Les conséquences de l’inflation n’épargnent pas les étudiants. Prix des loyers et des produits alimentaires qui explosent, dégradations de leurs conditions de vie, une étude de la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) démontre qu’étudier est aujourd'hui, un vrai parcours du combattant.
Les années étudiantes synonymes autrefois de fêtes et d’insouciance sont devenues pour une partie de la jeunesse une période de précarité. Avec l’inflation, payer son loyer, faire ses courses, gérer son budget tout en suivant ses cours, est devenu un véritable casse-tête. Pire : 19% des étudiants ne mangent pas à leur faim et sautent plus de trois repas par semaine selon une étude du premier syndicat des étudiants la FAGE mené sur le dernier trimestre 2023. Un constat plus marqué chez les jeunes boursiers. Même s’ils bénéficient du tarif à 1 euro dans les Restaurants Universitaire (RU), ils se retrouvent confrontés à leur manque d’accessibilité. Plus de 70% des RU sont fermés le soir et 85% le week-end. Quant aux non-boursiers, ils doivent débourser 3,30 euros à chaque repas. Tarifs trop élevés pour près de 20% d’entre eux qui ne peuvent pas se permettre d’y manger.
Conséquence, les associations d'aide alimentaires croulent sous les demandes. "La précarité étudiante augmente, donc la demande de dons alimentaires explose", alertait en décembre Brice Benazzouz, responsable d'activités Linkee Lille. "Avant la rentrée, on avait 300 étudiants par semaine, une fois par semaine. Là, on fait deux distributions par semaine et on reçoit 500 étudiants à chaque fois. C'est toujours complet."
173 430 logements CROUS pour 3 millions d'étudiants
L’étude alerte aussi sur le logement. Avec une augmentation de 9% des loyers à la rentrée 2023, se loger devient le premier poste de dépense. Selon la FAGE, moins de 6% peuvent bénéficier d’un logement CROUS à cause du manque de constructions. Le parc ne compte que 173 430 places pour près de 3 millions d'étudiants. Les recalés sont contraints de se reporter dans le secteur privé. Chaque rentrée, trouver un toit près de son lieu d’étude et à des prix attractifs se transforme en parcours d’obstacles. Les appartements les plus proches des universités sont souvent très demandés et affichent les prix plus élevés. Presque 40% de ces étudiants souhaiteraient avoir accès à un logement Crous.
Pourtant, dans certaines résidences, l’état des bâtiments serait proche de l’insalubrité. Dans la consultation de la Fage, les témoignages affluent « manque de place, invasion de cafards, chauffages dysfonctionnels », se plaint un étudiant de Lille. Dans une résidence d’Amiens, un autre dénonce « la saleté du sol et des murs, les moisissures, et des déchets alimentaires sous le lit ».
Dans ce contexte, 41% des étudiants sont dans l’obligation de trouver un emploi à temps partiel pour financer une partie ou la totalité de leurs études. Et parmi eux, 35% travaillent plus de 12 heures par semaine. L’étude de la Farge précise qu'« au-delà de 12h par semaine, on considère que le salariat met en péril la réussite académique. C’est donc près de la moitié des étudiants qui se salarient, faisant de la précarité, le premier facteur d’échec académique ! »