l’exploitant du Transmanche et au syndicat mixte du port de Dieppe de mettre en oeuvre pour garantir l’intégrité de la zone d’accès restreint et celle du domaine public portuaire, conformément aux obligations réglementaires.
Il relève, en effet, de la responsabilité du syndicat mixte du Port d’assurer la conservation du domaine public dont la propriété lui a été transférée en 2007, qui comprend notamment les espaces situés en pied de falaise au droit du terminal Transmanche. À ce titre, c’est au président du syndicat mixte, seul compétent en la matière, qu’il appartient d’engager les procédures judiciaires propres à faire cesser une occupation illicite des lieux.
L’État continuera pour sa part à assumer toutes ses responsabilités, aux côtés des autres opérateurs, comme il l’a fait jusqu’à présent.